28 décembre 2008
Simon Hix est professeur de politique européenne comparée à la London School of Economics and Political Sciences. Il explique ce qu'il faut changer pour que les europartis aient les moyens de discipliner leurs troupes, comme le font les partis nationaux aujourd'hui.
«Il faudrait un changement des règles électorales. Les règles qui gouvernent le système électoral permettent aux partis nationaux de contrôler le fonctionnement des élections européennes. Ce sont eux qui décident de se présenter ou non, des positions qu'ils défendent et des modalités de la campagne. Le pouvoir ultime est celui de choisir un candidat. C'est le plus grand pouvoir qu'un parti puisse avoir. Tant que les partis nationaux contrôlent ces choix, jamais les partis européens ne seront plus puissants qu'eux.
Le seul moyen de changer cela est d'affaiblir le pouvoir de sélection des candidats qu'exercent les partis nationaux. C'est déjà le cas dans certains pays où existe un système de listes ouvertes. Mais en France comme au Royaume-Uni et en Allemagne, les partis prédéterminent la place d'un candidat sur la liste et les électeurs ne peuvent pas la modifier.
L'eurodéputé Andrew Duff et plusieurs autres députés ont proposé de changer le système pour faire en sorte que chaque pays européen ait un système de vote préférentiel, comme en Finlande, au Danemark ou en Irlande.
Cela entraînerait deux conséquences. D'abord, cela encouragerait le candidat aux élections à faire campagne directement devant les électeurs. Un candidat français numéro deux sur la liste socialiste ou UMP n'est pas incité à faire campagne car il sait qu'il va être réélu. Il peut s'asseoir et se tourner les pouces en attendant d'être élu et de retourner au Parlement. En Finlande où les électeurs peuvent voter pour des candidats individuellement, chaque candidat doit se présenter à eux et leur dire : votez pour mon parti et votez pour moi parce que je suis celui qui vous représentera le mieux au Parlement. Lorsque le vote est basé sur des candidatures individuelles, l'électeur connaît mieux ses députés et les députés font davantage campagne. La connexion est meilleure entre les électeurs et le Parlement européen.
Ensuite, le vote préférentiel affaiblirait également le pouvoir des partis nationaux parce que dans un tel système, ils n'ont plus le contrôle absolu de qui est élu. Les hommes politiques avec leur individualité font la différence. Et si le pouvoir des partis nationaux est affaibli, celui des europartis et des groupes au sein du Parlement européen serait automatiquement accru.»
Propos recueillis par Clarisse Briot