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Le potager urbain collectif prend racine

17 octobre 2012

 

Lors de son lancement au mois d'avril, le projet de potager urbain collectif, à la cité de l'Ill, a eu du mal à séduire. Il n'y avait pas de volontaires. Six mois plus tard, quatorze néo-jardiniers vont conclure un bail de location pour leur parcelle.

Derrière la rue de la Magel, quatorze habitants de la cité de l'Ill louent une parcelle de potager et délimitent leurs cultures avec des planches de bois ou, plus original, avec un montant de lit. (Crédits : E.J/Cuej)

Après une période d'essai de six mois, les jardiniers de la cité de l'Ill vont enfin pouvoir signer le bail de location de la parcelle qu'ils cultivent, dans le premier potager urbain collectif (PUC) de Strasbourg. Seuls les habitants de la cité peuvent planter choux, tomates et concombres sur la surface de 1 000 m2 accordée par la mairie et baptisée l'île aux jardins. Si la greffe a mis du temps à prendre au début - il a fallu faire du porte-à-porte pour expliquer le projet - les 14 parcelles du potager sont aujourd'hui occupées.

« Le potager urbain collectif, c'est quelque chose de nouveau, on attendait de voir si ça allait marcher. II a fallu trouver plus de souplesse dans la gestion », assure Joëlle Quintin, chargé de mission jardins à ECO-conseil, une association de promotion et de conseil de l'environnement auprès des institutions publiques. Depuis le début de l'année, l'association accompagne les habitants. Ce mois-ci, elle cède la main aux services des jardins familiaux de la ville.

Un climat chaleureux

Corinne, 42 ans, va procéder à la signature du bail, « pour un an au moins ». Elle a retrouvé avec plaisir la terre, qu'elle n'avait pas eu l'occasion de retourner depuis l'enfance. Habitante de la Robertsau depuis toujours, elle plantait des légumes avec ses parents dans leur jardin familial, situé derrière la rue de la Kimeck, à deux pas de son nouveau coin de verdure.

« J'ai l'impression d'avoir tout oublié de ce que m'avaient appris mes parents. Alors, pour m'y remettre, je glane des conseils dans les jardineries, sur internet et bien évidemment auprès de mes voisins de potagers », détaille-t-elle.

 

Corinne décrit une ambiance conviviale dans le potager « où on s'échange les tuteurs mais aussi les produits ». Elle vient de troquer des fraises contre le cerfeuil de sa voisine. En attendant que ses enfants « encore un peu récalcitrants » mettent la main à la patte, la citadine, se rend dans le jardin dès que son travail le lui permet.

 

Marie Hetzel, 23 ans, a commencé plus tardivement à cultiver son bout de potager, au mois de juillet. C'est aussi, pour elle, l'occasion de redécouvrir le jardinage.

 

 

Le potager, rien que le potager

Le potager urbain collectif n'est ni un jardin partagé, ni un jardin familial. « C'est entre les deux, confirme Serge Hygen, chargé de projets à ECO-conseil, les équipements sont collectifs et les parcelles plus petites, à la différence des jardins familiaux. Et nous ne voulons surtout pas que cela servent de jardins d'agrément.» Dans le règlement intérieur du PUC, il est d'ailleurs formellement interdit d'installer des jeux d'enfants ou d'avoir un coin de pelouse.

Et au contraire des jardins partagés, chacun possède une clé d'accès au potager grillagé. Et chaque jardinier plante les légumes et fruits qu'il veut sur son lopin de terre, de 20 à 50 m2. Celui-ci est d'ailleurs délimité par de sommaires planches de bois voire, plus original, par un montant de lit. Mais les parties communes (abri de jardin, matériel, allées) sont gérées par l'ensemble des jardiniers.  

Des réunions peuvent aussi s'organiser pour adresser à la ville des doléances. Principal point de désaccord ces derniers mois : le montant de la caution. La location d'un bout de potager coûte 15 €, pour un terrain entre 20 et 40 m2,  elle monte à 20 € pour 50 m2. La ville de Strasbourg exigeait aussi une caution d'un montant de 68 €. Trop cher pour ces apprentis jardiniers. Ils auraient souhaité débourser moins. Au fil des négociations, ils ont fini par obtenir gain de cause, la caution s'élève désormais à 30 €. Une somme qui correspond davantage au revenu moyen des habitants de la cité de l'Ill, compris entre 700 et 1 000 € par mois.

 

Emilie Jéhanno

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