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La grande artère du quartier Gare ne cesse de renouveler ses activités, comme le montrent les images d'archives.

Au début du XXe siècle

Au début des années 1900 la rue du Faubourg-de-Saverne paraît méconnaissable. La pharmacie Saint-Jean borde le quai du même nom, aujourd’hui remplacée par l’agence d’intérim Supplay. Le tramway d’époque partage l’avenue avec des calèches tirées par des chevaux. Les piétons arpentent l’allée, les vélos ne sont pas aussi omniprésents qu’aujourd’hui. Sur ces images d’antan, les bars, hôtels et restaurants semblent constituer la majorité des commerces le long du trottoir.

Décennie 70 sous le signe de l'automobile

Dans les années 1970, le visage du Faubourg change. Le tramway et les hippomobiles laissent place à la voiture. Hôtels et restaurants disparaissent, remplacés par de nouvelles enseignes beaucoup plus variées. À l’image du QG Store, qui vend du surplus d’équipements militaires et du matériel d’autodéfense. C’est l'une des plus anciennes boutiques encore ouvertes aujourd’hui. Elle doit une part de sa longévité à la particularité de son offre. “La proximité de la gare est un atout qui permet aux militaires de venir s’équiper chez nous”, explique le responsable du magasin depuis sept ans, Fabrice Mentré.

Au croisement du boulevard du Président Wilson, les voitures d'aujourd'hui remplacent les hippomobiles des années 1920. © Patrick Hamm / Keziah Cretin

À peine moins ancien, le Bric Electronic est arrivé dans les années 1980, signe de l’entrée dans l'ère des appareils électroniques. Le tabac Karakavak s’implante dans les années 1970, le restaurant Bodrum en 1990, l’emblématique Troc’afé s’installe en 1995. Selon Camille Rocchi, présidente de l’association des commerçants, la longévité de ces établissements s’explique parce que “ce sont surtout des commerces de quartier dont la clientèle est fidèle”.


L'album photo de commerces du Faubourg-de-Saverne. © Pauline Beignon et Keziah Cretin

 

En 2000, l’intérim s'installe

Un autre symbole de la transformation du Faubourg-de-Saverne ces vingt dernières années est l’installation en nombre d'agences d'intérim. “Manpower est arrivé au début des années 2000, puis d’autres, aujourd’hui il y en a cinq dans la même rue”, témoigne Sophie Veith, responsable de l’agence Manpower depuis 2011. La dernière à rejoindre le Faubourg, Morgan Service, est arrivée en 2018.

Cette augmentation fait écho au développement de l'intérim en France, facilité notamment par l’adoption de la loi Borloo en 2005. Grâce à cette dernière, les agences peuvent recruter en CDI et CDD. D’après Céline Brenner, responsable de Samsic Emploi, la concentration d’enseignes n’est pas un handicap : “Un intérimaire qui vient dans l’une des agences, viendra aussi dans les autres pour avoir plus de chances d’obtenir une mission.”

Années 2010, le tramway revient

Près d’un siècle après sa première installation, le tramway reprend du service rue du Faubourg-de-Saverne, le 27 novembre 2010. Un retour décevant pour certains commerçants et réjouissant pour d’autres. “Le tram ne nous a rien apporté, à part le bruit", constate Édith, salariée de la boutique Bric Electronic depuis une vingtaine d’années. La commerçante décrit un changement radical, mais pas dans le sens attendu. “On n’a pas plus de visites qu’avant mais avec l’arrivée de la piste cyclable, c’est devenu le bazar, il y a des vélos de tous les côtés.” 

À l'inverse, les boutiques arrivées plus récemment voient le tramway d’un bon œil. “On a gagné en visibilité car davantage de personnes passent dans le Faubourg”, assure Guy Pensavalle, propriétaire du magasin Cityzen Bike. 

Vue du premier tram du Faubourg construit par les Allemands en 1903, et sa version actuelle. © Patrick Hamm / Pauline Beignon

Aujourd'hui, roulement continu 

Smail Belaroussi, propriétaire du MShop, un magasin de vente de produits électroniques, est l’un des derniers venus. À ses yeux, le Faubourg présente l’avantage d’un loyer moins cher que dans le centre-ville. Mais le magasin ne représente que 20 % de son chiffre d’affaires. Les 80 % restants proviennent des ventes sur internet. "L'intérêt d’avoir une boutique au Faubourg-de-Saverne, c’est avant tout d’être visible et de rassurer la clientèle qui commande sur internet”, explique-t-il.

En 2022, l’histoire économique du Faubourg-de-Saverne continue de s’écrire. Signe d’un renouvellement constant des enseignes, l’agence Adecco Médical a quitté le quartier au mois d’octobre et le restaurant Mandala va s’étendre avec la création d’un bar à cocktails. 

Pauline Beignon et Keziah Cretin

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