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Circuits-courts: un commerce gagnant-gagnant

21 octobre 2011

Depuis quelques années, les circuit-courts sont en vogue. L'objectif : favoriser les débouchés pour les agriculteurs locaux. Jacques Geistel, entrepreneur de 28 ans, a sauté le pas avec la ferme Vogt à Bischwiller.

En mars 2010, titulaire d'un BTS Force de Vente, Jacques Geistel monte son entreprise de livraison à domicile de panier de légumes et de fruits frais, issus de l'agriculture conventionnelle : le Petit Lucien.

Le déclic ? «Je suis tombé sur un tas de radis en putréfaction à la ferme Vogt à Bischwiller. Je suis allé demander au producteur pourquoi il les laissait comme ça. Il m'a répondu que le cours des prix des légumes était trop bas. Faire fonctionner ses machines lui coûtait trop cher», raconte Jacques Giestel. « Avec les circuits courts, il n'y a pas de perte de marchandises, puisque tout est commandé en avance », explique-t-il.

Olivier Vogt, le responsable de la ferme, devient son fournisseur. Cet agriculteur vend ses produits exclusivement grâce aux circuits courts par la vente directe dans sa ferme et par le biais des distributeurs locaux. Jacques Giestel commence ses premières livraisons à la Robertsau. Après un an et demi d'activité, il s'y est constitué une clientèle de 70 familles, qui lui permet de vivre. Tous les lundis il fait sa tournée dans le quartier. Nous l'avons suivi.

 

«Je pratique des prix moins élevés et j'ai moins de marge que les grands distributeurs», insiste Jacques Geistel. Après un comparatif de son panier à 10 euros dans les rayons du principal supermarché de la Robertsau, il n'a pas tort : cette semaine, les mêmes produits y coûtaient 12,45 euros. Les consommateurs s'y retrouvent donc, les producteurs aussi.

« Travailler avec la grande distribution est trop contraignant car ils exigent le conditionnement des produits, qui prend beaucoup de temps », explique Olivier Vogt. Sa production ne lui permet pas non plus d'assurer la livraison régulière de grandes quantités de produits. Selon lui, leurs prix d'achat sont trop bas : « On gagne 50% ou 60% de moins qu'en vente directe ». Avec le Petit Lucien, Olivier Vogt gagne donc 5 à 6 euros par panier. Jean-Pierre Andrès, l'un des derniers maraîchers de la Robertsau, confirme : « Pour un kilogramme de tomates vendu à 1,80 euros en vente directe dans ma ferme, une grande surface propose de me l'acheter à 40 centimes hors taxe.»

Mais ce système gagnant-gagnant a quelques inconvénients. «Les paniers sont trop copieux en hiver et les mêmes produits reviennent souvent d'une semaine à l'autre. Mes clients jettent donc certains produits. Il y a aussi beaucoup de légumes que les gens ne consomment plus trop, comme le radis noir. Ça me fait perdre de la clientèle», explique-t-il. Jacques Geistel compte donc adapter son panier au mode de consommation de ses clients. Pour cet hiver, il proposera, en plus des légumes, des pots de confitures, des œufs et du jus de pomme.

Leyla Doup Kaïgama et Anna Benjamin / Photos: Anna Benjamin

 

 

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