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Au sud de Wolfisheim, la construction d’un bassin d’orage, débutée en juillet 2024, touche à sa fin. Le bassin limitera les rejets du système d’assainissement dans les cours d’eau de la ville : la Bruche et le Muehlbach.

Le godet du tractopelle qui sort de terre laisse apparaître la percée de l’évacuation du bassin d’orage au sud de Wolfisheim. Un bruit sourd retentit depuis l’escalier qui s'engouffre dans l'ouvrage souterrain. À l’intérieur, d’immenses colonnes soutiennent l’édifice circulaire capable de stocker 1750 m³ d’eau. 

Les ouvriers s’échinent sur le chantier depuis juillet 2024. À la fin d’année, on aura fini le gros. Mais on aura encore à faire jusqu’à fin février, précise Hugo Gillot, le conducteur des travaux, paré d’un casque bleu et de vêtements réfléchissants orange. Actuellement, quand le système d’assainissement atteint sa capacité maximale, il déverse directement l’excédent dans les cours d’eau alentour. Par temps sec, les eaux usées rejoignent la station d’épuration de La Wantzenau. À l’issue des travaux, ce bassin couvert recueillera les eaux usées et pluviales qui arrivent par les canalisations du réseau et y resteront stockées. Seul le surplus sera reversé dans la Bruche. 

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Un ouvrier procède à l’ouverture du déversoir d’orage à l’intérieur du bassin. © Estelle Bouchart

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Schéma technique du circuit d’eau du bassin d’orage de Wolfisheim. © Estelle Bouchart et Fanny Turquais

Objectif : diminuer les rejets d'eaux usées

Le but, c’est vraiment d’absorber le plus d’eau possible pour éviter de rejeter dans le milieu naturel, résume Éric Heitzmann, responsable du suivi des projets d’aménagement à l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Le bassin permettra de diminuer les rejets des communes de Wolfisheim, Oberschaeffolsheim et Holtzheim et d’évacuer des eaux usées plus diluées. Comme on artificialise partout, on est bien obligé de construire des bassins pour gérer l’eau, lance avec ironie Raphaël Langoureau, le chef de chantier. 

Aussi appelé bassin de dépollution, l’ouvrage permettra à l’EMS de respecter les quotas de rejets du système d’assainissement imposés par l’Union européenne depuis 2000 pour un retour au bon état des masses d’eau d’ici 2032. Depuis 2015, seuls 5 % des rejets résiduaires urbains dans les rivières sont autorisés. D’après des modélisations réalisées par l’Eurométropole à partir des données pluviales de 2014, 12,4 % des volumes d’eaux usées ont été déversés dans le milieu naturel cette année-là. Après les travaux, le chiffre annoncé est de 4,1 % : on a quand même une grande amélioration, se réjouit Élodie Mélart, pilote d’opération du schéma directeur d'assainissement à l’EMS. En solution béton-tuyau, on arrivera difficilement à faire mieux, commente Éric Heitzmann. D’autant plus qu’en ruisselant, l’eau de pluie se charge en pollution pour finalement être nettoyée en station d’épuration. 

À l’origine, la mission d’un système d’assainissement n’était que d'évacuer au maximum les déchets provoqués par l’activité humaine, sans se poser la question de l’impact sur les espaces naturels. On a mis toute la pollution dans les cours d’eau, donc forcément il y a une dégradation des milieux aquatiques, déplore Éric Heitzmann. Aujourd'hui, les choses évoluent, mais le même paradigme persiste : On protège surtout les personnes et ensuite, on se demande ce qu’il se passe sur l’environnement. Pour lui, la meilleure alternative reste la déconnexion de l’eau de pluie du réseau : permettre à l’eau de s’infiltrer rapidement dans la terre sans passer par les réseaux d’assainissement.

Des fosses pour récupérer les eaux de pluie

Une solution tentée à Wolfisheim. Au square du Bœuf rouge, une zone d’infiltration prend la forme d’une étendue d’herbe creuse de la taille d’un jardin. Quand il pleut, cette cavité se remplit, décrit Éric Heitzmann. Par petites touches, l'eau vient ensuite s’infiltrer dans les sols. En longeant la rue du Général Leclerc, au milieu du nouveau quartier, on remarque des fosses entre les immeubles : elles permettent une gestion parcellaire des eaux de pluie. José Vazquez, enseignant-chercheur à l’Engees, spécialisé dans l’assainissement, salue ces avancées : La règle d'aujourd'hui, c’est tout sauf le tuyau. C’est le moins d'eau dans les réseaux : gérez à la parcelle, faites de la gestion intégrée de l'eau. Pour ce professeur qui a emmené ses élèves sur le site la semaine précédente, on n'a jamais demandé à une rivière ce qu'elle pense des rejets. La loi maintenant dit : tu es obligé de lui poser la question. Aujourd’hui, l’objectif c'est que l’on trouve un compromis avec la rivière : si je lui envoie un peu de pollution, elle doit être capable de se régénérer

Estelle Bouchart et Fanny Turquais

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Le jardin de pluie sur le square du Bœuf rouge laisse infiltrer l'eau pluviale. © Fanny Turquais

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