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La Robertsau et ses Robertsocialistes

17 octobre 2011

La participation à la primaire a été supérieure à celle du premier tour à la Robertsau. (Photo Cuej - Renaud Février)

Quartier chic de Strasbourg, la Robertsau est historiquement ancrée à droite. Nicolas Sarkozy y a enregistré son meilleur score dans l'agglomération strasbourgeoise à la présidentielle de 2007, tout comme le député de la majorité André Schneider aux législatives de la même année. Alors quand le  "peuple de gauche" est appelé à s'exprimer pour la primaire citoyenne, on s'attend forcément à une faible affluence. A tort?

Week-end de primaire à la Robertsau. Dans ce bastion de droite, des électeurs de gauche sont attendus. Pire, au premier tour ils ont été nombreux. Heureusement, samedi, quand la gente robertsauvienne fait son petit marché, certains sont là pour rappeler quelques "fondamentaux". Une dame, la soixantaine passée, décortique avec verve les ambitions socialistes.


Ouf, l'honneur est sauf. Le cliché aussi. Un peu plus loin, détachant la chaîne de son vélo, Aymeric se vit en résistant. Même son manteau est rouge. Quand on l'entend parler de cette primaire, il ne vibre pas. Son cœur est bien trop à gauche. Réaliste, il ne se fait plus trop d'illusions sur son voisinage.


Dimanche matin. La nuit a passé, les bureaux de votes ont ouvert et l'office religieux s'achève. L'église. Voilà le lieu où la droite robertsauvienne doit se retrouver non? Geneviève, bon chic bon genre, goûte peu au raccourci. Certes, personnellement elle ne vote pas, mais tout de même... Laisser croire que son quartier est de droite? C'est trop.


Un homme un peu plus en retrait, béret bien fixé, assume être partisan de l'autre bord. «Celui qui ne vote pas pour désigner un chef », glisse-t-il. Après avoir participé à l'eucharistie, il émet quelques réserves sur une participation plus citoyenne.


Les gens de droite décomplexés ne font plus l'effort de railler les inventions de la gauche. Au bras de sa femme, Jean 82 ans, est amusé par ce remue-ménage. Voix grave, il observe l'époque. Où va-t-elle? Ce n'est plus son problème. Mais comment va-t-elle? Jean nous livre son diagnostic.


Ce n'est donc pas à la sortie de l'Eglise que les passions se déchaîneront. Alors direction l'école de la Niederau. Depuis 9 heures, les deux bureaux de votes sont en action. Premier étonnement. Ni rabatteur, ni code secret. Non, des panneaux indiquent en grand le point de ralliement dominical des socialistes. Sans gêne. Pour un peu, ils seraient même fiers. Un homme de la trentaine, taquin, savoure.


A l'intérieur, pas de tension. Les «a voté » sont en nombre. On se croierait presque à l'époque de "Tonton". La surprise est partagée par beaucoup. Marie-Colette, retraitée et militante depuis 2004, n'en revient pas.


Dimanche soir, pour une fois, c'est un socialiste qui a remporté l'élection à la Robertsau. De quoi sortir le champagne et se laisser aller à une longue soirée. À défaut d'un grand soir.

Fabien Piégay

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