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Lisbonne, unique enjeu de la campagne pour Libertas


28 décembre 2008

2009, année décisive

L'Irlandais Declan Ganley lance son parti souverainiste. Objectif : faire des élections européennes un référendum sur le traité de Lisbonne.

« Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de voter sur le traité de Lisbonne, ce sera leur référendum. » Declan Ganley, leader du non en Irlande, a lancé officiellement son parti «Libertas.eu» le jeudi 11 décembre. Le message est clair : le traité de Lisbonne sera le principal cheval de bataille du parti lors de la campagne des européennes.
L'homme d'affaire irlandais a choisi de réunir les journalistes à quelques centaines de mètres seulement du Conseil européen chargé d'examiner les solutions au problème irlandais. Le lendemain de son annonce, les dirigeants de l'U.E. suspendent l'avenir de l'Europe au référendum irlandais et le premier ministre irlandais, Brian Cowen, confirme l'organisation d'un nouveau référendum à l'automne. C'est une occasion en or pour Declan Ganley qui veut faire du traité de Lisbonne l'enjeu central des élections européennes.



Anciens de l'ADIE et amis de Bonde



Declan Ganley affiche l'ambition de « présenter des candidats dans les 27 pays de l'Union ». Ses partenaires restent plus mesurés. « Libertas aura des listes dans au moins une quinzaine de pays », estime Paul-Marie Couteaux. Le député européen soutenu par le MPF, assure par ailleurs que Philippe De Villiers « est le représentant de Libertas en France. » Suite à la dissolution de leur parti, les souverainistes de l'ADIE pourraient suivre les Français du MPF et grossir les rangs de Libertas.
Le danois Jens-Peter Bonde, qui a quitté sa fonction de député au Parlement européen en mai dernier, est conseiller politique auprès de Declan Ganley. Toujours président d'EUDemocrats, Bonde souhaite une alliance entre les deux partis opposés au traité de Lisbonne. Plusieurs membres d'EUD, étaient d'ailleurs présents à Dublin à la mi-novembre. Le milliardaire irlandais avait alors réuni une cinquantaine de personnalités européennes pour un repas en l'honneur du président tchèque Vaclav Klaus. Le député européen non-inscrit, Hans-Peter Martin, avait lui aussi trouvé place auprès d'entrepreneurs et de personnalités des médias.
L'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, où le créneau pour un parti souverainiste n'est pas encore investi, feraient partie des pays cibles de Libertas. Declan Ganley s'appuie aussi sur ses relations en Europe de l'Est, en Pologne et dans les Pays Baltes. En République tchèque, le président Vaclav Klaus a récemment évoqué la possibilité de soutenir un nouveau parti national qui pourrait s'appeler «libertas.cz». Son pays, qui prend la présidence de l'Europe au 1er janvier 2009, n'a toujours pas ratifié le Traité.



« Nous allons nous occuper de Libertas »



Le retour du traité de Lisbonne sur le devant de la scène ne plaît pas à la plupart des grands partis européens, même si aucun ne se sent réellement menacé. « Si les élections deviennent un débat pour ou contre le traité, explique le député européen PPE Alain Lamassoure, c'est évidemment très dangereux. »
« Libertas veut s'occuper de l'Europe. Nous allons nous occuper de Libertas », clamait Olivier Ubéda, délégué aux affaires européennes de l'UMP, lors du bureau politique du PPE à la mi-novembre.
 Du côté des Verts, Alain Lipietz estime qu'en créant un parti, Libertas s'isole. « Le non irlandais a gagné en disant : je ne suis pas le patronat et je représente l'avis de tout le monde. (...) Or la position de Ganley est celle du grand patronat irlandais qui a extrêmement peur de l'harmonisation fiscale. Libertas, on va leur faire la publicité qu'il faut sur ce qu'ils représentent, les intérêts qu'ils défendent et la question de leur financement. »



Polémique sur le financement du parti



Les très importants fonds mobilisés par Libertas dans la campagne du non en Irlande intriguent autant que la personnalité de son fondateur. Declan Ganley a fait fortune dans la vente d'aluminium en Europe de l'Est et dans les télécommunications. Sa société américaine, Rivada Networks, vend des services de communication à l'armée et à la garde nationale américaines.
 « On ne sait pas où Ganley a obtenu ses fonds. La presse irlandaise a parlé d'organisations américaines », rappelle le secrétaire général des Verts, Juan Behrend. Aucune enquête sur le financement de la campagne du non en Irlande n'a été mandatée par le Parlement qui déclare se fier aux autorités irlandaises. « Si Libertas crée un parti, cela lui imposera de clarifier son financement », estime Antonio Lopez-Isturiz, secrétaire général du PPE.
Face aux critiques dont il est l'objet, Declan Ganley affirme que « Libertas n'est pas un mouvement eurosceptique mais résolument pro-européen ». Il souhaite maintenant réunir un groupe de travail et élaborer un texte d'une vingtaine de pages, simple et lisible, plus conforme à ses ambitions pour une Europe « plus démocratique ».

Julie Bienvenu, à Bruxelles

De Villiers se rallie à Ganley...

Philippe De Villiers n’en fait plus un secret, il sera la tête de liste française de Libertas pour les élections européennes. "Je suis à la disposition de Declan Ganley pour permettre à ce grand mouvement pan-européen d’être présent en France", affirme le président du Mouvement pour la France (MPF).
La surprise n’est pas grande car après sa victoire contre le traité de Lisbonne, Declan Ganley a passé une partie de ses vacances en terre vendéenne, fief de M. De Villiers. Quelques mois plus tard, l’homme d’affaires était reçu aux universités d’été du MPF en île-de-France, où il a été acclamé par plus de 700 militants.
Le 11 novembre dernier, Philippe De Villiers était au diner organisé par Declan Ganley à Dublin. Ce rendez-vous a permis au milliardaire irlandais, de réunir les leaders "euroréalistes" de différents pays européens.
Cette association entre le leader souverainiste français et Declan Ganley ne fait pas l’affaire de l’Elysée. En 1999, une liste souverainiste rassemblant Philippe De Villiers et Charles Pasqua avait recueilli 13,1% des voix, devant la liste conduite par Nicolas Sarkozy qui avait obtenu 12,8 %. Le président de la République a rencontré Philippe De Villiers, le 27 octobre dernier, dans la plus grande discrétion à l’Elysée. Selon Patrick Louis, secrétaire général du MPF, L'UMP espère que De Viliers renoncera à se présenter dans les régions où il n'est pas certain d'avoir des élus, comme en île-de-France.

Pauline Ringenbach, à Strasbourg

... Nicolas Dupont-Aignan s'y refuse

Le président de Debout la République, le député-maire de Yerres (91) Nicolas Dupont-Aignan, ne souhaite pas se rallier au mouvement Libertas.

 

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