À Eckbolsheim, les particuliers se déplacent pour jeter leurs déchets en points d’apport volontaire. En mai 2025, l’Eurométropole de Strasbourg a voté : la poubelle jaune individuelle arrivera dans la ville en mars 2027.
Canettes, conserves, journaux… Munie de son cabas, Séverine Sommer jette consciencieusement ses déchets dans la benne jaune du cimetière d’Eckbolsheim. Habitante de la commune depuis quatre ans, elle se rend au lieu de collecte trois fois par mois. C’est l’un des sept points d’apport volontaire où les Eckbolsheimois peuvent déposer leur tri. “Je ne comprends pas trop, je trouvais ça tellement pratique à Schiltigheim d’avoir sa poubelle jaune”, s’indigne-t-elle. Cet éloignement l’oblige à avoir un cabas supplémentaire dans sa cuisine pour stocker les emballages.
“Tout le monde ne peut pas se déplacer”, avance de son côté Jean-Pierre. Garé au point de collecte rue de la Chênaie, il s’empresse d’enfiler son gant pour vider son bac avant de décamper, sans quoi son rendez-vous de kiné sera annulé. Promenant son chien dans le quartier du Bois Romain qu’elle sillonne depuis quarante ans, Isabelle Simon trie “dans la mesure du possible”. “Les cartons, je les mets dans la voiture quand j’ai prévu de passer devant [les bennes] mais les petits déchets comme les pots de yaourt, je les jette normalement”, confie la retraitée.

Séverine Sommer se rend trois fois par mois aux lieux de collecte pour trier ses déchets. © Emma Simon

Les sept points de collecte en apport volontaire d’Eckbolsheim. © Margaux Lamoulie et Emma Simon
Familière de ces tracas, la directrice des services techniques d’Eckbolsheim Virginie Muller rappelle que c’est l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) qui s’occupe des déchets et non la commune. Depuis 2005, toutes les villes de plus de 10 000 habitants de la métropole disposent de la collecte sélective en porte-à-porte, autrement dit, de la poubelle jaune individuelle. Mais dans les 26 communes moins peuplées, les particuliers doivent se rendre à des points de collecte pour faire leur tri.
Depuis 2024, des expérimentations ont été mises en place à Achenheim et Plobsheim en vue de déployer le bac de tri individuel : les poubelles bleues y sont ramassées une semaine sur deux, en alternance avec les jaunes. Selon des mesures comparatives de l’Eurométropole réalisées entre 2021 et 2025, la population de Plobsheim a réduit de 108 kg sa quantité d’ordures ménagères par an et par habitant.
“Les retours sont très positifs, donc on va continuer comme ça”, se réjouit Léonie Fritsch, directrice des services techniques d’Achenheim. Convaincue, l’EMS a voté le 23 mai 2025 en faveur de la généralisation de ce dispositif à l’ensemble du territoire avec pour échéance le 31 décembre 2027.
Le mardi à Wolfisheim
Aux manettes de ce déploiement, Didier Beck, chef de projet pour l’EMS. Pour choisir l’ordre d’arrivée des poubelles individuelles, son équipe s’est basée sur l’actuel jour de ramassage. Les communes desservies le lundi seront donc les premières concernées par le nouveau dispositif, à partir d’octobre 2026. Wolfisheim suivra avec le “secteur mardi” dès janvier 2027. Eckbolsheim, le mercredi, devra attendre mars 2027. Sept autres communes resteront encore à équiper.
Le projet a été échelonné en raison de son envergure. “100 000 habitants sont concernés, il faut de nouveaux camions, distribuer 40 000 bacs et complètement repenser les tournées”, détaille le chef d’orchestre. Un réaménagement coûteux : en plus des 4 millions d’euros d’installation, ce dispositif exigera 1 million d’euros de frais de gestion supplémentaires par an. Si l’EMS compte sur l’aide de Citéo, une entreprise partenaire spécialisée dans le recyclage, ces coûts seront aussi compensés par l’augmentation de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Aujourd’hui établie à 6,13 % de la taxe foncière, son taux devrait passer à 7,95 % à partir de 2027. “On est à quelques euros de plus par collecte, soit entre 40 et 50 euros par an”, précise Didier Beck. Une augmentation qui divise cependant les élus de l’Eurométropole et reste une source de questionnements pour les riverains.

Didier Beck, chef du projet, dans les bureaux de l’Eurométropole de Strasbourg.
© Emma Simon
Margaux Lamoulie et Emma Simon