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La fin du « mur de la honte »

16 octobre 2013

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La façade de la copropriété de la rue Coulaux. (photo CUEJ / G.J.)

Le mur de l'immeuble du numéro 10 de la rue Coulaux, resté nu depuis la destruction de l'hôtel Ibis en octobre 2010, va enfin être rénové.

En début de semaine, des ouvriers ont monté un échaufaudage contre l'un des murs pignons d'un immeuble du 10, rue Coulaux, parfois sous une pluie battante. Cet échaufaudage préfigure les travaux de réfection d'une façade qui en avait bien besoin.

Les briques du mur en question étaient devenues apparentes après la démolition de l'hôtel Ibis, en ruine depuis l'automne 2010. Il avait été incendié pendant les émeutes qui ont éclaté en marge du sommet de l'Otan. Depuis cette date, six logements de cet immeuble en copropriété n'étaient séparés de l'extérieur que par une mince couche de briques de 5 centimètres de large, recouverte par des bâches.

« Heureux dénouement »

Cette situation provisoire, qui s'est éternisée, la faute à des combats judiciaires (voir la frise chronologique) est en passe d'être réglée. « Les travaux vont débuter la semaine prochaine », annonce René Hubsch, le président du conseil syndical de l'immeuble, qui se satisfait d'un « heureux dénouement ». Le ravalement de la façace inclut le changement des colonnes des eaux usées, le renforcement, l'isolation et le revêtement extérieur du mur.

Pour compenser les dégâts causés par les manifestants anti-Otan, la Communauté urbaine de Strasbourg prend en charge la moitié des frais liés à la réfection du mur, à part égale avec l'Agence nationale de l'habitat (Anah). D'après René Hubsch, la petite copropriété va payer 5 000 à 6 000 euros pour le renouvellement des colonnes. L'Anah règle également la moitié des frais liés au renouvellement des conduites des eaux.

« On est dégoûté du temps que ça a pris »

Badia Raihani et sa famille habitent derrière ce qu'ils nomment le « mur de la honte ». Il y a un an, ils ont rénové le mur du fond de leur salon pour améliorer l'isolation, de même que ceux de la salle de bain et d'une chambre. Cette mère de trois enfants évoque avec colère les ennuis qui sont arrivés du jour au lendemain, après la destruction de l'hôtel. Les courants d'air, le froid mais aussi une vigilance de tous les instants devant une séparation de 5 centimètres avec le vide. « On se sentait réellement en danger », explique-t-elle. Aujourd'hui, le sentiment que le mur arrive un peu tard domine. « On est dégoûté du temps que ça a pris, de la négligence dont on a été victime », déplore-t-elle.

Autre problème: les restrictions pour le bricolage. « On ne peut pas faire ce qu'on veut dans notre logement, je ne peux pas accrocher de boîtes de rangement au mur », déplore Badia Raihani, propriétaire de son logement. Un étage au-dessus, le même problème se pose dans l'appartement de son frère Khalil, en plein travaux. « Aucune entreprise ne veut toucher à ce mur, ils ont peur de le casser », confie-t-il l'air résigné devant sa salle de bain. Dans la chambre des enfants, il observe les effets de l'humidité sur la fibre de verre. « Quatre couches de peinture et ça sort... On est content que le mur soit refait », assure Khalil Raihani.

La rénovation pourrait s'achever au plus tard dans deux mois, ce qui devrait éviter aux habitants de passer un quatrième hiver dans des logements exposés au froid.

Guillaume Jacquot

Infographie CUEJ / Loïc Le Clerc

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