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« Ce sont des règles dans un Far West numérique. Je suis convaincu que notre réponse peut inspirer le monde entier », se réjouit le rapporteur Sandro Gozi (Renew, libéraux). © François Bertrand

Inflation alimentaire et colère agricole : deux faces d’une même pièce

Depuis 2022, les prix de l’alimentation ont flambé en Europe. Dans le même temps, les agriculteurs n'ont eu de cesse de dénoncer la faiblesse persistante de leurs revenus. C’est donc dans une ambiance tendue que les députés européens ont débattu, ce lundi 26 février, des politiques à mettre en place pour lutter contre l’inflation et apaiser la colère agricole. Un dialogue de sourd s’est installé au Parlement européen, où chacun y est allé de sa propre analyse.

Pour certains, ce sont les intermédiaires qui provoquent l’inflation alimentaire tandis que pour d’autres, la faute revient à la politique environnementale de l’Europe. « Le prix du blé et des céréales n’a jamais été aussi bas. Il y a forcément un acteur intermédiaire qui s’en met plein les poches ! », a déclaré Herbert Dorfman (PPE, droite), peu avant la prise de parole de son confrère, Jorge Buxadé Villalba (ECR, conservateur), qui a qualifié le Pacte vert de « plan de licenciement massif ». À gauche de l’hémicycle, les députés demandent plutôt une révision de la politique commerciale de l’Union européenne. Pour Luke Ming Flanagan (The Left, extrême gauche), « les causes profondes de l’inflation en Europe, c’est la mondialisation », qui est responsable, selon lui, de la concurrence déloyale des importations.

La Commission européenne doit annoncer de nouvelles mesures pour soutenir l’agriculture en mars.

Athénaïs Cornette

 

[ Plein écran ]

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, à la tribune du Parlement pour le bilan annuel de la BCE. ©Melissa Le Roy

Bilan annuel de la BCE : les eurodéputés en attendent plus 

Christine Lagarde était au centre des critiques ce lundi 26 février à Strasbourg. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) présentait son bilan annuel au Parlement européen, dans un contexte d’inflation persistante. Les eurodéputés ont estimé que la BCE ne tenait pas son cap pour atteindre les 2% à moyen terme, ce qui constitue pourtant sa principale mission. En janvier, les prévisions annuelles d’inflation de la zone euro s’établissaient à 2,8%, contre 2,9% en décembre dernier. Un an plus tôt, l’inflation était de 8,6%. Une baisse significative mais toujours insuffisante pour les parlementaires. 

Prenant le cas particulier de son pays, la Roumanie, ayant le taux d’inflation le plus élevé de la zone euro, l’eurodéputée Maria Grapini (S&D, sociaux-démocrates) a rappelé le poids qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages : « L'inflation n'a pas été contenue. Il y a trop de citoyens pauvres qui ne peuvent même pas se permettre d'acheter du pain. Nous demandons des résultats. »
 

Blocage de la proposition sur les travailleurs de plateformes, les eurodéputés s’exaspèrent

« Nous courrons le risque que trois ans de travail politique acharné soient torpillés » s’emporte l’eurodéputé Dennis Radtke (PPE, droite) dans l’hémicycle lundi soir. La raison de sa colère : le blocage par les États membres d’une nouvelle législation pour encadrer les quelques 28 millions de travailleurs de plateforme en Europe.

Cette législation, qui provoque un bras de fer entre certains pays européens et le Parlement, vise à améliorer la protection des travailleurs de plateformes. Pour le moment, la majorité de ceux qui travaillent pour des plateformes numériques comme Bolt ou Uber ont le statut d’indépendant, ce qui les empêche notamment de bénéficier d’une protection sociale complète. « 5 millions de travailleurs y auraient le droit » estime l’eurodéputée Rosa Estaràs Ferragut (PPE, droite).

Les eurodéputés dénoncent la position des quatre États membres qui bloquent le texte : la France, l’Allemagne, la Grèce et l’Estonie. Ils accusent les dirigeants de ces pays d’être trop à l’écoute des lobbys. « Vous avez cédé aux pressions des multinationales ! » scande Elisabetta Gualmini (S&D, sociaux-démocrates). Si les 27 ne s’accordent pas d’ici le mois de mars, la question de la protection des travailleurs de plateformes sera reportée à plus tard, après les élections européennes. 

Emma Fleter

 

François Bertrand et Léa Oudoire

Davantage régulé à l’international, le marché de la publicité à caractère politique se veut plus libéral à l’échelle européenne. Afin d’établir une équité sur les campagnes publicitaires au sein de l'UE, les États membres n’auront pas le droit d’entraver leur diffusion quelque soit leur provenance. « Nous éliminons les barrières et les obstacles existants dans le marché unique. Les partis européens pourront enfin mener des campagnes véritablement européennes et transnationales », se réjouit le rapporteur Sandro Gozi (Renew, libéraux). 

Cette mesure prendra effet dans les prochaines semaines et sera applicable dès les élections européennes. Le reste de la législation entrera progressivement en vigueur au cours des 18 prochains mois.

Fermer le marché aux pays tiers, l’ouvrir à l’échelle européenne

Autre point clé : les ingérences étrangères. Alors que l’UE entretient des relations de plus en plus tendues avec certains de ses voisins, en particulier la Russie et la Chine, la législation était attendue par un grand contingent d’eurodéputés. Pour contrer toute tentative d’influence de la part de pays tiers, le règlement leur interdit de financer de la publicité à caractère politique trois mois avant toute élection ou référendum. « Je viens de Hongrie donc je sais bien ce qui se passe lorsque des élections ne sont ni libres ni régulières », témoigne Anna Julia Donath (Renew, libéraux) : « Il s’agit d’affaiblir l’incidence des propagandes chinoises et russes. On se doit de protéger les électeurs et électrices contre les forces politiques qui essaient de nous manipuler en ligne. »

L’exploitation de données personnelles pour cibler des internautes sera limitée. Le profilage à partir de données sensibles comme la religion, l’origine ethnique, ou l’orientation sexuelle sera formellement interdit. Seules les données fournies en toute connaissance de cause pourront être utilisées. La proposition de loi soulève néanmoins la frustration de certains eurodéputés. « Les messages politiques sur la base des préférences, des faiblesses, des situations personnelles de chaque usager restera légal », déplore Mick Wallace (GUE/NGL, extrême gauche). « Ça ne va pas assez loin », appuie l'eurodéputée Alexandra Geese (Les Verts, écologistes) : « On devrait interdire l’utilisation de toutes les données personnelles ». Une ambition pourtant portée à l’origine par le Parlement, mais finalement abandonnée sous la pression des États membres. 

Le nouveau règlement impose l’identification claire de toute publicité à caractère politique. Les contenus devront s'habiller d’une bannière qui détaille leur contexte électoral, la manière dont ils sont financés et l’identité de leurs parraineurs. « C’est difficile de faire la différence entre les avis politiques et la publicité politique », observe Sabine Verheyen (PPE, droite) : « Nos électeurs ont besoin de transparence, de savoir ce qui est de la publicité et qui est derrière la publicité. »

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