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J'ai tenté le loto-bingo

18 octobre 2018

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Photos: CUEJ/Martin Greenacre

Le centre socioculturel de la Montagne Verte a participé à la semaine bleue du 8 au 14 octobre en organisant un loto-bingo pour les personnes âgées du quartier. Moi, étudiante de 25 ans, j’y ai participé pour essayer de comprendre la fascination pour ce jeu.

 

J’arrive quelques minutes en avance, à 13h57, et paie mes deux euros pour particper. Une vingtaine de personnes attendent déjà sur plusieurs rangées de tables: que des femmes. Le seul homme dans la salle, c'est François, salarié du centre socioculturel de la Montagne Verte, qui organise cet après-midi.

 

Je choisis la rangée de gauche, beaucoup plus remplie. Mais avant que je puisse parler avec mes voisines, François nous distribue à chacune deux grilles pour doubler nos chances de gagner, et après l’explication des règles, c’est directement le silence. Dommage, moi qui comptais faire connaissance et discuter avec d’autres habitants du quartier... Sur une douce musique de jazz, les femmes fixent leurs cartons et attendent, le jeton dans la main, que l’ordinateur sorte le premier chiffre. Ça ne rigole pas: tout le monde est au taquet pour gagner l’un des prix que les commerçants du quartier ont sponsorisés.

 

Au premier chiffre annoncé par l'ordinateur, Jeanne, 86 ans, lâche un gros soupir parce qu’elle n’a pas le bon. Tout de suite, une femme de l’autre bout de la table fait « Schhhh ! ».  Visiblement, ici, on n’a pas le droit de parler, ni de soupirer.  Les femmes autour de moi ont l’air très concentrées et sérieuses, alors je me retiens et place sagement mes jetons sur mes cartons. Au début, j’ai presque une ligne pleine, mais bingo, Yvonne Bacogne, présidente du centre socioculturel, a plus de chance que moi. Et gagne une belle tasse avec son protège-mug en crochet multicolore, que François lui apporte.

 

Pendant les deux parties suivantes, je frôle plusieurs fois le bingo d'une case, mais il y a toujours quelqu’un qui me double. J’ai déjà abandonné tout espoir quand tombe enfin, ô joie, la récompense tant attendue à la troisième partie. A mon timide « bingo », François accourt, tout sourire. J’ai peur de m’être trompée avec les chiffres, mais ouf, c'est bon. Pour moi, sur une grande table avec tous les cadeaux, il choisit... un gel douche à la verveine, et du chocolat noir.

 

Mon objectif étant atteint, la dernière partie n’arrive plus aussi bien à capter toute mon attention. Autour de moi, l'horizon des joueuses s'est rétréci et elles restent focalisées sur leurs cartons. Elles semblent avoir peur de manquer le chiffre qui sort: mais pourquoi, puisqu'il s'affiche à l'écran et qu'on peut même vérifier les cinq derniers? J'en déduis qu'elles ont pour la plupart gardé l'habitude de la machine de loterie, du temps où l'animateur ne prononçait le chiffre qu'une seule fois.

 

C'est la pause « café-Kuchen »,  avec des gâteaux faits maison et offerts par les adhérents du centre -la tarte aux pommes est excellente. Après deux heures sans parler, j'en profite enfin pour parler avec mes voisines -c'est plus sympa que de jouer au loto. Il y a Jeanne, la dame qui soupirait tout à l’heure, Irmgard, 73 ans et trésorière du centre, et Eliane, 84 ans, qui donne des cours de français langue étrangère au centre socioculturel.  J'apprécie  cet échange avec des personnes d’une autre génération. En revanche, j'avoue que pour jouer, je préfère les interactions et la tactique, plutôt que de rester assise en attendant que les bons chiffres sortent.

 

Melina Lang

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