La place du vélo s’invite dans la campagne municipale d’Eckbolsheim. Alors que le projet de coutournement s'enlise, l'opposant François Jouan, seul candidat déclaré, dénonce un partage de la route défavorable aux cyclistes.
Le vélo pourrait être au cœur des prochaines municipales à Eckbolsheim. La première et unique liste déclarée pour 2026 veut clairement remettre en cause le partage de la chaussée dans la commune. Pour François Jouan, candidat sans étiquette, l’engagement politique en faveur du vélo n’est pas l’apanage d’un parti : “Qu’on soit écolo ou pas, il faut réduire la place de la voiture et décarboner.” Sa première réunion publique sera d’ailleurs dédiée à ce sujet le 26 novembre prochain.
Point culminant de son programme, la mise à sens unique de la rue du Général Leclerc, empruntée chaque jour par près de 9 400 véhicules selon les données du service de l'information et de la régulation automatique de la circulation (Sirac). D’après le baromètre vélo 2025 de la Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette (FUB), les cyclistes identifient cette rue comme l’axe à aménager en priorité, avec deux points noirs : devant l’école élémentaire des Tilleuls et au niveau du carrefour avec l’avenue du Général de Gaulle. Cette proposition de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) apparaissait déjà dans le plan vélo de 2021, mais n’a jamais abouti.
Plus largement, François Jouan plaide pour de “vraies bandes cyclables et des trottoirs dignes de ce nom”. Laura, mère de deux enfants de 2 et 6 ans, évite les routes lors des balades en famille : “On emprunte les pistes cyclables où on sait qu’on est en sécurité.” Le seul axe dédié aux cyclistes était celui du canal de la Bruche, jusqu’à l’arrivée, le 15 novembre 2025, du tram Ouest et de sa nouvelle piste bidirectionnelle.
Dernier de la classe
Dans le baromètre vélo de la FUB, Eckbolsheim affiche une note de 3/5, avec une évolution négative de 10 % depuis deux ans. Oberhausbergen, la ville voisine, décroche un 4,29/5. Dans sa catégorie “efforts de la ville”, la FUB classe la commune parmi les mauvais élèves. D’après 58 avis, la mairie n’est pas à l’écoute et ne fait pratiquement aucun effort en faveur du vélo.
C’est la nécessité d'aménager de nouveaux itinéraires qui a poussé François Jouan à cofonder Parent’aise, une association de parents d’élèves qui visait à l’origine à rendre plus sûrs les abords des écoles : “Je serais à la place de la maire, je prierais tous les jours pour qu’il n’y ait pas d’accident.
La liste d’opposition issue de ce collectif, Un renouveau pour Eckbo, a recueilli 38 % des voix et remporté cinq sièges au conseil lors du scrutin anticipé de 2024 organisé après le décès du maire, André Lobstein. Lors de cette campagne, François Jouan, père de famille de 52 ans, avait déjà défendu face à Isabelle Halb la mise en place d’un plan vélo afin de “rouler en sécurité”.

François Jouan avec son vélo devant son lieu de travail, la Maison du sport santé à Strasbourg © Adèle Tabaali
Donnant-donnant
Selon lui, la coopération avec l’EMS est indispensable mais le dialogue avec la mairie est bloqué depuis la suspension du projet de la Voie de liaison intercommunale ouest (VLIO). Pensée pour désengorger la circulation du centre-ville d’Eckbolsheim, la VLIO et ses déclinaisons successives ont été mises de côté à partir de 2021, à la suite d’études menées par l’EMS et de l’ouverture du Grand contournement ouest (GCO). Pour autant, la mairie n’y a pas définitivement renoncé et le manque de collaboration avec l’Eurométropole nuit aux projets d’aménagements cyclables.
Durant le conseil municipal de février 2025, Dominique Ritleng, le premier adjoint, a estimé que le projet était simplement en suspens. “En attendant sa mise en œuvre, la municipalité continue de pallier au mieux les tergiversations incompréhensibles de l’EMS”, peut-on lire dans le procès verbal. Dans le magazine communal de septembre, la maire écrit que sa détermination reste entière pour faire aboutir le contournement. Malgré de nombreuses sollicitations, la mairie n’a pas donné suite à nos demandes d’entretiens.
“Tant qu’il n’y aura pas de mini-VLIO, la mairie ne fera aucun effort [sur les projets de mobilité]”, estime François Jouan. Pour lui, il ne faut pas attendre une évolution drastique des habitudes pour aménager. Le quinquagénaire considère qu’encourager l’usage du vélo contribue à faire évoluer mentalités et pratiques. Sa liste est ainsi prête à “assumer des décisions qui ne sont pas forcément populaires”.
Salomé Fabre et Adèle Tabaali
Niveaux des aménagements cyclables à Eckbolsheim – Salomé Fabre, Adèle Tabaali