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La ferveur de la nuit, le silence du jour

Le début du film laisse présager un scénario classique : l’itinéraire d’une jeune transfuge, tiraillée entre deux univers opposés. Les règles du foyer familial de jour, la liberté des rues de la capitale de nuit. Mais rapidement, une faille s’ouvre, et l'œuvre dépasse la trajectoire escomptée. Alors que son entourage familial lui rappelle sans cesse sa destinée de future femme mariée – à un homme – Fatima se cherche et tente, en secret, d’appréhender son attirance pour les femmes. Une quête d’identité qui la bouscule, et la pousse à opter d’abord pour des rencontres sous une fausse identité. Parallèlement, elle croise la route de Ji-Na, jeune infirmière coréenne tourmentée, avec laquelle elle va vivre sa première histoire d’amour. Goûtant à la vie estudiantine jusqu’à ses excès, Fatima explore sa sexualité, mais reste prisonnière des attentes de sa famille et d’un questionnement insoluble sur son rapport à la foi. Un cheminement complexe, matérialisé à l’écran par des silences forts, des jeux de contrastes et de reflets, sur les fenêtres tristes du métro parisien. 

Sans parvenir à entièrement se libérer du schéma attendu d’un roman d’apprentissage, La petite dernière se distingue par sa mise à l’honneur, en images, de l’amour au féminin. L’amour conflictuel mais sincère que se portent Fatima et ses sœurs. L’amour inconditionnel d’une mère soutenant sa fille sans égard pour ses choix. Et l’amour amoureux que peuvent se porter les femmes, et dont le 7e art a tant tardé à s’emparer.

Clémentine Soupart--Lejeune

Édité par Esther Dabert

« J’ai eu un coup de cœur, c’est difficile à expliquer. J’ai été touchée par son regard, par ce qu’elle dégageait. » C’est en ces termes qu’Hafsia Herzi relate sa rencontre avec Nadia Melliti, protagoniste de son dernier film, La petite dernière. Le long-métrage a permis à la jeune actrice de décrocher le Prix d’interprétation féminine du festival de Cannes. Un aboutissement rendu possible par la rencontre fortuite entre deux femmes, réalisatrice et actrice en herbe, qui fait écho au scénario du film, présenté en avant-première jeudi 18 septembre, au cinéma UGC de Strasbourg. Il sortira en salles le 22 octobre.

Écran noir. On découvre Fatima de dos, ses longs cheveux sombres couvrant ses épaules nues, se lavant minutieusement le visage et les mains. Puis à nouveau, récitant une prière, avant de jeter un regard sur l’horizon de grands ensembles gris qui se déploie depuis sa fenêtre. La jeune femme de 17 ans, passionnée de football, vit avec sa famille en banlieue parisienne, petite dernière d’une fratrie de trois soeurs. Élève brillante, elle évolue dans un cercle d’amis exclusivement masculin, au sein duquel la violence des mots laisse peu de place à l’ouverture et la nuance. Avec l’obtention d’un baccalauréat littéraire avec mention, le parcours de Fatima connaît un premier tournant : la perspective d’un cursus prestigieux à la faculté de philosophie de la Sorbonne. 

Hafsia Herzi est venue présenter son dernier film en avant-première. © Clémentine Soupart--Lejeune

Jeudi 18 septembre, le cinéma UGC de Strasbourg présentait, en avant-première, « La petite dernière ». Le film, réalisé par Hafsia Herzi, a été récompensé lors de l’édition 2025 du festival de Cannes et sortira le 22 octobre. Une oeuvre singulière, qui retrace la quête identitaire d’une jeune femme, tiraillée entre des univers à priori inconciliables. La projection a été suivie d’un échange avec la réalisatrice.

La lutte dans la rue hier, les discussions politiques aujourd’hui. Dans la matinée du vendredi 19 septembre, les huit organisations syndicales, parmi lesquelles la CFDT, la CGT et Solidaires, se sont réunies pour faire entendre leurs revendications, concernant notamment la lutte contre l’austérité budgétaire. Dans un texte commun, elles demandent l’abandon de la réforme de l’assurance chômage, la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires, le retrait du projet de « doublement des franchises médicales », et le retour du 1er mai férié et chômé.

Les syndicats souhaitent « maintenir la pression » sur le gouvernement, et brandissent la menace d’une nouvelle journée de grève. La date butoire qu’ils laissent au Premier ministre Sébastien Lecornu pour qu’il réponde à leurs revendications : mercredi prochain. Ils préviennent : « si d’ici au 24 septembre, il n’a pas répondu à leurs revendications, les organisations syndicales se retrouveront pour décider très rapidement d’une nouvelle journée de grève et de manifestations ».

Le catalyseur « Bloquons-tout »

L’Intersyndicale, réunie pour la première fois depuis le rassemblement contre la réforme des retraites, se félicite de l’étendue de la mobilisation du 18 septembre. Celle-ci a compté davantage de manifestants dans les rues que la première journée du mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre. Il y aurait eu entre 500 000 - pour la police - et 1 million de manifestants, pour les syndicats. Cela « confirme la colère et la détermination des salariés, privés d'emploi, jeunes et retraités », s’enthousiasment-ils.

A l’issue de cette deuxième journée de grève d’ampleur, Sébastien Lecornu avait annoncé travailler sur les requêtes et vouloir « poursuivre le dialogue » avec les organisations syndicales.

Eva Lelievre

Edité par Wiliam Jean

Mon fils, ma cavale

L’audience s’attarde par contre sur cette cavale de sept mois, racontée par le prévenu comme si elle avait duré une semaine. « J’ai pu faire un bisou à mes enfants, travailler dans un village vacances à Obernai, et revenir me rendre à la police en septembre pour demander de l’aide », détaille-t-il. Pas convaincu, le président le recadre : « Le meilleur moyen d’être un bon père reste encore d’arrêter de commettre des infractions ». Il poursuit en le sermonnant qu’il « ne faut pas boire comme ça quand on a quatre enfants ». La procureure requiert du ferme, et son avocat plaide une peine aménagée, un peu déboussolé d’être plus modéré que son client. Pas de quoi faire paniquer Julien R., qui tient à l’affirmer pour son dernier mot : « Je suis parano et pressé d’aller en prison pour me soigner ».

Après délibération, il retourne en détention pour cinq mois ferme avec mandat de dépôt. Julien R. semble partir serein sur son chemin de guérison, et souhaite bonne journée au tribunal en quittant la salle. Une fois le box vide, la défense laisse échapper un commentaire : « On a parfois des clients bizarres… »

Arthur Besnard

Edité par Esther Dabert

Ébouriffé et tatoué d’un pistolet sur le cou, Julien R. s’agite un peu derrière la vitre de son box en écoutant la liste de son casier judiciaire. Le quarantenaire a enchaîné les condamnations pour vol, escroquerie, violences sur conjoint, conduite sous stupéfiants, ou encore appels malveillants. Mais tout ça, la boisson lui a fait oublier : « Pour la plupart, j’avais 18 ans, j’ai même été testé à 4,8 g, l’alcool ça fait des dégâts », balbutie-t-il. Alcoolique assumé de longue date, il assure ne pas avoir eu accès à une cure en hôpital, faute de domicile fixe. Quand il est fait mention de ses quatre enfants, il attrape le mouchoir que lui tend le policier à sa droite et laisse échapper un sanglot.

« Il faut me comprendre »

Julien R. évoque son passage en placement extérieur. Un hôtel F1 géré où il a été envoyé pour soigner son addiction une fois condamné. Transféré en prison pour mauvais comportement, il tente de se justifier : « Il faut me comprendre, je venais de perdre mon père et je ne voyais plus mes enfants ». Inondant le juge d’explications, il estime qu’il n’aurait jamais pu s’y soigner : « Tout le monde boit là-bas, je préfère encore la prison ! ».

En détention, il tente de se sevrer, dans une cellule où il n’avait « même pas une cigarette par jour ». Mais voilà qu’en mars 2025, il décide de s’évader « pour profiter de (ses) enfants ». Dans des explications interminables, il raconte s’être fait repérer par des contrôleurs dans le tram, et être revenu aussi pour aider son fils, qu’il dit impliqué dans « des problèmes avec un tchétchène ». Là, les versions du président et du prévenu divergent dans un échange tendu et incohérent, le magistrat estimant que « monsieur R. vit dans un autre monde ». Agacé, le juge coupe court et rien de plus n’est dit sur l’évasion ou l’incarcération.

Le prévenu avait déjà un casier judiciaire chargé. © Unsplash

Jeudi 18 septembre au palais de justice de Strasbourg, Julien R. a été condamné à cinq mois ferme pour s’être évadé de prison depuis mars dernier.

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