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Lieu de détente autant que d’activité, les bords du canal de la Bruche attirent chaque jour cyclistes, joggeurs et joggeuses, familles et fans du coin. Entre nature préservée et proximité urbaine, les usages s’y multiplient — et parfois s’entrechoquent.

Le pépiement des oiseaux accompagne le lever de soleil au bord du canal de la Bruche. La brume s’étend encore sur le terrain de football de Wolfisheim. À toute vitesse, des vélos défilent, ébouriffant au passage les personnes qui se promènent. “C’est une autoroute ici, matin et soir”, explique Thierry, un amoureux du coin, baskets aux pieds, regard au loin, le pas dynamique. Il a déménagé de Strasbourg pour rejoindre Wolfisheim et se rapprocher du canal. “La Bruche, c’est mon petit paradis”, confie-t-il, en saluant d’un signe de tête un cycliste. Quelques centaines de mètres plus loin, un petit pont laisse passer une route et coupe la piste cyclable. Ce carrefour urbain rompt soudainement la quiétude des berges. Le bruit des moteurs couvre les clapotis du canal.

Impossible de s’en rendre compte sans consulter une carte, perdue aux milieux des champs, la frontière entre la commune de Wolfisheim et d’Eckbolsheim se fait discrète, mais la voilà. Le bourdonnement d’un avion interrompt le grondement de l’eau qui s’écoule à travers l’écluse en pierre de taille. Cachée derrière des bosquets, se dresse la maison de l’éclusier, construite au XVIIIe siècle.

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Un sénior se balade sur la piste du canal de la Bruche profitant des paysages automnaux. © Jeanne Derieux - Le Magueresse

Un coin de nature choyé

De l’autre côté du canal, des chevaux broutent dans un champ. L’eau reflète les frondaisons orangées qui bordent la rive. La terre est jonchée de feuilles mortes, qui craquent sous la foulée des passants et des passantes. Cet environnement est précieux pour nombre de personnes familières du coin, comme les membres de l’association de pêche d’Eckbolsheim. Chaque week-end, ils sont une quinzaine à se réunir. “On est des pêcheurs, mais aussi des protecteurs de la nature, on est toujours là pour la protéger”, se félicite Philippe, le président de l’association, le pantalon plein de sciure. C’est aussi l’avis d’Irène, venue comme tous les mercredis avec son mari et ses petites-filles jouer dans le parc qui borde le canal : “Quand on s'est installé ici, il y a dix ans, c'était le printemps. J'ai découvert les poules d'eau qui faisaient leur nid au milieu du canal avec des branches. C'était magnifique.”

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Les cyclistes et les piétons circulent sur le bord du canal de la Bruche. © Jeanne Derieux - Le Magueresse

Le soleil au zénith surplombe le petit lac du parc naturel urbain de Niederholz. Des enfants, vêtus de gilets jaunes, courent, sautent et crient autour des tables de pique-nique. Un mercredi après-midi en plein air pour ces écoliers et écolières, en sortie avec leur centre aéré. “On vient tous les mercredis en fonction de la météo”, explique Justine, animatrice. Elle témoigne de son attachement au canal : “Je ressens de la nostalgie quand je viens ici. J’habite dans le coin depuis petite. Je faisais des sorties sur les bords du canal pour nourrir les canards, les ragondins…” Sur les berges, Samy, lycéen strasbourgeois, fait de la musculation sur les agrès. Il s’y rend tous les jours à la fin des cours, et en profite pour faire le trajet en footing : “C'est cool de courir sur les bords du canal. C'est pas comme courir sur la route avec plein de voitures. C’est le premier coin de nature depuis Strasbourg.”

Cette proximité avec la ville est très appréciée. “On est proche de Strasbourg, tout en se sentant loin de la ville. On voit la nature, les saisons défiler, les bébés ragondins naître”, témoigne Béatrice, habitante de Wolfisheim retraitée venue en balade avec son compagnon.

Difficile partage de la chaussée

Pourtant, dans ce havre de paix, un problème persiste : la cohabitation entre les personnes qui pédalent, celles qui courent, les enfants qui jouent… Pour Irina, jeune maman qui se promène quotidiennement avec sa fille en poussette, les vélos “sportifs” ne ralentissent pas assez, et lui font peur. Jacques, Lingolsheimois, n’est pas du même avis. Fervent cycliste, il déplore : “Les piétons sont mécontents parce qu’il y a des cyclistes. C’est quand même le comble étant donné que c'est une piste cyclable.” “Juste à l’instant, dans le noir, un monsieur est passé à côté de moi avec son chien. Il a fait un écart, c'était tout juste !”, s’exclame Hélène, qui emprunte la piste matin et soir pour rentrer à Lingolsheim, où elle réside. Les phares de vélos défilent en cette heure de pointe, perçant le brouillard qui commence à recouvrir à nouveau les bords de Bruche. Le calme reviendra d’ici peu.

Jeanne Derieux - Le Magueresse et Marion Guédot

 

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Points d’intérêt le long du canal de la Bruche. © Jeanne Derieux - Le Magueresse et Marion Guédot

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