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Quatre décennies au chevet du Neuhof

18 octobre 2017

Né en avril 1945, Georges Haller exerce encore la médecine générale au Neuhof. Installé en 1974 dans ce quartier, il ne l’a plus jamais quitté.

2500 généralistes âgés de plus de 70 ans exercent en France. Georges Haller, 72 ans, est l’un d’entre eux. « Le travail, l’activité, c’est bon pour moi », constate le Dr Haller. Il va même jusqu’à plaisanter: « Quand je vois mes amis, j’ai l’impression que la retraite, ça ne leur va pas très bien ». Certes, il a baissé le rythme par rapport à il y a quelques années, mais le Dr Haller a encore des journées bien remplies : de 9h à midi et de 18h à 20h au cabinet, le samedi matin également. L’après-midi, il fait des visites. 

20171018-VN p1019694.jpgLe Dr Haller à son bureau ce mardi 17 octobre. 

 

Un généraliste qui ne devait pas l’être

Pourtant, il n’aurait pas dû être généraliste. Alors interne à l’hôpital Stéphanie, il y rencontre sa première femme et se destine vers la spécialisation en orthopédie. A cette époque, il est logé, nourri et payé mais cela n’est pas suffisant pour subvenir aux besoins de son couple. Il décide donc de se tourner vers la médecine générale pour s’installer rapidement et servir de caution financière au futur cabinet de radiologie de sa femme.

Il n’a jamais regretté ce choix : « un chrétien accepte d’être placé là où Dieu l’a souhaité », affirme cet homme de foi. Une foi qui l’a guidé vers la médecine et l’aide du prochain. Protestant pratiquant, il va tous les dimanches au culte au temple mais à la Meinau car il veut « être discret ». Au temple du Neuhof, on l’interpellait souvent parce que connu dans le quartier.

20171018-VN p1019704.jpgLe cabinet du Dr Haller se situe rue de Richschoffer. 

 

Un homme d’engagements

Le docteur Haller est également un homme engagé. Pendant dix ans, il s’est investi dans l’association strasbourgeoise des urgences médicales (ASUM) dont il est même devenu président : «on travaillait en lien avec le SAMU qui nous confiait des missions, toujours à domicile ». Là où le SAMU ne pouvait pas forcément agir.

Dernièrement, Georges Haller s’est engagé dans la lutte contre le cancer du sein et particulièrement à Madagascar, d’où est originaire sa seconde femme. Sur place, il a vu une patiente «décéder d’un cancer du sein dans des conditions affligeantes ». «Un seul hôpital dans ce pays de 20 millions d’habitants est capable de soigner cette maladie», explique-t-il. Là-bas, son investissement a pris la forme d’une maison, «gérée par une copine» et qui sert d’escale aux familles de patients admis à l’hôpital. Elles y sont logées et nourries gratuitement. Il aimerait y faire avancer son projet de développer les dépistages non coûteux comme la palpation. Cependant, «la situation sociale s’est dégradée et c’est plus dangereux». Là-bas, on le considère comme un «vasa, un blanc, un gibier potentiel». Il ne veut pas donc y retourner.

S’il continue aujourd’hui à travailler au Neuhof, c’est aussi comme soutien de famille pour sa nouvelle femme, âgée de 28 ans, qui poursuit des études de stylisme à Paris. «Cela est très coûteux» mais «je fais une bonne action pour elle», affirme-t-il, sans remords. Il aimerait, cependant, trouver un «associé-successeur». Un successeur qui pourrait récupérer les 1500 patients le déclarant comme médecin traitant. Pour la retraite son idée en tête, c’est le Portugal, «on n’y paie pas d’impôts, c’est parfait». En effet, grâce à une convention fiscale signée entre la France et le Portugal, les pensions des retraités français du privé y sont exonérées d’impôts pendant dix ans. Un déménagement de plus de 1500 km pour ce médecin qui depuis près de 50 ans n’a connu que le Neuhof ou presque.

Victor Noiret

 
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