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Le mal-être des nouveaux sédentaires

19 octobre 2012

Dans le quartier du Polygone, rebaptisé quartier des Musiciens, la petite musique qui berçait les gens du voyage a cessé. Les fausses notes dans la construction des logements commencent à irriter les habitants.

La rue des violonistes dans le quartier des Musiciens. (Photo CUEJ-G.L.)

Cela fait un peu plus de cinq mois que 50 familles de gens du voyage ont été relogées dans des maisons en dure dans le quartier des Musiciens, mais la colère monte chez certains d'entre eux avec l'impression "d'avoir été floués". Mi-septembre, une habitante du quartier avait dû être relogée suite à la présence de rats dans sa maison.

Aujourd'hui, plusieurs habitants se plaignent de malfaçons dans les habitations. "Je regrette d'être rentrée dans la maison, ils nous ont menti, s'emporte Estelle*, une mère de famille. Les maisons ont été mal faites et elles ne dureront pas longtemps. Mais de toute façon, ça ne sert à rien de protester, on est pas écouté." 

Carrelages descellés, fissures dans les murs, et peintures qui s'écaillent. Les habitants touchés par ces désagréments commencent à déchanter. Lors des fortes pluies de la semaine dernière, les terrains s'étaient transformés en marécage et l'eau rentrait dans certaines maisons, selon les habitants. Effectivement, trois jours après les terrains sont encore spongieux quand on marche sur le sol. S'il est difficile de savoir le nombre exact de logements qui connaissent ces mêmes problèmes, ils sont nombreux à se plaindre de l'état des maisons.

« C'est la maison des trois petits cochons »

Certains locataires sont moins catégoriques sur l'état des maisons, comme Antoine qui vit au numéro 28. "C'est vrai que les finitions ne sont pas bien faites notamment au niveau du carrelage. Mais les logements sont bien agencés et nos demandes ont été prises en compte." 

Sa voisine, Marie, qui vit dans une maison pour la première fois, ne décolère pas. "C'est la maison des trois petits cochons ! " 

La Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) reconnaît des problèmes liés à la construction, tout en minimisant l'importance du phénomène. "Oui il y a des fissures, mais des travaux sont en cours pour les résorber, confirme Guillaume Lisbig, attaché de presse à la CUS sur ce dossier. Ce sont des problèmes exceptionnels qui se cantonnent à quelques maisons, mais qui font beaucoup de bruit." 

"Dès qu'il y a des caméras ou des appareils photos, ils en profitent pour faire état de ces problèmes, poursuit-il sans détour. C'est quelque chose d'humain, mais la réalité est parfois différente."

Des aléas de chantier

La société Domial, le constructeur des logements, admet des soucis sur le carrelage mais explique ne pas être au courant d'autres problèmes. Impossible d'obtenir des chiffres précis sur le nombre de maisons touchées. "Il n'y a aucune infiltration d'eau. Ces incidents font partie des aléas des chantiers. L'ensemble de la population est satisfaite de ces pavillons", explique Grégory Leloup, chargé de la communication.

L'incompréhension grandit chez les gens du voyage et la sédentarisation est vue comme une punition pour certains. "Je ne comprends pas pourquoi ils veulent faire de nous des sédentaires à tout prix", se lamente Estèlle.

Geoffrey Livolsi

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