Entre festival de jazz, écoles de musique et événements communaux, les deux villes proposent une vie musicale dynamique. Mais la hausse des tarifs d’inscription comme des tickets de concert refroidit une partie des habitants.

L’ensemble de jazz de l’école de musique d’Eckbolsheim répète des musiques de Noël. © Baptiste Domergue
Le fort Kléber est désert en ce mois de novembre. Entre les murs blancs et froids, un couloir met à l’honneur les photos souvenirs des dernières éditions du Wolfi Jazz. La vie y reprendra en juin prochain, lors des cinq jours d’effervescence du festival de musique. Cette année, les organisateurs espèrent faire mieux que les 9 000 spectateurs de l’édition 2025.
Le festival peine à attirer la population locale lors des concerts payants du soir. Elle a tendance à privilégier les représentations données le week-end du festival dans les douves du fort. “C’est gratuit et on peut y aller en famille, laisser les enfants courir autour du fort, faire d’autres activités comme du poney”, témoigne Isabelle, Strasbourgeoise du quartier de Koenigshoffen et habituée du festival.
Des notes à la portée de tous ?
La présidente de l'association Wolfi Jazz, Marie-Hélène Adrian, pointe la hausse des coûts d'organisation : “Les cachets des artistes ont énormément augmenté et les subventions des collectivités et des mécènes ont baissé […]
On est obligés d’augmenter le prix des billets pour s’en sortir.” Pour la prochaine édition, les tarifs risquent d’être aussi élevés que ceux de l’année dernière : entre 39€ et 49€ la soirée selon les concerts. Pour ne pas tomber dans le cliché de l’auditoire “CSP+ aux cheveux blancs”, le festival propose des tarifs réduits pour les 6-25 ans, les bénéficiaires du RSA et les chômeurs. La programmation éclectique contribue aussi à ne pas restreindre le public aux seules personnes amatrices de jazz, comme l’explique la présidente du festival : “On essaie de proposer aussi ce qu'on appelle des musiques du monde, comme le groupe d’afro-funk Cimafunk, qui font venir un autre public.”
D’autres initiatives visent à rendre la pratique musicale plus accessible. À Wolfisheim, l’école de musique et le Wolfi Jazz collaborent le temps d’une masterclass proposée aux instrumentistes confirmés. Cet événement résonne comme un “temps fort ouvert à tous les musiciens autonomes”, pour Rémi Psaume. Muriel Barrière, directrice de l’école de musique, insiste sur l’importance des rencontres entre élèves et artistes dans le cadre de cette formule : “Quand on est ado, on ne va pas forcément à des concerts de jazz. On ne connaît pas forcément les codes, les artistes, c’est super riche quand on échange avec eux.” Il reste à s’acquitter des 90 euros de participation pour ces deux jours de stage.
Les écoles ouvrent leurs portes
Dans les écoles de musique, on mise sur des tarifs préférentiels pour ouvrir la pratique des instruments au plus de personnes possible. À Eckbolsheim, les réductions pour les résidents profitent à 126 des 165 inscrits. Il existe également des tarifs différenciés pour les familles et les personnes non-imposables.
Ajouté à cela, la majorité des inscrits optent pour le paiement en trimestres proposé par l’école. Le directeur Thomas Ganzoinat regrette malgré tout les commentaires de certains élèves lors de leur réinscription : “C’est plus cher que l’année dernière !”

Sean McGinley, à droite, imprime une atmosphère détendue lors de son cours de jazz du jeudi soir, à l’école de musique d’Eckbolsheim. © Baptiste Domergue

Rémi Psaume, professeur de saxophone à l’école de musique de Wolfisheim, fait répéter ses élèves de l’ensemble de saxophone. © Colin Berson
Pas besoin de mettre les pieds dans les écoles de musique pour profiter de leur répertoire : “On s’adapte selon l'évènement. Pour la maison de retraite on privilégie la variété française, pour la Nuit de la lecture on joue des morceaux en lien avec la thématique et les 21 juin on organise même une fête de la musique pour les pitchounets”, rapporte la directrice de l’école de musique de Wolfisheim.
À Eckbolsheim, saxophonistes, pianistes, guitaristes et batteurs rêvent déjà de chocolat chaud et de bredele en rangeant leurs instruments à la fin du cours. Sean et ses élèves de l’ensemble de jazz seront fin prêts le 15 décembre prochain pour un immanquable rendez-vous dans la commune : le marché de Noël.
Colin Berson et Baptiste Domergue
Les pays d’origine des artistes étrangers s’étant produits sur la scène du Wolfi Jazz ces trois dernières années.
© Colin Berson et Baptiste Domergue