Dans la quatrième ville du Bas-Rhin, où cinq listes s’affrontent, les élections municipales s’annoncent comme les plus disputées depuis près de vingt ans.
Les affiches des candidats, excepté celle de l'écologiste Richard Hamm, pas encore distribuée. Photo / Robin Magnier
Il semble déjà loin le temps où l'élection municipale à Illkirch se résumait au clivage gauche-droite et à la victoire de Jacques Bigot dès le premier tour. Maire depuis 1995, le socialiste, ancien président de l’Eurométropole de Strasbourg, a démissionné de son poste en 2016 pour occuper celui de sénateur du Bas-Rhin. Loi sur le non-cumul des mandats oblige. Claude Froehly, son premier adjoint, a alors repris le flambeau.
L’héritage du sénateur suscite les convoitises à l’aube de ces nouvelles élections. Pas moins de cinq listes se disputent la mairie, contre deux en 2008 et 2014. Candidat à sa réélection, et pour la première fois tête de liste aux municipales, Froehly ne fait néanmoins plus l’unanimité au sein de la majorité. Deux de ses anciens adjoints ont décidé de prendre leur envol et de mener campagne contre lui.
« Une écologie de façade »
Principal reproche ? La bétonisation de la ville. « Les projets immobiliers fleurissent un peu partout à une vitesse inquiétante. Pourquoi dénaturer la ville pour construire des immeubles ? », s’insurge Pascale Gendrault, auparavant chargée de la culture. Même son de cloche chez Richard Hamm, l’ancien adjoint à l’écologie, qui a aussi choisi de mener sa barque. L’ex-membre des Verts, qu’il a quittés en 2016, veut faire de l’environnement la priorité de son mandat et dénonce une écologie de façade chez ses adversaires. « Ils sentent qu’elle a le vent en poupe », lance Hamm.
Si la majorité s’est morcelée, l’opposition n’est pas en reste. Le principal adversaire de Claude Froehly se nomme Thibaud Philipps. À 29 ans, cet adhérent Les Républicains (LR), se lance pour la deuxième fois dans la course à la mairie, avec trois étiquettes cette fois. En 2014, il avait échoué face à Jacques Bigot, récoltant 40,94% des voix. Mais entre temps le jeune homme a reçu un soutien de poids, celui de La République en marche (LREM), ainsi que du Modem.
Triple étiquette
« Thibaud Philipps a la même vision que nous, le même ADN, la même méthodologie. Pourquoi se diviser ? On veut porter un projet d’ouverture avec les citoyens », explique Lamjed Saidani, directeur du comité LREM d’Illkirch-Graffenstaden, pour qui une candidature en son nom n’a jamais été d’actualité. « Le projet passe avant les ambitions personnelles. Présenter deux listes différentes avec les mêmes idées n’aurait eu aucun sens », poursuit le numéro 3 de la liste, qui assure ne vouloir ni tomber dans le sectarisme politique, ni dans les tambouilles politiciennes d’un éventuel second tour.
L’alliance avec le centre n’a pourtant pas plu à tout le monde au sein de la droite illkirchoise. Alfonsa Alfano, Daniel Haessig et Alain Mazeau, conseillers municipaux de l’opposition, ont préféré rejoindre la liste divers droite portée par Rémy Beaujeux, médecin de 59 ans néophyte en politique.
Reste à savoir si Thibaud Philipps profitera de la dynamique LREM à Illkirch. Le parti d’Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour lors des dernières élections européennes (28,51%), législatives (38,49%) et présidentielles (25,83%). Pâtira-t-il au contraire de l’impopularité croissante du gouvernement ? « Je pense qu’on aura une belle validation des derniers scores. Certes, le contexte médiatique n’est pas favorable, mais il y a une majorité silencieuse d’Illkirchois qui approuvent ce qu’on fait », commente Lamjed Saidani. Avec cette configuration politique inédite, les probabilités d’assister à un second tour de scrutin n’ont jamais été aussi fortes.
Robin Magnier
Claude Froehly n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.