Vous êtes ici

Foyer départemental de l'enfance : des capacités d'accueil déconnectées de la réalité

17 octobre 2013

Le conseil général a commandé en 2012 un audit des structures de protection de l'enfance qu'il finance. Nous nous sommes procurés la version de travail de l'audit du foyer départemental de l'enfance (Neuhof-Stockfeld). Il pointe plusieurs dysfonctionnements, notamment liés au sureffectif d'enfants.

 


Les effectifs du foyer départemental de l'enfance fluctuent, et dépassent régulièrement les capacités théoriques de l'établissement.

En théorie, le foyer départemental de l'enfance peut accueillir 206 enfants et uniquement de façon temporaire. En théorie seulement. Car dans les faits, la structure a accueilli l'an dernier jusqu'à 260 enfants. Et ils sont nombreux à rester plusieurs années au foyer.

Selon un audit bouclé par le conseil général avant l'été, les capacités théoriques d'accueil du foyer, référence pour calculer le budget et identifier des sureffectifs, sont « déconnectées de la réalité ». Issues de l'histoire du foyer, qui n'a cessé de s'agrandir depuis sa création, elles ne sont pas estimées en fonction des ressources humaines existantes et des locaux. De la même façon, le département demande au foyer d'accueillir au-delà de ses capacités mais sans définir de façon précise cette « marge de tolérance ».

D'après le document, tous les services dépassent le nombre de places théoriques mais la « situation est particulièrement critique » pour certains groupes d'adolescents. « Avant la grève du mois de juin, nous avions envoyé des lettres ouvertes au CG parce qu'on avait jusqu'à vingt jeunes dans le système d'accueil des ados, on avait dû mettre des lits dans le couloir », raconte Cathia Weidner, membre du CHSCT.

Mieux répartir les enfants dans les structures

Si le sureffectif d'enfant est une difficulté structurelle du foyer, l'audit pointe les facteurs qui expliquent ce dépassement. La structure a augmenté le nombre de places depuis 2008 dans des services comme l'accueil de jour où il y a peu de rotation. Le foyer reçoit donc plus d'enfants, et ils restent plus longtemps. Selon l'audit, 50 % de l'activité du foyer se caractérise par des « durées d'accompagnement de plusieurs années ». « On est toujours empêtré pour réorienter les enfants », explique David Giop, représentant du personnel CFDT au FDE. Le foyer reçoit souvent des jeunes que le système n'arrive pas à placer. Et d'autres qui n'ont pas le profil adapté à ses missions. « Nous accueillons des adolescents qui ont des problèmes psychiatriques ou des handicaps et que nous ne sommes pas toujours aptes à encadrer », regrette Cathia Weidner.

Une situation qui a peu de chances de s'améliorer en période de disette budgétaire. Le foyer n'a pas encore connaissance du budget qui lui sera attribué pour l'année 2014. « [Mais] ce qu'on ressent très fort, c'est que le conseil général a d'autres priorités et que nous, on est la dernière roue du carrosse, déplore Cathia Weidner. Le personnel n'est pas serein. »

La directrice Virginie Girardot aurait confirmé aux syndicats que le Conseil général refuse un budget à 230 enfants. Plus optimiste, Pascale Jurdant-Pfeiffer, présidente du conseil de surveillance du foyer départemental de l'enfance, estime que le financement ne sera pas revu à la baisse. La protection de l'enfance fait partie des obligations du département, appuie la conseillère générale qui poursuit : « Mais c'est certain que nous sommes en période de restriction budgétaire. »

Saisis de la version de travail que nous avons pu consulter, les syndicats ont fait part de leurs observations à la collectivité. A terme, la version finale de l'audit doit servir à la rédaction du Schéma départemental de Protection de l'enfance. « L'objectif du département c'est justement d'obtenir une meilleure répartition de tous les enfants dans les différents établissements d'accueil », martèle Pascale Jurdant-Pfeiffer. Pas sûr que ce discours suffise à rassurer les syndicats, qui doivent revoir leur collectivité de tutelle en novembre. Ni la direction du foyer ni les services du conseil général n'ont retourné nos appels.

Claire Le Moine

 

L'audit souligne d'autres dysfonctionnements dans les activités du foyer, tels que la récurrence de comportements violents de certains enfants envers les éducateurs, et le sentiment des salariés du FDE de ne pas être entendus par le conseil général.

  • Des agressions répétées

Quand les salariés se sont mis en grève au mois de juin, ils exprimaient leur ras le bol face aux violences dont ils étaient l'objet dans les groupes d'adolescents et de pré-adolescents. Depuis, la direction a travaillé pour offrir les garanties d'un bon suivi après une agression. Le CHSCT a demandé l'intervention d'un expert, extérieur au conseil général, pour trouver des solutions à ces problèmes de comportement agressif dans ces deux groupes d'accueil. Il devrait commencer son audit très prochainement.

  • Les salariés ne se sentent pas écouter

L'audit évoque également les difficultés des salariés à trouver les bons interlocuteurs au conseil général et au service de protection de l'enfance. « On fait de notre mieux pour entretenir de bonnes relations. On les écoute pour savoir ce qui se passe sur le terrain, assure Pascale Jurdant-Pfeiffer. Je les admire, ils font un travail difficile. »

Imprimer la page