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Difracto : devenir un pro avec Django

15 octobre 2018

François Delamarre alias Difracto, en concert au Mudd à Strasbourg, le 12 octobre. Cuej / Camille Wong

Depuis septembre, l’artiste Difracto a intégré la pépinière musicale de l’espace Django-Reinhardt au Neuhof. Ce jeune talent de la scène électro bénéficie d’un accompagnement privilégié pour développer son réseau et sa musique. Rencontre.

 

Ce vendredi soir au Mudd, club strasbourgeois, François Delamarre, alias Difracto, met l’ambiance. Devant une cinquantaine de personnes, il enchaîne sons, rythmes et mouvements de danse. François fait depuis une dizaine d'années de la musique électronique, dans la lignée de Flume et de Fakear. La sortie de son premier EP a officiellement lancé Difracto l'an dernier.

Depuis septembre, le jeune homme de 27 ans a intégré la pépinière musicale de l’espace Django-Reinhardt au Neuhof. Au programme : accompagnement, conseils, critiques… « Dans tous les projets musicaux, il n'y a pas d'école qui t'explique comment développer ton projet, comment tout gérer. Il y a des choses qu'on peut trouver sur internet, mais avec la pépinière ce sont des professionnels de la musique qui te prennent en charge. Moi qui suis seul aux manettes de Difracto, c'est d'autant plus intéressant par rapport à des groupes », ajoute-t-il.

Difracto n’en est pas à son premier coup d’essai. Il y a deux ans, l’artiste avait déjà postulé à la pépinière, mais en raison d’un projet encore trop embryonnaire, sa candidature avait été refusée. Deux ans plus tard, un EP sorti et plusieurs dates de bookées, dont certaines dans des festivals, sa persévérance a payé.

Suivi à distance

« On a choisi Difracto pour son gros potentiel artistique, c'est un artiste avec de belles marges de progression, affirme Pierre Chaput, directeur de l’espace Django. C’est un musicien de talent, mais qui a encore besoin de bien diriger sa musique, afin qu’il soit à terme, totalement autonome. » Pour recruter ses trois talents annuels, la pépinière cherche des artistes avec déjà un début d’entourage professionnel (des développeurs, des communicants, des graphistes...) et qui sont surtout prêts à être suivis pendant un à deux ans.

A l’inverse d’un incubateur de startup, l’espace Django propose principalement un suivi à distance. Par e-mail ou par téléphone. Des sessions intensives sont organisées sur l’année : rencontre avec des professionnels, concert avec des retours critiques sur la musique, la scénographie, etc.

Prochaine étape pour Difracto : sortir un nouvel EP à la fin du printemps. Si la plupart des titres sont déjà dans la boîte, il reste encore à les sélectionner et à travailler sur toute la partie projet : trouver un graphiste, éventuellement un attaché de presse et faire du booking. François compte bien se servir du réseau de Django pour atteindre ses objectifs. « C’est 20% de musique, 80% de projet », précise-t-il. Musicalement, l’artiste a depuis longtemps trouvé son rythme. Il lui suffit d’avoir un ordinateur et un launchpad -principal instrument de musique électronique- pour créer.

« J’ai plein de studios. Ce café, ici, en est un. Je peux faire de la musique n'importe où, je peux me balader partout. En fonction de l'endroit t'as des inspirations qui te viennent, raconte le jeune homme. La plupart du temps, je suis dans mon home studio à la Meinau, mais parfois je me pose dans un parc et je fais du son. Dans les périodes de création, l'inspiration est tellement fragile et peu prévisible que parfois ce sont les stimuli extérieurs qui vont la déterminer. »

Milieu précaire

Mais pour le moment, difficile d’en vivre. L’artiste s'avoue précaire. A 80 euros minimum le concert, il est encore bien loin des vedettes de l’électro dont les cachets peuvent atteindre des sommes pharaoniques.

Ce soir-là, au Mudd, François ne touche pas grand-chose :  « Je fais ça pour des copains, du coup ce n’est pas forcément payé. Mais je le fais car c’est chouette de faire des concerts, et puis c’est à Strasbourg donc il n’y a pas de déplacement .» Jusqu’à la fin de l’année, l'artiste lève le pied sur les concerts pour se focaliser sur la création. Encore un cap à franchir. Après tout, Difracto vient de « diffraction », autrement dit, des ondes qui se transforment en franchissant un obstacle…

 

Camille Wong et Augustin Campos

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