Classée “Quartier prioritaire de la ville ”, la Cité nucléaire fait depuis quinze ans l’objet de réhabilitations successives. Les autorités cherchent à améliorer les conditions de vie des résidents et l’attractivité du quartier. Une transformation profonde mais incomplète.
Mis en œuvre de 2005 à 2015, le Projet de rénovation urbaine (PRU) a concerné plusieurs Quartiers prioritaires de la ville (QPV) de l’Eurométropole de Strasbourg : le Neuhof, la Meinau, Hautepierre et Cronenbourg, les Hirondelles à Lingolsheim. Abondé à hauteur de 846,7 millions d’euros sur dix ans, auxquels s’ajoutent des fonds privés d’un montant de 650 millions d’euros, le plan visait une amélioration des conditions de vie des résidents.
Une enveloppe de 100 millions d’euros
Une vaste réhabilitation a été conduite à la Cité nucléaire. Bailleurs sociaux, Eurométropole et municipalité ont injecté près de 100 millions d’euros, dont ont bénéficié 7500 habitants. Le principal chantier concernait l’isolation des immeubles. Elle a été améliorée par l’ajout de dix centimètres de polystyrène sur l’extérieur des murs. Les façades ont été repeintes, pour donner une nouvelle allure aux bâtiments.
Des actions insuffisantes pour certains : “C’est bien de repeindre, mais ce n’est pas ça qu’il faut changer. Et les couleurs qu’ils ont mises, c’est pour Halloween mais pas le reste de l’année”, s’enflamme Angélique, résidant derrière les tours Kepler.
Vers plus de confort et de sécurité
Le chauffage a aussi été remis à neuf. Des répartiteurs ont été installés dans chaque logement. Ils permettent aux habitants d’avoir des factures individuelles à la hauteur de leur consommation et d’obtenir un éventuel remboursement en fin d’année. “Je suis contente de ne plus payer les factures des voisins”, indique Monique, militante de l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV). Elle a reçu un acquittement de près de 300 euros fin 2018.
Depuis les travaux, CUS Habitat distribue des flyers chaque mois pour sensibiliser les locataires sur les bonnes pratiques afin de baisser leur consommation. “Certaines personnes
Les 2000 logements de la cité nucléaire sont sortis de terre entre 1963 et 1972 © Achraf El Barhrassi et Leïna Magne
ouvraient les fenêtres en plein hiver et mettaient le chauffage à fond”, se souvient Monique.
Autre changement notable, des interphones avec caméra ont été installés dans les entrées des immeubles. Antonia, 60 ans, en est très satisfaite : “Il y a moins de violence et plus de sécurité.” Avant, les halls étaient en libre accès. Dorénavant, les habitants y accèdent grâce à leurs badges.
Des loyers en augmentation
En revanche, la réfection des escaliers irrite. Habitant la Cité nucléaire depuis 1973, Françoise est mécontente : “Ils ont refait les montées en colimaçon, ce n’est pas pratique pour moi, surtout quand je veux emmener mes courses.”
Revers de cette réhabilitation : les loyers ont augmenté de 15% hors charges selon Paul Strassel, coordinateur d’antenne d’Ophéa à Cronenbourg (ex-CUS Habitat). Pour Samir, natif de la Cité nucléaire, “les familles n’ayant plus les moyens sont parties dans d’autres quartiers comme Hautepierre”.
Le Projet de rénovation urbaine (PRU) 2005-2015
À Cronenbourg, la plus grosse partie de ces travaux a concerné l’habitat : 4 259 logements sociaux ont été réhabilités, 1 158 reconstruits dans le même quartier et 2 165 démolis.
Le Nouveau projet de rénovation urbaine (PNRU) 2015 -2025 :
La première phase du NPNRU, commencée en 2015, s’achèvera en 2020. La deuxième phase (2020-2025) concernera sept quartiers de Strasbourg, dont Cronenbourg. Une enveloppe d'1,3 milliard d’euros est allouée au projet, financé par l’État, les collectivités et l’ANRU. Au total, 52000 habitants seront touchés par le plan, soit 11 % des résidents de l’Eurométropole.
© Jeanne de Butler, Enzo Dubesset et Juliette Jonas
Achraf EL BARHRASSI et Leïna MAGNE