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Localisation des food trucks de la zone d’activité d’Eckbolsheim. © Enora Moreau

Embauchée par le Théâtre jeune public (TJP) de Strasbourg entre 1983 et 1985, la théâtreuse est intervenue dans plus de 110 écoles alsaciennes pour démocratiser l’art dramatique, jusque dans les milieux ruraux. Elle fait perdurer cette initiative avec Thenso, l’association de théâtre qu’elle crée à Wolfisheim en 2016. “Elle s’engage beaucoup sur ce qu’elle fait, elle a ses idées bien en tête”, affirme Bruno Knaub, ami de Christa et habitant de la commune. Des masques aux formes absurdes, des costumes colorés, des sons originaux et même du mime : voilà comment Christa conçoit son art, tout droit inspiré du Théâtre du soleil d’Ariane Mnouchkine. Une vision qui fédère. “Elle a impulsé l’amour du jeu à beaucoup de personnes”, souligne Arnaud, “petite main” de Thenso. “Elle est tellement passionnée qu’elle nous le transmet au plus profond de nous”, confirme Mathilde, une jeune comédienne et adhérente.

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Mathias Ostermann commence sa journée en semant le blé. © Paul Schneider

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Cartographie de l'immobilier et des espaces boisés à Wolfisheim © Naelysa Boubtita et Clément Vaillat


Les pays d’origine des artistes étrangers s’étant produits sur la scène du Wolfi Jazz ces trois dernières années.

© Colin Berson et Baptiste Domergue

Le fort Kléber de nos jours

L’expansion démographique de Wolfisheim reflète une dynamique plus large. En France, les secondes couronnes des grandes agglomérations connaissent une urbanisation accélérée, selon un rapport de France Stratégie. “L’atout de Wolfisheim est qu’elle ne se transforme pas en ville-dortoir”, pondère Benoît Vimbert, directeur de recherche à l’Agence de développement et de l’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise. “La plupart des services y sont disponibles comme en ville, tout en gardant son esprit de village.” Rose et Elsa, adolescentes natives du village des loups, résument : “Ici, c’est un peu l’entre-deux : on a tout.”

Naelysa Boubtita et Clément Vaillat

L’agriculture paie le prix fort de l’artificialisation. Sur 337 hectares urbanisés dans le Bas-Rhin entre 2012 et 2018, 92 % étaient des terres agricoles selon l’Insee. Les projets d'urbanisation sont majoritairement conduits à proximité des villes. À elle seule, Strasbourg en concentre 47 %. Environ la moitié des surfaces artificialisées vont au logement, indique Dominique Metreau, chef de la gestion du territoire à la chambre d’agriculture du Bas-Rhin. Le reste est équitablement réparti entre le transport et les zones industrielles et commerciales.

Le fort Kléber à l’époque militaire

La résistance au dortoir

Au bar PMU “Chez Max”, où les habitants de toujours ont l’habitude de se retrouver, la transformation urbaine ne suscite pas l’enthousiasme. Bernard, “né sur la  commune”, se moque gentiment de “ces maisons Playmobil sans identité”. Ces “anciens” sentent leur fibre rurale s’affaiblir à mesure que les nouveaux ménages viennent chercher cette atmosphère de “village”. Les couples d’une quarantaine d’années avec enfants et les personnes âgées forment l’essentiel des acheteurs, confirme Mathieu Beyer, agent immobilier à Wolfisheim depuis quinze ans. “C’est le côté vert et campagne qui attire d’anciens citadins de Strasbourg”, explique l’entrepreneur de 49 ans. “Les gens se sentent loin de la ville, en étant tout proches.”

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