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Y a-t-il un interprète dans la salle?

19 octobre 2017

Comment assurer la communication entre les institutions et les migrants tout juste arrivés dans le pays? La ville de Kehl a mis en place un système d'interprètes bénévoles, co-financé par d'autres organisations de l'Ortenau. Samedi 14 octobre, une quinzaine d'habitants a participé au séminaire d'initiation pour rejoindre le groupe d'interprètes.

Anna Mioara Valentina vient de Roumanie. Elle fait partie de la quinzaine de personnes réunies à Villa RiWa, le centre social du quartier Kreuzmatt, à Kehl. Toutes ont des origines très différentes : allemande, roumaine, française, bulgare, syrienne et même pakistanaise. Hommes, femmes, jeunes et plus âgés, de tous milieux professionnels, se retrouvent pour une journée de formation plutôt intense.

Crédits photos: Franziska Gromann

" Des problèmes de communication dans leurs démarches administratives "

Deux intervenantes de la Croix Rouge de Fribourg animent ce samedi la formation des futurs interprètes sur la journée. "Quand nous avons commencé le projet en 2012, Kehl était la première ville de l'Ortenau à se lancer. Aujourd'hui, elle fait partie d'un réseau de plusieurs villes et villages qui mettent en oeuvre ce concept", explique Claudia Mündel, du service de travail social communautaire de la ville de Kehl. Edgar Berg, du service social de l'église protestante, qui a lancé le projet avec elle, ajoute : "Une grande partie des habitants de Kehl a des origines étrangères et rencontre parfois des problèmes de communication avec les services sociaux ou dans les démarches administratives. Nous avons remarqué que très souvent les enfants, qui apprennent la langue du pays d‘accueil plus rapidement que leurs parents, sont obligés de faire les interprètes. Nous voulions leur venir en aide."

En effet, ce rôle de médiateur fait peser une énorme responsabilité sur les épaules des enfants : si leur traduction se fait dans le cadre d'une démarche administrative avec des conséquences négatives pour la famille, ils culpabilisent. Parfois, ils servent de traducteur entre un médecin et un parent gravement malade ou lors de rendez-vous chez le banquier. D'où l'idée de faire appel à des tiers comme interprètes bénévoles.

Le but de cette formation d'une journée est d'abord de sensibiliser les bénévoles au fonctionnement de l'interprétation, de la communication et de leur propre rôle. Ils sont aussi invités à orienter les gens vers les cours de langue : les interprètes donnent aux étrangers les contacts de lieux où ils peuvent apprendre l'allemand. " Nous encourageons aussi nos bénévoles à savoir refuser une mission pour laquelle ils ne se sentent pas à l'aise - s'ils connaissent personnellement les gens concernés ou si le sujet, qui peut parfois toucher des histoires de violence et d'abus, leur paraît trop lourd ", dit Edgar Berg.

Après cette journée de sensibilisation essentiellement centrée sur la pratique, leurs coordonnées figurent dans une base de données en ligne, accessible aux institutions partenaires du service : écoles, services sociaux et municipaux et cabinets de médecins.

Pour assurer la confidentialité, les bénévoles signent un accord leur imposant le secret professionnel.

 

Le français, l'anglais et l'espagnol sont souvent utilisés comme langues intermédiaires, mais les interprètes bénévoles maîtrisent au total 29 langues différentes. Même si certaines restant peu demandées dans la région, comme le swahili.

 

Franziska Gromann et Léa Schneider

 

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