Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

Dans les communes voisines d’Eckbolsheim et de Wolfisheim, l’équitation sort de ses codes. Au club hippique Saint-Hubert, c’est le sport collectif qui prédomine avec le horse-ball, tandis qu’avec Horse’up, le cheval accompagne les personnes en situation de handicap.

Point culminant de son programme, la mise à sens unique de la rue du Général Leclerc, empruntée chaque jour par près de 9 400 véhicules selon les données du  service de l'information et de la régulation automatique de la circulation (Sirac). D’après le baromètre vélo 2025 de la Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette (FUB), les cyclistes identifient cette rue comme l’axe à aménager en priorité, avec deux points noirs : devant l’école élémentaire des Tilleuls et au niveau du carrefour avec l’avenue du Général de Gaulle. Cette proposition de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) apparaissait déjà dans le plan vélo de 2021, mais n’a jamais abouti.

Plus largement, François Jouan plaide pour de “vraies bandes cyclables et des trottoirs dignes de ce nom”. Laura, mère de deux enfants de 2 et 6 ans, évite les routes lors des balades en famille : “On emprunte les pistes cyclables où on sait qu’on est en sécurité.” Le seul axe dédié aux cyclistes était celui du canal de la Bruche, jusqu’à l’arrivée, le 15 novembre 2025, du tram Ouest et de sa nouvelle piste bidirectionnelle.

Dernier de la classe 

Dans le baromètre vélo de la FUB, Eckbolsheim affiche une note de 3/5, avec une évolution négative de 10 % depuis deux ans. Oberhausbergen, la ville voisine, décroche un 4,29/5. Dans sa catégorie “efforts de la ville”, la FUB classe la commune parmi les mauvais élèves. D’après 58 avis, la mairie n’est pas à l’écoute et ne fait pratiquement aucun effort en faveur du vélo.

Le soleil au zénith surplombe le petit lac du parc naturel urbain de Niederholz. Des enfants, vêtus de gilets jaunes, courent, sautent et crient autour des tables de pique-nique. Un mercredi après-midi en plein air pour ces écoliers et écolières, en sortie avec leur centre aéré. “On vient tous les mercredis en fonction de la météo”, explique Justine, animatrice. Elle témoigne de son attachement au canal : “Je ressens de la nostalgie quand je viens ici. J’habite dans le coin depuis petite. Je faisais des sorties sur les bords du canal pour nourrir les canards, les ragondins…” Sur les berges, Samy, lycéen strasbourgeois, fait de la musculation sur les agrès. Il s’y rend tous les jours à la fin des cours, et en profite pour faire le trajet en footing : “C'est cool de courir sur les bords du canal. C'est pas comme courir sur la route avec plein de voitures. C’est le premier coin de nature depuis Strasbourg.”

Cette proximité avec la ville est très appréciée. “On est proche de Strasbourg, tout en se sentant loin de la ville. On voit la nature, les saisons défiler, les bébés ragondins naître”, témoigne Béatrice, habitante de Wolfisheim retraitée venue en balade avec son compagnon.

Les étapes théâtrales de la vie de Christa Wolff. © Anaïs Coste et Ella Peyron

Des fosses pour récupérer les eaux de pluie

Une solution tentée à Wolfisheim. Au square du Bœuf rouge, une zone d’infiltration prend la forme d’une étendue d’herbe creuse de la taille d’un jardin. Quand il pleut, cette cavité se remplit, décrit Éric Heitzmann. Par petites touches, l'eau vient ensuite s’infiltrer dans les sols. En longeant la rue du Général Leclerc, au milieu du nouveau quartier, on remarque des fosses entre les immeubles : elles permettent une gestion parcellaire des eaux de pluie. José Vazquez, enseignant-chercheur à l’Engees, spécialisé dans l’assainissement, salue ces avancées : La règle d'aujourd'hui, c’est tout sauf le tuyau. C’est le moins d'eau dans les réseaux : gérez à la parcelle, faites de la gestion intégrée de l'eau. Pour ce professeur qui a emmené ses élèves sur le site la semaine précédente, on n'a jamais demandé à une rivière ce qu'elle pense des rejets. La loi maintenant dit : tu es obligé de lui poser la question. Aujourd’hui, l’objectif c'est que l’on trouve un compromis avec la rivière : si je lui envoie un peu de pollution, elle doit être capable de se régénérer

Estelle Bouchart et Fanny Turquais

Un coin de nature choyé

De l’autre côté du canal, des chevaux broutent dans un champ. L’eau reflète les frondaisons orangées qui bordent la rive. La terre est jonchée de feuilles mortes, qui craquent sous la foulée des passants et des passantes. Cet environnement est précieux pour nombre de personnes familières du coin, comme les membres de l’association de pêche d’Eckbolsheim. Chaque week-end, ils sont une quinzaine à se réunir. “On est des pêcheurs, mais aussi des protecteurs de la nature, on est toujours là pour la protéger”, se félicite Philippe, le président de l’association, le pantalon plein de sciure. C’est aussi l’avis d’Irène, venue comme tous les mercredis avec son mari et ses petites-filles jouer dans le parc qui borde le canal : “Quand on s'est installé ici, il y a dix ans, c'était le printemps. J'ai découvert les poules d'eau qui faisaient leur nid au milieu du canal avec des branches. C'était magnifique.”


Les sept instituts de beauté à Wolfisheim et Eckbolsheim. © Chloé Laurent et Antoine Dana

Le pépiement des oiseaux accompagne le lever de soleil au bord du canal de la Bruche. La brume s’étend encore sur le terrain de football de Wolfisheim. À toute vitesse, des vélos défilent, ébouriffant au passage les personnes qui se promènent. “C’est une autoroute ici, matin et soir”, explique Thierry, un amoureux du coin, baskets aux pieds, regard au loin, le pas dynamique. Il a déménagé de Strasbourg pour rejoindre Wolfisheim et se rapprocher du canal. “La Bruche, c’est mon petit paradis”, confie-t-il, en saluant d’un signe de tête un cycliste. Quelques centaines de mètres plus loin, un petit pont laisse passer une route et coupe la piste cyclable. Ce carrefour urbain rompt soudainement la quiétude des berges. Le bruit des moteurs couvre les clapotis du canal.

Impossible de s’en rendre compte sans consulter une carte, perdue aux milieux des champs, la frontière entre la commune de Wolfisheim et d’Eckbolsheim se fait discrète, mais la voilà. Le bourdonnement d’un avion interrompt le grondement de l’eau qui s’écoule à travers l’écluse en pierre de taille. Cachée derrière des bosquets, se dresse la maison de l’éclusier, construite au XVIIIe siècle.

Pour Jean-Luc Docremont, leur moniteur, le horse-ball est un sport d’équipe, comparable au rugby. Contrairement à d’autres disciplines équestres qui sont des “pratiques plutôt individuelles”, le horse-ball développe “un esprit collectif chez les cavaliers”. “Malgré l’affrontement, tout le monde se retrouve sur le terrain”, ajoute celui qui enseigne à Eckbolsheim depuis vingt-cinq ans.

Selon Thibault, horse-baller depuis trente-cinq ans, cette activité permet aussi aux chevaux de s’épanouir : “Un cheval qui peut sembler un peu éteint n’est pas le même en horse-ball. Il est réveillé. C'est parce qu'il y a un côté troupeau. Ça ravive son instinct.”

Alice Billia et Baptiste Demagny

Lieu de détente autant que d’activité, les bords du canal de la Bruche attirent chaque jour cyclistes, joggeurs et joggeuses, familles et fans du coin. Entre nature préservée et proximité urbaine, les usages s’y multiplient — et parfois s’entrechoquent.

Pages