Originalité, qualité ou fidélité. Chaque commerçant adopte sa propre stratégie pour séduire sa clientèle. Avec plus ou moins de réussite.
Si la majorité des commerçants se situe dans le Vieux-Cronenbourg, certains font le choix de s'implanter dans le nord du quartier. © Justine Maurel
Michèle Olland gère la boulangerie familiale créée en 1935. © Eva Moysan
Michèle Olland : "La concurrence nous stimule"
Implantée depuis 1935 dans le Vieux-Cronenbourg, la boulangerie Olland fait office de leader commercial. "Quand la boulangerie Olland est fermée, c'est plus calme dans tout le quartier", analyse Fanny Mattia, gérante du magasin de fleurs Balsamine, voisin de la boulangerie.
Olland est une entreprise familiale. À ses débuts, seul le couple Olland y travaillait. Désormais, la boulangerie compte 25 employés. Son activité s'est diversifiée, et la boulangerie-pâtisserie propose un service traiteur et une chocolaterie.
Refaite à neuf en 2014, l'enseigne attire jusque dans les communes avoisinantes. C'est le cas de Gilbert, qui habite à Hangenbieten, à 12 km de là : "J'aime bien leur pain, la carte. Je viens à Cronenbourg juste pour eux." "J'habite route de Mittelhausbergen, mais je viens chez Olland par choix. Le pain est très bon comparé aux autres boulangeries proches de chez moi", explique Rosémery.
Si ce commerce connaît un tel succès, c'est notamment grâce aux innovations permanentes. "On essaye de faire évoluer la carte, par exemple en ce moment nous proposons des escargots salés", confie Michèle Olland.
Boostée par les avis positifs de ses clients fidèles, Olland a participé à différents concours et remporté plusieurs trophées, dont celui du meilleur accueil en 2018 délivré par la Chambre de commerce et d'industrie Alsace Eurométropole.
Cyrielle Thevenin, Alix Woesteland
Installé depuis avril 2019, le magasin Destock Bazar peine à trouver sa clientèle. © Myriam Mannhart
Zouhir Zammouri : écrasé par "le monstre Internet"
"Il faut rester optimiste", lance Zouhir Zammouri, 39 ans, gérant du magasin Destock Bazar, route de Mittelhausbergen. Chaussures, vêtements, équipements de cuisine… la boutique propose des produits variés à des prix réduits. L'intégration de ce commerçant, implanté depuis mars 2019 dans le quartier, a été difficile. "Ici, c'est chacun pour soi, bien qu’avec les autres commerçants nous ayons les mêmes problèmes", analyse-t-il. Après seulement quelques mois, Zouhir Zammouri pense déjà à déménager. La faute à un local trop petit pour développer l'activité sur le long terme et aux difficultés de stationnement dans la rue, qui découragent certains clients.
Zouhir Zammouri fustige aussi "le monstre Internet" qui selon lui "casse tout". Destock Bazar subit en effet la concurrence des grands groupes, qui vendent à prix réduits et en grande quantité sur Internet. "J'ai du mal à couvrir mes frais chaque mois et le problème c'est que si je vends plus cher, les gens n'achètent pas. Plus rien ne marche aujourd'hui à cause d'Internet, excepté peut-être la restauration", regrette-t-il. Pour s’en sortir, Zouhir Zammouri cherche à promouvoir son commerce via des annonces sur Facebook et Leboncoin, mais leur visibilité reste limitée. Dépité, il envisage désormais de changer de voie.
Cyrielle Thevenin, Alix Woesteland
David Kodat a succédé à son père en 2010 à la tête du salon de coiffure. © Justine Maurel
David Kodat, "le coiffeur des sportifs"
En 2001, le père de David Kodat rachète le salon d’un coiffeur en faillite, 103 route de Mittelhausbergen. Dès lors, David travaille aux côtés de son père. En 2010, il reprend l’entreprise familiale à son compte. Il dirige aujourd'hui deux salons qui emploient sept personnes, l’un à Cronenbourg et l’autre à Schitigheim.
David est surnommé "le coiffeur des sportifs". Franck Nkitilina, joueur de basket des New York Knicks en NBA, et Michael Cuisance, footballeur du Bayern Munich, tous deux originaires de Strasbourg, sont récemment passés entre ses mains. Youcel Atal, de l’OGC Nice, a aussi fait appel à ses services juste avant un match à la Meinau contre le Racing.
"J’ai commencé à coiffer certains joueurs du Racing club de Strasbourg en 2015 quand le club était en National. Au fur et à mesure des montées et des joueurs qui sont arrivés, cela m’a permis de me faire un nom", se rappelle David. Au-delà des sportifs, il coiffe rappeurs, producteurs et chanteurs. Pour communiquer, il utilise Instagram. Pour ses 15 000 abonnés, les stories ou photos sont quotidiennes.
David, qui s'est inspiré du coiffeur new-yorkais Mark Bustos, publie aussi des clichés de sans-abri en train d’être coiffés. À travers son association Les Compagnons de l’espoir, créée en 2017, il vient en aide aux plus démunis. Équipé de ses ciseaux, il parcourt les rues de Strasbourg les dimanches : "Mon but, c’est d’apporter un peu de bonheur dans la vie de ces personnes."
Thibault Nadal
Pour remplir les étals de son épicerie, Fuat Asan s'approvisionne auprès de plusieurs producteurs locaux. © Myriam Mannhart
Fuat Asan : la carte de la proximité
À 25 ans, Fuat Asan est responsable d’une des deux épiceries Asan Market, celle du nord de Cronenbourg. L’autre se situe à Schiltigheim. Son magasin a ouvert il y a un an et le chiffre d’affaires est au niveau de ses espérances. De bons résultats obtenus grâce à une clientèle fidèle : "99 % des gens qui viennent acheter ici sont des habitués, explique-t-il. Tous mes clients viennent du quartier, et plus particulièrement de la zone très proche autour du magasin." Il ne s’inquiète donc pas de la concurrence du Auchan-Simply Market situé à quelques rues, ou de l’Asia Market, également voisin. “C’est chacun dans son coin, reconnaît-il, je ne m’occupe pas des autres commerces."
Mais son épicerie se démarque des deux autres enseignes par son emplacement - elle est située au cœur d’un quartier résidentiel - et par un large choix de viandes, de fruits et de légumes. Son amplitude horaire est aussi très appréciée des clients : le magasin est ouvert douze heures par jour, sept jours sur sept.
Pour remplir les étals de l’épicerie et satisfaire au mieux ses clients, Fuat se fournit auprès d’une vingtaine de grossistes. "Sept ou huit sont des producteurs de la région, les autres viennent d’Allemagne ou d’Autriche", précise-t-il. Pour ce qui est des fruits et légumes, il s’approvisionne au Marché-Gare.
Justine Maurel et Eva Moysan