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Le futur de l’agriculture

Les changements se font aussi à plus grandes échelles. Le soja représente désormais 7 % de leurs cultures. Cette plante capte l'azote, un engrais naturel très puissant présent dans l’air, et le stock dans la terre. Ainsi, les cultures suivantes auront moins besoin d’être fertilisées.

Les food trucks séduisent même au-delà de la ZA. Devant le camion de Jérémy Lekieffre, un chauffeur routier de passage et les gendarmes de Wolfisheim, des habitués, s’arrêtent pour manger. Nezvat Bagg ne cache pas sa fierté d’avoir réussi à attirer des fidèles de son ancien restaurant de Strasbourg : “Je fais se sentir les gens chez eux. Donc, même si c’est dans unezone industrielle, ils viennent.”

L'urbanisation de Wolfisheim entraîne l'arrivée de nouveaux habitants attirés par un cadre rural préservé. Une aubaine pour les promoteurs immobiliers, un crève-cœur pour les Wolfisheimois de toujours.

Les évolutions des conditions sur le terrain les poussent à faire des changements : “On a dû arrêter les pommes de terre. On n’arrivait pas à se débarrasser du taupin”, se rappelle Mathias. Ses larves, très friandes des tubercules, prospèrent les années humides, altérant les récoltes. Pour éviter ces ravages, les deux frères reprennent la recette de leur père ; ils investissent. Ils souhaitent construire un silo et un séchoir à grains afin de stocker leurs céréales dans de bonnes conditions. Ils pourront ainsi revendre la récolte annuelle plus chère à leur coopérative. Il y a trois ans, ils se sont mis à la culture de la rhubarbe, dont ils vendent la production aux pâtisseries de Strasbourg. Un bon pari qui leur permet de contrôler leurs prix de vente. “Pour l’instant, la rhubarbe est presque anecdotique par rapport à nos cultures classiques, mais on voudrait en faire plus”, affirme Mathias. Il assume de suivre les tendances : “On change tous nos manières de faire, même si on ne le dit pas trop. Ça nous pousse à produire de la qualité. On a une réputation à tenir maintenant.”

Occupé et entretenu pendant trois décennies par l’armée de 1966 à 1996, le fort Kléber, lui, est opérationnel lors de son rachat par la commune. Elle met à disposition les salles de l’édifice aux associations dès 1998. Le parc est ouvert aux visiteurs en 2010, après l’aménagement des extérieurs. “On était fier de dire qu’un ouvrage construit pour la guerre a été détourné pour l’art et les enfants”, soupire Laurence Meyer, adjointe au maire et ancienne présidente de l’Association des amis du fort Kléber.

Le godet du tractopelle qui sort de terre laisse apparaître la percée de l’évacuation du bassin d’orage au sud de Wolfisheim. Un bruit sourd retentit depuis l’escalier qui s'engouffre dans l'ouvrage souterrain. À l’intérieur, d’immenses colonnes soutiennent l’édifice circulaire capable de stocker 1750 m³ d’eau. 

Les ouvriers s’échinent sur le chantier depuis juillet 2024. À la fin d’année, on aura fini le gros. Mais on aura encore à faire jusqu’à fin février, précise Hugo Gillot, le conducteur des travaux, paré d’un casque bleu et de vêtements réfléchissants orange. Actuellement, quand le système d’assainissement atteint sa capacité maximale, il déverse directement l’excédent dans les cours d’eau alentour. Par temps sec, les eaux usées rejoignent la station d’épuration de La Wantzenau. À l’issue des travaux, ce bassin couvert recueillera les eaux usées et pluviales qui arrivent par les canalisations du réseau et y resteront stockées. Seul le surplus sera reversé dans la Bruche. 

Il n’est d’ailleurs pas le seul à avoir investi la ZA. Tous les mercredis depuis six ans, sur un emplacement loué auprès de la mairie, Jérémy Lekieffre gare son Dernier Truck avant la Faim du Monde. “Si je reviens, c’est que ça marche ! C’est le seul endroit où je travaille qu’une heure.” Il sert en moyenne une trentaine de clients le midi, avec un succès marqué pour l’onglet de bœuf à 12 euros. Il est vrai qu’avec 515 entreprises et 2 941 emplois, la ZA d’Eckbolsheim promet des perspectives intéressantes.

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Sean McGinley, à droite, imprime une atmosphère détendue lors de son cours de jazz du jeudi soir, à l’école de musique d’Eckbolsheim. © Baptiste Domergue

 

 

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