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Quand les employeurs viennent chercher les chômeurs

23 septembre 2014

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Le dernier Café contact emploi à l'Elsau a eu lieu en 2012.

Mardi, de 9h à 13h, une centaine de personnes a fait le déplacement pour le Café contact emploi au centre socio-culturel de l'Elsau. Le principe est simple : quelques petites choses à grignoter, une dizaine de tables et une quinzaine d'employeurs qui cherchent à embaucher.

Dans la grande salle du centre socio-culturel de l'Elsau, Paul Landowski, 57 ans, salue et tutoie tout le monde. Dans sa main, un micro pour assurer l'animation et motiver les troupes. ​« Deux personnes viennent d'être embauchées ! Là, à l'instant ! N'hésitez pas, dès que vous voyez une chaise libre, allez-y ! » Cet ancien chômeur a créé le concept du Café contact emploi en 2006, à Strasbourg. Depuis, il l'a décliné à travers toute la France. L'homme adore discuter, longuement, et donner un maximum de conseils aux gens qui le sollicitent. « Ici, l'avantage c'est qu'il y a un lien avec les employeurs. Ça évite d'envoyer des lettres et d'attendre très longtemps avant d'avoir une réponse. » Cette journée est financée par la Communauté urbaine de Strasbourg (Cus) et la Direction régionale de l'emploi (Direccte). Après 2012, c'est la deuxième fois que la manifestation a lieu dans ce quartier. L'an passé, elle s'est déroulée à la Montagne-verte.

Selon des chiffres publiés par la mairie de Strasbourg, qui datent respectivement de 2009 et de 2011, à l'Elsau, le taux de pauvreté est de 46% - l'un des trois plus élevés de la ville avec Hautepierre et Cronenbourg Cité. Et près d'une personne sur trois est au chômage. Un chômage souvent lié à l'absence de qualification : près de 70% des jeunes adultes du quartier ont arrêté leurs études avant le bac (contre 38% à Strasbourg). Paul Landowski a donc essayé de cibler les emplois adaptés à cette population : l'aide à la personne, les plateformes téléphoniques, la restauration, les commerciaux indépendants, l'interim...

La barrière de la langue

Un jeune homme se faufile entre les tables. Il accompagne sa mère : « Elle ne parle pas un mot de français. Je fais l'interprète. » Selon Laure Mistron, référente insertion pour la Ville de Strasbourg, « les problèmes de langue constituent un frein important pour la recherche d'emploi ». Ferdinand est Arménien (écouter son témoignage à la fin de l'article). Arrivé en France il y a 10 ans, il parle toujours très difficilement le français et cherche un emploi depuis deux ans. Outre la barrière de la langue, un autre problème entrave ses démarches : l'âge. « C'est difficile de trouver du travail parce que j'ai 63 ans », témoigne-t-il.

À 13h, les organisateurs ont du mal à clore la séance. Beaucoup de gens attendent encore, debout, pour parler à des employeurs. « On ne va pas pouvoir fermer les portes ! », sourit Paul Landowski. Difficile de savoir exactement combien de personnes décrocheront un emploi après cette journée. Au-delà des promesses d'embauche, il s'agit surtout de « s'entraîner à faire des entretiens, de montrer aux gens que du boulot, il y en a », conclut Laure Mistron.

Karima : « Le RSA c'est survivre, ce n'est pas vivre... »

Lucas : « J'ai posé des CV un peu partout à Strasbourg. Je n'ai pas eu de réponses. » 

Michel : « Trouver un emploi, c'est un travail à temps plein. »

Marlise : « Handicapée, j'ai été licenciée car il n'y avait pas de place assise. »

Ferdinand : « Je suis en France depuis 10 ans. » 

Gabriel Pornet

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