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Le torball, un sport qui n'a rien à voir

11 octobre 2012

On connaissait le football, le basket-ball, le handball et le volley-ball. Mais le torball... Chaque mardi, les membres de l'Association sportive des aveugles et amblyopes de Strasbourg (ASAAS) se retrouvent au Neuhof pour le pratiquer.

Il est 18 heures dans le gymnase Reuss. Deux équipes de trois joueurs alignés devant leur but se font face. Survêtements amples, masques de ski vissés au visage, parfois même équipés de genouillères, coudières et autres coquilles, ils sont répartis sur un terrain de 16 mètres sur 7. L'objectif : envoyer le ballon dans les cages adverses en étant tour à tour gardien de but puis attaquant.

Au premier coup d'oeil, difficile de saisir la subtilité du torball (prononcez « torballe »). Les joueurs tâtonnent, se lèvent, se mettent à genoux, s'allongent, plongent, et parfois se cognent. Pas de course folle au torball, pas de passe à dix, ni de ballon en profondeur : les joueurs, aveugles, jouent les yeux bandés.

Faute de vision, c'est l'ouïe qui guide les « torballeurs ». D'où la présence de grenailles de fer à l'intérieur du ballon. Seuls les coups de sifflet de l'entraîneur Jean Baumgartner brisent le silence, alors que des bénévoles – voyants – récupèrent les balles sorties des limites du terrain.

Le torball puise son origine dans la rééducation de soldats allemands devenus aveugles durant la Seconde Guerre mondiale. Il a gagné l'Alsace en 1976 grâce à l'Association sportive des aveugles et amblyopes de Strasbourg (ASAAS). A l'échelle nationale, ce sport compte 400 licenciés.

Alors que club occupait le deuxième échelon national la saison dernière, il est aujourd'hui en troisième division française. Une descente logique car l'ASAAS peine à attirer des aveugles, notamment les jeunes, et manque de bénévoles. Ce sont souvent les proches des joueurs qui permettent au torball de perdurer à Strasbourg, notamment en organisant les déplacements de ces pratiquants venus de toute la CUS.

La quinzaine de joueurs et bénévoles attend avec impatience le mois de juin, date à laquelle le club organisera les championnats de France de torball, à Soufflenheim.

Raphaël Badache, Lorraine Kihl

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