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Deux-Rives : "Eviter de faire des contresens"

14 octobre 2017

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Dans le cadre des journées de l'Architecture, une conférence a été donnée jeudi à la clinique Rhéna sur la philosophie du projet de la ZAC des Deux-Rives. Le paysagiste Benoît Barnoud, de l'agence d'urbanisme TER, est venu expliquer comment travailler sur un projet aussi important.

 

Les baies vitrées du septième étage de la clinique Rhéna donnent une vue imprenable sur les quartiers d'habitation flambant neuf, comme sur les immenses chantiers d'assainissement et de construction. Plus loin les friches, que les logements à construire sont censés remplacer, laissent à désirer. Dans le cadre des journées de l'architecture, Benoit Barnoud a donné à la clinique, jeudi, une conférence intitulée « Deux-Rives, cité Rhénane » dans le cadre des Journées Européennes de l'architecture. « Strasbourg est une ville qui attire énormément en France, et qui construit beaucoup, introduit le paysagiste de l'Agence TER, maître d’œuvre de la ZAC des Deux-Rives. On arrive à une phase critique, où s'ouvre un chantier de 5 000 logements ».

L'enjeu est délicat. Il s'agit de former une continuité citadine de deux kilomètres entre Kehl et les derniers espaces urbanisés au sud de Strasbourg, Rivetoile et Danube. L'aménagement de la ZAC des Deux-Rives se fera par étapes selon sept quartiers déjà délimités, mais l'agence d'urbanisme doit composer avec la difficile géographie du site et les axes de communications préexistants. « Entre le chemin de fer et le tram, on a un enchevêtrement assez compliqué, relatif à l'histoire du port » justifie Benoît Barnoud. Autre problématique, le trafic : « la route du petit Rhin sera doublée pour les camions qui desserviront le port Nord », ce qui ne rendra pas moins complexe le réseau routier du quartier qui ressemble déjà « à un grand sac de spaghetti incompréhensible ».

 

« Des quartiers le moins monofonctionnels possible »

 

Conformément à la philosophie d'aménagement actuel, les avant-projets privilégient la mixité des usages : « des espaces polyvalents, logements, restaurants, bars, lieux appropriables par les collectivités... Le politique nous donne une grille, et il faut que ce soit respecté. Dans la programmation du logement, il y a du logement social et du logement libre. » Mais comment concilier la vie interne du quartier et son intégration au reste de l'axe Deux-Rives, et au-delà, de la ville ? « On essaie de chercher des équilibres pour qu'ils soient le moins monofonctionnels possible : installer des gymnases ou des écoles là où c'est le plus utile. Mais nous devons assurer un dispositif suffisamment ouvert pour nous laisser surprendre, par les projets d'investisseurs, des commerçants, des habitants eux-mêmes... »

 

Représentations imagées à l'appui, on s'imagine déjà le quartier dans 20 ans mais il est illusoire de préjuger de la réussite du projet. « Notre boulot, c'est d'éviter de faire des contresens majeurs à 15, 30 ou 50 ans. Beaucoup de paysagistes américains estiment qu'ils pourront juger de leurs succès au moment de leur mort. »

 

Paul BOULBEN.

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