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Anciennement appelé « Cité du Voisinage », le Hohberg a su conserver à travers le temps son esprit de communauté. Construit entre 1962 et 1970, il abrite encore la première génération d’habitants. Avec plus d’un millier de logements sociaux souvent occupés par des familles d’origine immigrée, la cité fait partie d’un des deux quartiers prioritaires de Koenigshoffen. Malgré les dégradations et les tensions, des associations d’habitants se mobilisent. Brigitte Breuil et Alhamid Azzin nous racontent leur histoire de ces murs cinquantenaires.

 

Brigitte Breuil

 

Présidente de l’association des habitants du quartier de Koenigshoffen, Brigitte Breuil est une figure incontournable pour les résidents.

Son histoire avec le Hohberg commence en 1996, presque par hasard. Au cours d’une remise de prix, organisée par la ville de Strasbourg,  pour la décoration fleurie de sa maison, Lilianne Oehler, la responsable de l’époque, la convainc d’intégrer l’association des habitants du quartier. De fil en aiguille, elle devient présidente en 2004.

Toutes les semaines, Brigitte Breuil arpente les rues du Hohberg, scrute les immeubles et visite les appartements, en quête de solutions pour les locataires: "On essaie de régler les problèmes, mais ce n’est pas toujours facile."

En quatorze ans, elle est devenue une interlocutrice privilégiée pour les familles, tantôt conseillère, tantôt médiatrice ou policière de quartier. "Avant je jonglais avec deux téléphones, dit-elle. Maintenant, les habitants possèdent mon numéro de téléphone personnel." S’il lui arrive de râler quand le portable sonne à des heures tardives ou le week-end, elle se réjouit des remerciements et des fêtes de voisins réussies.

La sexagénaire en agace certains par sa détermination. Son engagement associatif peut s’apparenter à une forme d’intrusion dans la vie privée.

Au final, même si la présidente ne vit pas au Hohberg, un lien d’amitié et de confiance s’est créé avec la centaine de familles de la cité. "A chaque fois que je viens ici, mon mari me dit : ‘‘Qu’est-ce que tu vas encore faire au Hohberg ?” Mais c’est un quartier où il fait bon vivre, malgré toutes les choses négatives que l’on peut dire."

Clément Gauvin

 

Alhamid Azzin

 

Arrivé en France il y a près de cinquante ans, Alhamid Azzin, ancien ouvrier d’ArcelorMittal, a passé la majeure partie de sa vie au Hohberg.

Après un court passage à Marseille, il est venu avec sa famille s’installer dans le quartier en 1983. Les tours ont alors remplacé les casbahs et la pluie alsacienne le soleil marocain.

C’est ici aussi qu’il a décidé d’élever ses enfants avec sa femme. Ayant déménagé plusieurs fois dans différents immeubles de la cité, il connaît ses bâtiments par cœur. Ce septuagénaire se sent intimement attaché au Hohberg : "On a grandi ici, les enfants ont grandi ici. Même si maintenant je déménage ailleurs, il me restera toujours le souvenir du quartier, des gens qu’on connaît."

Habitant dans les logements sociaux de la cité, Alhamid Azzin est aujourd’hui fier que ses trois filles aient toutes pu s'acheter une maison dans la région. Quant à ses deux fils, c’est pour bientôt. Le dernier, âgé de 22 ans, habite encore le Hohberg.

Sa vie, il l’a aussi donnée à Solidarité culturelle, l’association de quartier qui s’appelait autrefois Solidarité culturelle maghrébine. Depuis ses débuts en tant que trésorier, il annote méticuleusement dans un petit carnet rouge toutes les recettes et les dépenses. Des fêtes aux carnavals, en passant par les tournois de foot et les grands rassemblements, Alhamid Azzin a contribué à créer une véritable ambiance de quartier.

Mais maintenant, ce n’est plus comme avant. Avec son ami Omar Ahaddaoui, autre membre historique de l’association, il déplore le manque d’investissement de la nouvelle génération et le peu de respect des jeunes pour le Hohberg. Qui va prendre la relève ? Alhamid Azzin l’ignore mais tant qu’il le pourra, il continuera à s’engager pour cette cité qu’il aime tant.

Orane Delépine

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