Vous êtes ici

Studiobjet veut dénicher les entrepreneuses de demain

24 septembre 2015

LEGENDE

Donner l'envie et les moyens aux femmes du quartier de créer leur activité : c'est l'objectif de Studiobjet. Cet incubateur à projets leur propose depuis la mi-septembre des ateliers d'apprentissage, autour de la couture, du bois, ou encore du métal.

Depuis le 14 septembre, Studiobjet, incubateur à projets implanté au Neuhof, fait un nouveau pari. Celui d’aller chercher des femmes, le plus souvent issues de l’immigration, et de faire naître en elles une fibre entrepreneuriale.  Ainsi, jusqu’au 18 décembre, dix groupes de dix femmes vont profiter du dispositif techniques et matières nouvelles pour les femmes, proposé gratuitement. Après une découverte des techniques de couture,  les semaines suivantes seront consacrées à d’autres matières comme le bois ou le métal.

Une initiative qui repose sur deux constats. « Traditionnellement dans nos statistiques on avait, parmi les gens qui venaient en tant que postulants à la création d’entreprise, un ratio de 40 % de femmes et 60 % d’hommes. L’an dernier, le pourcentage des femmes est tombé à 18 % sans que l’on ait d’explication. On s’est alors dit que nous allions relever le défi et que nous allions mettre des actions spécifiques en direction du public féminin », explique Henry Beillet, le gérant de cet incubateur technique implanté à l'arrière du campus de l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). Un public féminin qui « s’autocensure » selon Anouk Terrier, chef de projet. « Même si elles étaient d’excellentes couturières dans leurs pays, elles vont souvent se contenter ici de faire de la retouche ».

Retraitées fan de couture et quadra sortie d'un burn-out

Ce mercredi matin, elles sont sept à s’affairer autour des machines à coudre. Se déplacant de poste en poste, Bada Aguilar, la formatrice, multiplie les conseils, les retouches. Cette semaine, elles travaillent sur des bâches de récupération, initialement utilisées à des fins publicitaires par les villes de la CUS, afin de les transformer en sacs à main et autres accessoires pour vélos. Parmi elles, deux retraitées passionnées de couture, Cécilia et Rosa, et Caroline* une ancienne cadre sortant tout juste d’un burn-out, venue parce qu'elle n'a pas droit aux formations Pôle emploi. Pas vraiment les profils de futurs entrepreneurs. Une diversité des profils qu’assument les responsables. « On sait qu’elles ne vont pas toutes créer leur activité en sortant, concède Anouk Terrier. Quant aux retraitées, elles peuvent devenir des portes paroles dans les familles et dans le quartier, et donner des idées aux autres. » L’objectif est donc surtout de mettre en place une dynamique. « On peut aussi faire découvrir d’autres matières, donner des idées. En plus, on est à l’AFPA, elles peuvent avoir envie de bénéficier d’autres formations », conclut Henry Beillet, qui pense déjà à élargir et améliorer le dispositif. « Courant décembre, une mission parallèle se mettra en place. Une plateforme “Techstyle“. L’idée est de monter un outil matériel commun autour duquel rassembler des couturières isolées, créer une sorte de coopérative.»

Parmi les trente projets passés par l’incubateur, filière de Starthop, société de conseil en création d’entreprise implantée dans le Neuhof, neuf se sont concrétisés.

*Le prénom a été modifié à sa demande.

Bada Aguilar, la formatrice, raconte son parcours.

 

Audrey Altimare et Antoine Terrel

 

 

Imprimer la page