Ouvert à la fin du XVIIIe siècle, À L’Aigle, devenu en 2015 le bar L’Aigle “Chez Max”, est le vestige d’une époque où six auberges cohabitaient dans la commune. Ce soir, rue de la Mairie, ne reste que le néon rouge de l’enseigne pour tenir tête aux lampadaires. “Ici, il n’y a rien d’autre !”, regrette Denis, habitant du village. Invité par une amie, il vient pour la première fois.
Il est 5h30. La nuit s’achève. Les männele, à peine sortis du four, sont installés dans la vitrine, aux côtés des petits pains, prêts à être dégustés par les lève-tôt.
Roxane Guesdon et Alexia Sabatier
Adrien appuie sur le bouton pour autoriser l’ouverture de la porte blindée de l’armurerie Recht de Wolfisheim. Avec son frère, Émilien, ils sont les visages du magasin, fondé dans les années 1980 par leur grand-père, alors boulanger à Eckbolsheim. Ancien champion du monde de tir, Raymond Recht avait décidé de se lancer dans ce commerce après avoir réalisé que les clubs de tir français n’avaient pour arme que des “tubes en métal avec un bout de bois”. Inadmissible pour l’Alsacien, qui avait frappé à la porte des fabricants allemands. La jeune armurerie Recht devient ainsi importateur historique notamment de Steyr et Walther, deux marques de tir sportif. Son credo : la qualité et rien que la qualité. Les fils de Raymond Recht ont ensuite élargi la gamme de modèles proposés.
Coup de sifflet de l’arbitre, le Racing Club de Strasbourg mène 1-0 à la mi-temps. Soulagés, quelques supporters profitent de la pause pour commander une nouvelle bière et refaire le match. C’est “Chez Max” à Wolfisheim, qu’une vingtaine d’hommes, les yeux rivés sur la télé, se retrouvent pour supporter leur équipe de football en déplacement en Suède, ce 6 novembre.
À Wolfisheim, L’Aigle “Chez Max” reste le dernier bar où se rencontrer. Discussions autour d’un verre et jeux à gratter rythment la vie de l’établissement et permettent aux clients de rompre la solitude. Maxime Schell, son gérant, tente d’élargir sa clientèle.
Un rythme difficile à tenir
Ces horaires nocturnes ont des conséquences sur la santé. Côté alimentation, trouver son rythme n’est pas une mince affaire : “J’en ai pas mal souffert, souligne Sylvain Trotignon. À quelle heure tu manges, en quelle quantité... On se bousille vite l’organisme. Quand on rentre, soit on mange des pâtes comme d’habitude, soit c’est McDo, et là ça devient compliqué.” Pour tenir, le gérant essaye de garder la forme en allant à la salle de sport deux fois par semaine.
Transmettre son entreprise et son savoir-faire peut relever du défi. La preuve avec un garagiste, un armurier et un tapissier.
La micro-forêt de Wolfisheim située le long du canal de la Bruche. © Nina Brulaire et Robin Grange
Des horaires nocturnes contraignants qui offrent l'avantage d’échapper aux embouteillages. En voiture ou à moto, le patron et les employés habitent tous dans un rayon de six kilomètres et arrivent en quelques minutes à L’Authentique.
Leurs conditions de travail ont beaucoup évolué au cours des trente dernières années. “En boulangerie, on était les champions du monde [de la pénibilité]”, souligne le gérant. Avant l’arrivée de machines programmées, les boulangers démarraient généralement à 20h. Aujourd’hui automatisées, elles permettent de planifier la poussée des pains et viennoiseries. Cette avancée considérable en fait “un métier plus conventionnel”, selon Sylvain Trotignon.