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«Chacun me propose un autofinancement là, ce qui vous vient !»

16 octobre 2018

Un membre du "groupe Laos" manquait à l'appel vendredi soir, lors de la réunion de relance de leur projet humanitaire. Désormais, une réunion sera organisée chaque quinzaine.

Un membre du "groupe Laos" manquait à l'appel vendredi soir, lors de la réunion de relance de leur projet humanitaire. Désormais, une réunion sera organisée chaque quinzaine.

L’odeur du barbecue pénètre jusque dans salle de réunion du centre socioculturel (CSC) du Ziegelwasser. De quoi réveiller l’appétit — et titiller l'orgueil — des onze jeunes réunis afin de relancer le projet humanitaire de rénovation d’une école au Laos, basé sur l’autofinancement, qui bat de l’aile depuis plusieurs mois.

Dehors, l’ambiance est foot et détente : Fifa, le baby-foot et le ballon qui cogne le mur sont là pour en témoigner. L’initiative saucisses-merguez a été lancée par un autre petit groupe, avec en ligne de mire un voyage au Kenya, ponctué d’un safari. Ils s’y sont mis il y a peu et enchaînent les activités dans le seul but de financer leur séjour.

« Vous êtes onze. Comment autant de personnes peuvent faire moins que les six qui participent au projet safari au Kenya ? », interroge, un brin provocateur, Sithana Somphouchanh, animateur du centre. « Là, pour ce barbec’, ça a snappé de partout, barbecue vendredi soir, barbecue vendredi soir, ils n'ont pas arrêté ! » « Dans votre groupe, il y a un manque d’investissement de certains, ils le savent, il faut que tous s’y mettent ! », insiste-t-il. Les jeunes assis autour de la table, qui ont entre 16 et 21 ans, ne bronchent pas. Les quelques actions déjà organisées ont malgré tout permis de mettre de côté 3000 euros.

Après la remise en question viennent les idées pour récolter des fonds. « Chacun me propose un autofinancement là, comme ça, ce qui vous vient ! », lance Jamila Haddoum, responsable de l'espace jeunesse. Soirée mousse, soirée laser, ensachage, repas, tournoi futsal, soirée crêpes : chacun y va de son inspiration.

L’animatrice rappelle l’un des fondamentaux de l’autofinancement : « Il faut gagner plus que ce que l’on dépense. Une machine à mousse, par exemple, ça coûte 1000 euros à la location, ça veut dire qu’il faudrait beaucoup vendre pour compenser. Il vaut donc mieux quelque chose qui ne va rien nous coûter. » Son auditoire acquiesce. Pour motiver les troupes, le CSC prend les devants : « On va vous payer une soirée : un spectacle pour enfants à 1500 euros le 16 décembre que l’on va commander pour vous au gymnase, avec père Noël, décors et tout ce qu’il faut », lance-t-elle, enthousiaste. « Pourquoi des enfants ? Parce que ça fait venir du monde, et qu’ils vont consommer, ça marche à chaque fois ! »

Seule condition ? « Vous avez intérêt à assurer la com’, et à la fin vous récoltez les recettes de la partie alimentation. » Anas, veste de survêtement rouge sur les épaules, l’interroge : « Est-ce qu’il y aura le groupe Kenya aussi qui fera de l’autofinancement à Noël ? » « Non, non, eux ils vont en faire à Halloween. »

« Le train au Laos ? Wow ! »

« D’ailleurs vous allez les aider pour Halloween, vous allez travailler, et eux vous aideront aussi à Noël, c’est donnant-donnant, il n’y a pas de concurrence », précise Sithana. « Vous viendrez pour effrayer les gens, en évitant que les gens se pissent dessus, hein ! », s’amuse Jamila. « Oh! pas grave, ce sont les gens du Kenya qui nettoieront !», répond du tac au tac Ismaël. Fou rire général. « Il faut que vous veniez avec des idées ! », répètent sans arrêt les deux animateurs.

A l’heure d’aborder l’objectif final, le voyage, l’ambiance se détend. Côté financement, les animateurs énumèrent les aides sollicitées : la région Grand-Est, le département, les financements privés, les familles des participants et la cagnotte de crowdfunding Cotizup. « Elle est sur internet, il faut que vous la partagiez un max pour être visible ! » Côté programme, la donne a légèrement changé.

A l’origine, une semaine de travail humanitaire dans une école au Laos, puis une semaine de loisirs en Thaïlande étaient prévues. « On s’est rendu compte que le vol Francfort-Laos coûtait 1200 euros, tandis que le vole Francfort-Thaïlande était à 600, du coup on s’est dit qu’on pourrait inverser, et faire Thaïlande-Laos en train », détaille Sithana. « Le train au Laos ? Wow », plaisante Nawfel. Un autre enchaîne : « On va pas risquer nos vies pour 600 euros ! » L’auditoire apprécie. « Toi tu l’as fait quand t’y es allé ? », demande Anas à l’animateur, d’origine laotienne. Il acquiesce. « Ah bah! c’est bon alors ! »

Augustin Campos

En début de réunion, les encadrants n'hésitent pas à secouer les membres du "groupe Laos", pour mieux leur rappeler l'importance de l'implication de tous dans le projet.

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