Vous êtes ici

Zones franches : de bons résultas masqués par la crise

19 octobre 2012

Les mesures ne manquent pas pour dynamiser l'économie dans les zones urbaines sensibles. Il y a quinze ans, la Ville mettait en place les zones franches urbaines. Depuis le plan de rénovation urbaine en 2004, une quarantaine d'entreprises se sont installées dans les deux zones lancées au Neuhof, créant près de 1000 emplois. Mais le nombre de chômeurs dans le quartier reste très élevé. Bilan.

Pour attirer les entreprises et créer de l'emploi dans le quartier du Neuhof, la Ville compte sur l'implantation des entreprises dans les  zones franches, des secteurs aménagés dans le cadre du plan de rénovation urbaine (entrée Nord, parc Védrines, Carrefour Reuss et parc de la Klebsau).

Depuis 2004, une quarantaine d'entrepreneurs s'y sont installés. La direction départementale du travail et de l'emploi et de la formation professionnelle recense 974 embauches, dont 498 pour des habitants des zones urbaines sensibles (ZUS) du Neuhof, de 2004 à 2011.

Le plan de rénovation urbaine prévoyait la création de 1000 emplois. « Nous les avons presque atteints. Et on ne désespère pas de les voir augmenter puisque de nouvelles entreprises viennent s'installer dans les zones franches urbaines », explique Julien Mattei, directeur du projet de rénovation urbaine du Neuhof.

Ce dispositif prévoit des exonérations de charges sociales patronales à condition que l'entrepreneur réserve un tiers de ses  recrutements aux résidents des zones urbaines sensibles de toute l'agglomération. Depuis  2011, la barre a été relevée à un salarié sur deux.

70 % des salariés venant du quartier recrutés

Lorsque Leclerc Express s'est installé l'allée Reuss, il y a cinq ans, environ 70 % du personnel recruté venait des ZUS du Neuhof, selon Raphaël Hefter, directeur du magasin. « C'était un plus d'avoir des gens du quartier. Il fallait leur montrer qu'il y avait du travail ici, qu'ils n'étaient pas mis de côté. Il y a une vraie dynamique. Mais la trop grande proximité entre les salariés et les clients n'était pas non plus facile à gérer. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est un commerce de proximité, qui fait vivre le quartier », communique le directeur du Leclerc.

Aujourd'hui, le taux est un peu plus bas, à cause de « mutations et de nombreux départs en congés maternité ». Raphaël Hefter annonce un taux d'employés résidents des ZUS redescendu à environ 40 %.

 

Un taux de chômage toujours élevé

« Tout n'est pas parfait. Nous sommes conscients que le taux de chômage est encore élevé », reconnaît Julien Mattei. Au 31 décembre 2004, on comptait 1320 demandeurs d'emploi en fin de mois (toutes catégories confondues), sur la zone urbaine sensible Neuhof-Cités contre 1487 en 2010 (source Insee).

Les entreprises disent rencontrer des difficultés pour trouver des profils qui correspondent exactement aux postes à pourvoir. Parfois une personne correspond bien au profil recherché, habite bien au Neuhof, mais pas dans la zone urbaine.

E. Jantzi est une entreprise familiale qui existe depuis 1923. Spécialisée dans la menuiserie et l’ébénisterie, elle compte 15 salariés et 5 apprentis. Elle a profité des avantages de la zone franche urbaine, au parc de la Klebsau en 2007, pour agrandir son espace de travail et diversifier ses activités.

 

 

Des répercussions peu visibles

L'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) prévoit des heures d'insertion dans les entreprises qui interviennent au Neuhof dans le cadre de la rénovation urbaine, comme les entreprises de BTP. Pour les demandeurs d'emploi des zones urbaines sensibles, ces heures peuvent servir de « porte d'entrée sur le marché du travail ». « C'est un moyen d'acquérir de l'expérience, explique Gilles Grausclaude, responsable du relais chantier. L'objectif est de créer des contrats à durée déterminée ou à durée indéterminée. Mais rien n'oblige les entreprises à embaucher. »

Depuis 2004, environ 200 000 heures d'insertion ont été réalisées dans le cadre de la convention ANRU. L'objectif fixé par l'agence est de 5 %. Au Neuhof, il a été triplé. Personne ne s'en réjouit pour autant. Les chiffres du chômage viennent assombrir le tableau.

Raphaël Badache et Adama Sissoko

Imprimer la page