Les trois grands parkings à proximité de la gare totalisent plus d’un quart de l’offre de places dans le centre-ville de Strasbourg. Un business rentable.
Il est 8 heures lorsque Véronique franchit les barrières du parking Wodli, au volant de son SUV. Comme tous les jeudis matin, cette Strasbourgeoise prend le train pour se rendre à Mulhouse. Elle stationne dans ce garage en silo de dix étages, situé sur le boulevard du président Wilson. “Il y a la gare à côté, c’est plus pratique !”, s’exclame-t-elle. Il lui suffit d’une minute pour claquer la portière et rejoindre son train à pied, en empruntant la plateforme du deuxième étage qui mène directement au quai.
Une clientèle diversifiée
Comme elle, des centaines d’automobilistes déposent leur véhicule chaque jour dans l'un des trois parkings implantés à proximité de la gare. En plus du Wodli, quelques centaines de mètres plus loin, le Sainte-Aurélie, sur le boulevard de Metz. Mais aussi le Courte durée, sous la place de la gare. À eux trois, ils totalisent 1 700 places de stationnement. Soit 27 % de l’offre du centre-ville de Strasbourg, c’est-à-dire les parkings de la Grande-Île et du centre commercial des Halles.
Les voyageurs peuvent rejoindre la gare en une minute depuis le parking Wodli. Exploité par Indigo, il a été construit en 2007 pour l'arrivée du TGV à Strasbourg. © Erwan Drouillac
En début d'après-midi, une voiture entre dans le parking Courte durée situé sous la place de la gare. © Guillaume Colleoni
Ce mercredi après-midi, sur les 955 places qu’offre le Wodli, plus aucune n’est libre. “C’est comme ça du mardi au vendredi”, explique un employé. Résidents du quartier, professionnels de passage, voyageurs : la clientèle est diversifiée. Elle a augmenté depuis 2007 avec l’arrivée du TGV. Le parking Wodli, exploité par Indigo, a été construit à cette occasion. Deux ans plus tôt, des travaux d’agrandissement étaient menés au Sainte-Aurélie pour accueillir plus d’automobilistes.
Une activité lucrative
La localisation en entrée de ville attire les investisseurs, dont les entreprises de location de véhicules. “Europcar s’est implanté il y a environ un an”, explique un employé du Wodli. “Jusque là, ils louaient les places à Indigo, maintenant ils construisent un local ici”, au quatrième étage du parking. Au Sainte-Aurélie, presque deux étages entiers sont réservés à ces entreprises.
L’entreprise Parcus, qui concentre toutes ses activités dans le Bas-Rhin, exploite notamment le Sainte-Aurélie. Avec les 21 ouvrages qu’elle gère, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 9,8 millions d’euros en 2021. Et pas moins d’1,2 million d’euros de résultat net après impôts. Resté stable ces dernières années, ce montant se compose essentiellement des recettes horaires et des abonnements. Jour, nuit, week-end… Pour les différentes formules, les tarifs sont fixés en accord avec la mairie : 281 € par trimestre pour les résidents du quartier, contre 420 € pour les autres.
Ce business florissant a poussé le Wodli, en 2020, à s’enrichir de nouveaux services. Bornes de recharge pour les véhicules électriques, atelier de réparation pour les cycles, espaces à vélos de 100 places… Des innovations qui répondent à de nouvelles demandes et permettent d’engranger des recettes supplémentaires.
Guillaume Colleoni et Erwan Drouillac
Des particuliers louent leurs places de parking. Une source de revenus pour eux, une alternative aux garages en silo pour les automobilistes.
Murielle s’est installée à proximité de la gare il y a une dizaine d’années. Locataire d’un appartement, cette commerciale de 42 ans rencontrait des problèmes pour se garer. Elle a alors investi environ 13000 € dans une place de parking, rue du Faubourg-de-Saverne. Quelques années plus tard, elle déménage à la campagne. Mais elle décide de garder son emplacement pour le louer à d’autres particuliers et compléter ses revenus. Comme Christine, qui sous-loue le sien 80 € par mois. Yann, quant à lui, investit dans l’immobilier depuis plus de deux décennies pour préparer sa retraite. Il cible les boxes et les places de parking. Sur la dizaine qu’il possède à Strasbourg, il en loue cinq au quartier Gare.
Des tarifs avantageux
C’est un secteur “très recherché”, selon Yann. Pour lui, c’est la difficulté à s’y garer qui pousse à opter pour la longue durée. La mairie “a mal pris en charge la problématique du stationnement”, affirme-t-il. La clientèle ne se limite pas aux usagers du train. Le dernier locataire de Christine travaillait dans le secteur des Halles et s’y rendait en voiture.
Le parking Sainte-Aurélie a été agrandi en 2005. © Erwan Drouillac
Les parkings du quartier sont concentrés autour de la gare, facilitant l'accès aux quais. © Guillaume Colleoni
Effet d’aubaine pour les particuliers : le quota fixé par la mairie pour les véhicules thermiques chez Parcus et Indigo est atteint. Ces privés louent aussi leurs places à des tarifs plus avantageux. Entre 80 et 100 € pour le mois, contre 100 à 120 € aux parkings Sainte-Aurélie et Wodli. Y garer sa voiture une dizaine d’heures par jour revient à environ 8 €. En huit à dix jours, une location chez un particulier est déjà rentabilisée.
Guillaume Colleoni et Erwan Drouillac