Vous êtes ici

Neudorf-Neuhof sous la pluie

13 octobre 2012

Une visite à vélo à la découverte de Neudorf et du Neuhof était organisée vendredi dans le cadre des Journée de l'architecture. Au programme : découvrir le quartier et discuter avec les acteurs locaux des principales questions d'urbanisme.

 

Ce vendredi matin, station Aristide Briand, une quinzaine de cyclistes se retrouvent sur le quai du Tram. Munis d'imperméables, ils s'apprêtent à découvrir les quartiers Neudorf et Neuhof sur deux roues. Vincent Leport, architecte retraité, propose depuis cinq ans ce type de visites à vélo. Au programme ce jour : la cité Ampère, le Polygone et le centre culturel Django Reinhardt. Le retraité est parvenu à mobiliser de nombreux officiels et techniciens pour présenter chaque station mais peu d'habitants ont répondu "présents". « La semaine dernière, à Colmar, ils étaient une centaine à participer à une visite similaire», regrette-t-il.

Tour de présentation avant le départ, les plupart des participant représente un organisme (association, institution...). Les habitants, eux, ont boudé l'évènement. Photos Cuej/L.K. et G.L.

 

A 9h30, le cortège se met en branle en direction de la cité Ampère. Un grand ensemble de onze immeubles blancs séparés par de grandes pelouses, au nord de l'aérodrome du Neuhof. Cette cité très enclavée fait office de vitrine pour le bailleur social Cus Habitat, dont le directeur technique est venu présenter l'opération de réhabilitation, réalisée entre 2010 et 2011. Le système de chauffage et d'isolation des quelque 500 logements que compte le grand ensemble y a été complètement rénové.

Les immeubles sont séparés par de grands espaces verts avec, en leur centre, le centre socio-culturel de la cité.

 

Sur le toit d'une des tours, on admire la vue et on se congratule. Les immeubles sont maintenant aux normes BBC (bâtiment basse consommation) et la hausse du loyer qu'ont entraînée les travaux est à peu près amortie par la diminution des charges. La qualité de vie s'améliore. Puis une question surgit du groupe : « Où sont les commerces ? ». À proximité, on ne compte qu'une poste et une pharmacie. Pour faire ses courses, autant être motorisé, aimer le vélo ou attendre le bus.

Le groupe repart en guettant le ciel menaçant. « Pour l'instant, ça se maintient ».

Au nord du Polygone, entre l'aérodrome et les terrains de la zone franche en constructions, les cités poussent.

 

Accolés à la jeune cité des Aviateurs, les nouveaux lotissements du Polygone doivent accueillir, à terme, les 150 ménages de gitans et tsiganes installés sur le terrain depuis des années dans des conditions insalubres. Sorte de boites allongées collées trois par trois, ces maisons colorées ont été pensées pour répondre aux demandes des habitants : de plain-pied pour la plupart, avec un espace pour garer une caravane. Mais la leçon d'urbanisme, cette fois-ci, tourne court, noyée par la pluie battante. Le groupe se réfugie dans les locaux de l'association Lupovino, qui accompagne les gens du voyage dans leur revendications pour l'amélioration de leur conditions de vie et leur intégration. Un chemin de croix pour la directrice de l'association, Marie Amalfitano : « Il faut réussir à intégrer le Polygone au quartier du Neuhof. Et le Neuhof à la ville. Mais le classement en zone de sécurité prioritaire risque de stigmatiser encore davantage le quartier. » En sortant, quelques visiteurs s'entretiennent avec un habitant. Son discours va à rebours des explications des représentants de la CUS et de Domial, le bailleur social en charge du projet. La question de la salubrité n'est pas encore réglée, les rats prolifèrent et les deux tiers des familles attendent encore un logement. La CUS, elle, demande du temps.

Devant le centre Django Reinhardt, une énigmatique boîte jaune.

 

Dernière étape : l'espace culturel Django Reinhardt pour le lancement du projet Muz' au Neuhof. Une cabane de chantier jaune trône devant la porte. Des panneaux informent de l'histoire du quartier et signalent les rendez-vous et événements organisés par le musée historique de la ville et les Ateliers urbains pour dialoguer avec les Neuhofois sur leur quartier. Une fois la présentation terminée, quelques personnes traînent pour continuer à parler de la ville. Dehors la pluie qui s'était calmée reprend de plus belle.

Robert Gloy et Lorraine Kihl

Imprimer la page