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Une cohabitation viable entre trucks et entreprises
Entre food trucks, la concurrence reste limitée. Bien qu’ils soient quatre à stationner sur un secteur réduit de la ZA, ils ne sont que rarement présents en même temps. C’est d’ailleurs une stratégie commerciale. “Si tu n’es là qu’une fois dans la semaine, tout le monde vient. Tu provoques l’envie”, souligne Jérémy Lekieffre. Un système viable pour les restaurateurs qui déplacent leur camion autour de Strasbourg le reste de la semaine. Présent tous les jours, Bagerhoff fait figure d’exception. Sandwichs, tantuni, plats du jour : son atout, la diversité de sa carte.
Pour les clients, « s’il y a plus de choix, c’est mieux »
Beaucoup de clients y voient une alternative aux chaînes de fast food et aux salades du supermarché. Pour Jean-Marie, comptable au cabinet Zorgniotti, “l’avantage, c’est la rapidité et la proximité”. Un avis partagé par Louise et Kristell, auxiliaires vétérinaires, qui courent souvent entre deux urgences à la pause déjeuner.
Les food trucks séduisent même au-delà de la ZA. Devant le camion de Jérémy Lekieffre, un chauffeur routier de passage et les gendarmes de Wolfisheim, des habitués, s’arrêtent pour manger. Nezvat Bagg ne cache pas sa fierté d’avoir réussi à attirer des fidèles de son ancien restaurant de Strasbourg : “Je fais se sentir les gens chez eux. Donc, même si c’est dans une zone industrielle, ils viennent.”
Le propriétaire, Nevzat Bagg, s’est installé dans la zone d’activité (ZA) d’Eckbolsheim en août 2025 après avoir fermé son restaurant de spécialités turques dans le quartier Bourse à Strasbourg. “J’ai voulu changer d’activité pour faire plus petit et me concentrer sur moi-même”, explique-t-il. Client de Nettopneu, il a appris qu’un emplacement était disponible à la location chez Fubat. “Quand j’ai vu que c’était une zone assez active, je n’ai pas hésité”, affirme-t-il.
Acquis par la commune de Wolfisheim en 1996, le fort Kléber a laissé son passé militaire derrière lui. Pendant près de trente ans, il a vibré au rythme de la vie associative. Depuis la fermeture administrative prononcée en 2024, il est entré en hibernation.
Le champ disparaît presque entièrement derrière le brouillard. Une brume si dense qu’elle oblige Mathias Ostermann à faire avancer son tracteur au pas. Ce matin-là, le jeune agriculteur sème le blé sur sept hectares de terrain, au nord de Wolfisheim. À 23 ans, il gère, avec son frère Arnaud, la ferme du Muehlbach. “Je conduis le tracteur depuis mes 12 ans”, déclare-t-il, fier. L’exploitation familiale, qu’ils ont héritée de leur père, est l'une des dernières encore en activité dans la commune.
Dans leurs instituts de beauté d’un nouveau genre, Emma Fischer et Mandy Cardoso Vaz proposent des prestations inspirées des tendances en vogue sur les réseaux sociaux. Un univers bien différent de celui des salons d’esthétique traditionnels.
En passant la porte de la Maison des Cils, on pénètre dans un univers instagrammable : couleurs claires, coussins aux motifs imprimés en forme de faux cils, néon accroché au mur. Des fauteuils entourent une petite machine à café posée sur la table basse en bois. Derrière son comptoir, Emma Fischer conseille une mère et sa fille sur une gamme de faux cils à poser à la maison.
La collaboration s’est poursuivie récemment avec Sandra, organisatrice de soirées libertines. Un premier évènement a eu lieu le 13 novembre. Disposés dans une baignoire, des sextoys provenant de la boutique ont été vendus à la trentaine d’invités. Des cartes de visite à l'effigie du cabinet de sexothérapie d’Éva Igard, installée temporairement dans le rayon lubrifiant de la boutique, ont été distribuées pendant la soirée. “Un échange de bons procédés”, confirme la sexothérapeute.
Axelle Lorans et Manon Vannier
Impacts de balles, fenêtres aux battants entrouverts, banderoles criardes, le soleil tape sur les briques du fort Kléber. Dans la cour intérieure de l’édifice, poules, chèvres et Coco le cochon attendent leur repas, agglutinés devant la clôture. Aujourd’hui, c’est Théodore Dettmann qui s’y colle. Depuis six ans, le septuagénaire enfile ses bottes pour rejoindre ses protégés. Le couloir qu’il emprunte trois fois par semaine, un seau de grain dans chaque main, est désormais silencieux. “Tout est mort depuis que l’intérieur du fort a été fermé aux associations [en juillet 2024]. S'il n'y avait pas les jeux pour enfants et la basse-cour, il n'y aurait plus personne”, regrette-t-il. Le fort, le bénévole le connaît depuis son service militaire, en 1973. “Il y avait plusieurs chambrées qui portaient chacune un nom selon la classe des appelés. J’avais la chambre Provence, s’amuse-t-il. Tous les deux mois, les libérables partaient et la classe suivante arrivait.”
Des avaloirs avaient été pensés pour empêcher les crapauds adultes de tomber entre les barreaux. “On n’avait pas pensé aux juvéniles, qui sont tout petits, qui passaient au travers”, explique le chargé de suivi du site, qui a fait poser des grillages à mailles fines en réponse au problème. Idem pour les mares : après le décès d’un chat et d’un renard du fait d’une bâche trop glissante, une natte d’accroche a été apposée sur les côtés des bassins afin que tous les animaux aient un appui, puissent “boire en toute quiétude” et remonter aisément.
“Il y a plus d’individus aujourd’hui qu’avant la construction”, constate Olivier Saint-Jours. Un optimisme nuancé par Antonin Conan : “On a l'impression que c'est grâce à la zone de compensation qu'il y a plein de crapauds. Mais ils étaient déjà dans le coin auparavant.”
Le scientifique exprime tout de même sa satisfaction devant les mesures prises, qu’il trouve exemplaires puisqu’elles profitent également aux grenouilles vertes et aux petits mammifères comme les hérissons.