Nouvel éclairage, rénovation du bâtiment et augmentation du nombre de magasins : la gare voudrait se hisser au standard européen mais aura du mal à y arriver.
Dans le hall sud de la gare, les ouvriers, dissimulés derrière de larges palissades s’affairent et les coups de marteau retentissent. Quinze ans après l’installation de la verrière de 6 000 m², les travaux ont repris. Débutés en mars 2022, ils devraient se poursuivre jusqu’à l’été 2024 pour un coût de six millions d’euros. Le projet implique une rénovation du bâtiment principal, un meilleur accueil des personnes en situation de handicap et surtout, une nouvelle offre commerciale. L’ambition affichée : se mettre à niveau des grandes gares européennes. Il faut dire que la gare de Strasbourg accueille 59 milliers de voyageurs par jour ; un chiffre en constante augmentation entre 2015 et 2019.
Outre le besoin d’aménager des espaces d’attente confortables, la SNCF veut créer “une gare pour vivre”, explique Christelle Delplanque, directrice communication de SNCF Gares & Connexions Grand Est. Le but recherché par les travaux est aussi “d'engranger du chiffre d’affaires”.
Après les travaux, le magasin Relay sera agrandi de 80 m2. © Julie Revol
Chaque jour, près de 60 000 voyageurs transitent par la gare strasbourgeoise. © Océane Caillat
40 % de surface supplémentaire
À la suite des travaux, la surface commerciale en gare passera de 1 840 à 2 600 m². Une boutique supplémentaire verra le jour et les 14 autres seront agrandies. Le magasin Relay en sera l’un des bénéficiaires. “Nous avions deux magasins avant les travaux. [...] Il a fallu fermer celui du hall nord (pendant la première phase du chantier, ndlr). Une partie de l’activité a été perdue mais on va la retrouver ensuite”, explique Vincent Bourelle, le responsable des opérations SNCF Grand Est du groupe Lagardère qui détient les deux magasins Relay présents en gare. Une fois que tout sera terminé, le magasin situé dans le hall central gagnera 80 m² supplémentaires. Les voyageurs pourront profiter majoritairement de commerces de bouche ainsi que de boutiques d’accessoires, d’hygiène et de beauté ou encore d’un magasin de presse, multimédia et culture.
Comparée avec des gares de même envergure, l’offre commerciale strasbourgeoise demeure à la traîne. Une situation en partie liée au statut du bâtiment. Construite en 1883 sous l’empire allemand, la gare est classée monument historique depuis 1984. La législation interdit toute modification ou destruction du bien sans accord du ministère de la Culture.
La comparaison avec la gare de Lille Flandres est éloquente. Les deux gares accueillent le même nombre de voyageurs par jour selon Open Data SNCF. Mais celle de Lille Flandres reçoit aussi 27 000 de non-voyageurs. À Strasbourg, ces derniers ne sont que 11 000.
Un manque de coordination
Les ambitions commerciales de la SNCF butent aussi sur un problème de propriété. Si elle possède en effet le rez-de-chaussée, c’est la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) qui possède l’étage -1 qui conduit aux quais du tramway. Lors de l’aménagement de la station, cet espace était occupé par des commerces, dont une boulangerie Paul. Désormais à l'exception de Velhop, les stores de ces locaux restent baissés en raison d'infiltrations dues à des problèmes d’étanchéité liés à la verrière. Ce lieu présente pourtant un vrai potentiel en raison des nombreux passagers qui y déambulent. Selon la ville, des réflexions seraient cependant en cours pour y proposer des activités adéquates.
Du côté de la SNCF, l’urgence des travaux est d’autant plus grande qu’elle s’apprête à recevoir le Réseau express métropolitain européen (REME). Un programme d'élargissement de l’offre de trains porté par l’Eurométropole et dont la première phase est inaugurée le 11 décembre. Un projet qui, par cette nouvelle cadence ferroviaire, devrait augmenter la présence de potentiels clients en gare. Lorsque le REME sera totalement déployé en 2023, les travaux de la SNCF se poursuivront encore pendant près d’un an. Un manque de coordination significatif entre l'Eurométropole et la SNCF qui sonne comme un faux départ ou une correspondance manquée.
Océane Caillat et Julie Revol
La gare de Strasbourg, en nombre de commerces, souffre de la comparaison avec d'autres établissements. © Julie Revol