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La forêt mal aimée

06 octobre 2016

Sale, mal fréquentée, la forêt du Neuhof est loin d'être plébiscitée par ses riverains. En réunion publique la semaine dernière ou à l'entrée des allées ce mercredi, les habitants listent les points négatifs de cet espace vert devenu réserve naturelle.

Des feuilles mortes recouvrent le sol et frémissent sous chaque pas. Malgré le vent, il fait beau ce mercredi après-midi. L'automne est là et l'harmonie semble régner dans la forêt du Neuhof. Une harmonie de façade : à la première personne rencontrée, les plaintes commencent. "J'habite juste à côté de la forêt. L'après-midi, on entend beaucoup les scooters et les quads qui empruntent les sentiers. Cela fait pas mal de bruit", explique Michèle, une retraitée du quartier. A quelques mètres de là, trois personnes âgées discutent sur un banc du parking du Coucou des Bois, connu et dénoncé notamment pour la présence régulière de prostituées.

Là encore, la forêt est perçue négativement : "Nous, dans la forêt, on n'y va pas. On sait que là-bas, il y a des trucs louches... des dealers ou des choses comme ça", confie Marceline en regardant l'entrée de la forêt avec une certaine crainte. Yvonne et Jean-Pierre, ses deux acolytes, confirment : "On n'y met jamais les pieds." 

Une défiance qui tranche avec le statut de réserve naturelle de la forêt et le souhait de la Ville de l'ouvrir davantage aux riverains.

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Crédit: Cuej/Nina Zeindlmeier et Donovan Thiebaud

Le bruit et la mauvaise fréquentation ne sont pas les seules critiques faites à ce carré de verdure au milieu du Neuhof. L'amoncellement de déchets est aussi souvent pointé du doigt. Tous les jours, Cathy promène son chien dans la forêt : "Aujourd'hui, c'est propre car le service de l'Eurométropole passe tous les lundis. Mais le week-end, beaucoup de personnes répandent leurs détritus dans la forêt et le paysage est tout autre." Elle ajoute : "Début septembre, des étudiants de l'Insa de Strasbourg sont venus nettoyer mais ce n'est pas suffisant, les détritus s'accumulent. Se balader le dimanche n'est plus agréable." Comme les autres riverains, Cathy souligne le problème des véhicules à moteur : "Les scooters, ils foncent, ils ne font pas attention aux promeneurs, c'est dangereux."

Jean-Claude traverse la forêt tous les jours. Ce cycliste habitué des lieux a une vision plus optimiste : "Je peux prendre trois chemins différents, ils sont dégagés. Les voies principales sont largement pratiquables. Avec mon vélo, je passe partout." Cela se sent, il aime sa forêt, mais après avoir rechaussé ses cale-pieds, il ne peut s'empêcher d'ajouter : "Les scooters, c'est vrai que c'est gênant...". 

Nina Zeindlmeier et Donovan Thiebaud

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