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"Ca pédale à l'Escale": Premiers tours de roues

17 octobre 2012

Des vélhop pour une randonnée vélo contre l'obésité des jeunes de la cité de l'Ill. (Crédit : T.P/Cuej)

 

Mercredi 17 octobre, 13h55. Les portes du centre socio-culturel "l'Escale", en face de la cité de l'Ill, sont fermées. Personne dans les environs, et pas l'ombre d'un vélo. Bon, ça semble déjà assez clair, il n'y a pas foule au portillon. 14h05, une femme arrive -à pied- avec sa fille. Elle s'appelle Aïché, a 39 ans, dont 23 passés dans le quartier. Look de maman maghrébine, sobre et voilée, sourire au clair. Elle est là "pour la balade, pour apprendre à faire du vélo, pour pouvoir en faire avec (sa) fille sans avoir peur."

Notre guide arrive quelques secondes après: ce sera Anaïs, 21 ans. Dynamique et enjouée, son apparente motivation en prend un coup quand elle finit par remarquer que personne d'aue ne viendra: "Vous n'êtes que trois? Bon, ben on ne va pas attendre plus longtemps, on va aller chercher les vélos..." Moins on est de fous, plus c'est simple à gérer.

Dans une des caves de l'immeuble adjacent, les Vél'hop: prêtés par la Ville sont mis en sécurité. Anaïs en sort trois. Aïché le regarde et se marre: "Ouh là, il est lourd, j'ai pas l'habitude!". Elle enfourche la monture et s'élance maladroitement. Cinq minutes plus tard, elle confond le parking du bloc avec un vélodrome et enchaîne les tours, rire suraigu en guise de sonnette. Sa fille de 11 ans, Ferda, est plus calme: le vélo, elle connaît. Elle regarde sa mère avec un sourire amusé, avant de partir à sa suite.

Quelques voisines observent le manège, intriguées. L'une d'elles veut se joindre à la balade, mais finit par refuser, "pas le temps.." Une gamine au sourire gargantuesque, dont le passe-temps préféré semble être de foncer aveuglément sur les pistes cyclables en martyrisant sa sonnette, nous rejoint. Avec Anaïs en guide un brin perdue, nous voilà désormais quatre à partir pour l'inconnu. 

 

 

"C'est des vélos de ville, ils sont pas faits pour ça", se plaint Anaïs, quelques minutes après avoir quitté le bitume rassurant des rues. Le chemin, en bordure d'un des canaux de l'Ill, est aussi pittoresque que boueux, et les Vel'hop ont du mal à suivre. Devant, les enfants s'amusent, tombent -rarement- ou manquent de tomber -souvent-, tandis qu'Aïché découvre les plateaux de vitesse (" Forcément, si je commence en seconde, c'est plus compliqué...").Tant qu'on reste sur des pistes "grandes, larges, en bitume", Aïché maîtrise; pour le tout-terrain, c'est une autre histoire...et la Robertsau a ceci de particulier que campagne et zones urbaines s'entremêlent, parfois sans prévenir.

Au détour d'un chemin, on croise des chevaux; les deux collégiennes s'arrêtent net, les yeux écarquillés. On repart, en s'adaptant à l'allure zigzagante d'Aïché, et nous voilà bientôt au pied de la tour Schwab. Vingt minutes de vélo pour une boucle d'environ 700 mètres, une performance.

Aïché, mise en confiance par la largeur des pistes cyclables, propose alors de pousser notre exploration jusqu'au parc de l'Orangerie. La prise de risque est maximale, mais le groupe décide de tenter le coup. Tandis que nous longeons les quais de l'Ill en file indienne, le Parlement européen en guise d'étoile du Berger, Anaïs détaille l'idée derrière cette opération.


 

15h30, l'entrée de l'Orangerie est en vue. Aïché semble épuisée mais heureuse, Anaïs commence à regarder sa montre, les filles continuent de tracer leur route. Le soleil tape, et tout le monde a tombé la veste. Après une visite express de l'Orangerie, il est déjà l'heure de rentrer.

Aïché s'inquiète : "Pour le retour, on repassera par la route?" Anaïs la rassure, le retour se fera par une piste cyclable champêtre. Et maintenant? "C'est normal qu'il n'y ait pas beaucoup de monde pour une première, tempère l'organisatrice, mais on compte sur le bouche-à-oreille pour que ça fonctionne mieux la prochaine fois. Mais c'était marrant, non?". Elle sourit encore en enfourchant son Vél'hop. Ca l'était.

"Ca pédale à l'Escale", tous les troisième mercredis du mois, RDV à 14h au 40, rue de la Doller.
Contact: Anaïs au 03.88.31.45.00

 

Thibault Prévost

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