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Ringo rêve d'Amérique

25 septembre 2014

Personnage central d'un documentaire sorti cet été et consacré aux gens du voyage, Ringo, figure incontournable du Polygone, rêve désormais de passer derrière la caméra. A 47 ans, Jean-Claude Weiss, selon l'état civil, veut tourner aux Etats-Unis un film documentaire confrontant les modes de vie des tziganes américains et des Amérindiens.

 

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Jean-Claude Weiss, dit «Ringo». Photo: CUEJ - Manuel Fritsch

Une intervention à Harvard ou des rencontres avec les Indiens américains, Ringo a déjà tout planifié. Cette figure du Polygone s'est trouvée cet été au centre du deuxième film que Jean-Marie Fawer a consacré aux gens du voyage sédentarisés au Neuhof. A 47 ans, Jean-Claude Weiss, dit Ringo veut maintenant passer de l'autre côté de la caméra. Son idée: interroger et rapprocher les modes de vie des tribus amérindiennes et des tziganes américains. « Le voyage, les chevaux, les histoires et la musique au coin du feu: les Indiens sont à 80% comme nous manouches », explique-t-il. Des voyageurs dans l'âme.

Arrivé au Polygone à l’âge de 5 ans, Ringo et sa famille étaient loin d’être sédentarisés. « On a fait Strasbourg-Lourdes chaque année. Mais tout tranquillement en passant par Perpignan, par Nice ou par Marseille », se souvient-il. Le Polygone était un lieu de rencontres. Peu à peu, les gens ont décidé d’y rester. La famille de Ringo a été une des premières à s’arrêter sur le terrain, « sans jamais cesser le voyage », souligne Ringo. «  Si on veut partir, personne ne pourra nous en empêcher », assure-t-il.

Dans sa communauté, Ringo est à cheval entre deux générations. Son grand-père a encore connu le périple en roulotte, ses parents ont commencé à se sédentariser. Lui a connu les deux : la caravane et la maison, le français aussi bien que le manouche. « Les jeunes partent. Ils ne veulent plus parler la langue de nos ancêtres. Mais à un certain âge, ils reviennent et ils remarquent, qu’ils ne connaissent plus la langue, qu’ils ont perdu les liens à leur culture », se plaint Ringo. Il voudrait  ouvrir une école pour leur apprendre le manouche, pour transmettre les valeurs, qu’il estime en danger de disparition.

Une fois son documentaire bouclé, cet infatigable paraplégique, rêve « de faire la route 66 en chaise roulante ». Pour le moment, il cherche encore des sponsors, mais s’il veut partir, personne ne pourra l’en empêcher…

Manuel Fritsch

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