“Fais la passe !”, “Ici !”, “À gauche !”. Il suffit de longer le canal de la Bruche ou le complexe Pierre-Sammel pour entendre les U13 du Football club d’Eckbolsheim (FCE) s’époumoner à l'entraînement chaque jeudi soir.
Lorsqu’on lui demande comment est née sa passion pour le théâtre, elle écarquille les yeux comme pour saisir les souvenirs qui se bousculent dans sa tête. Son visage s’illumine. De sa voix rauque, Christa Wolff s’égare et raconte ses parties de balle aux prisonniers qui lui ont valu des heures de retard, ou la fois où “Petite Christa” s’est battue pour instaurer une section maths au lycée... La bavarde s’interrompt. Elle fixe sa tasse de café, reprend, avant de se perdre à nouveau.
Pour le transport, l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) procède à des expropriations “comme c’est systématiquement le cas pour ce secteur”, explique Dominique Metreau. En revanche, en matière de logement, “c’est plutôt la négociation à l’amiable qui prime”, précise-t-il. Cette situation se complexifie lorsque les agriculteurs louent des terres. Autour de Strasbourg, 90 % d’entre eux ne sont pas propriétaires. Les champs appartiennent en partie à l’EMS, aux mairies, à la Fondation Saint-Thomas, aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg ou encore à des particuliers. “On n’a pas de moyen de s’opposer, on ne peut rien faire quand c’est d’utilité publique, surtout quand on est locataire, bien qu’on soit prévenu 18 mois à l’avance”, se désole Philippe Grosskost.
“On sera condamnés ici”
Jean-Philippe Scheer, ancien agriculteur de 75 ans, aide encore son fils Thierry sur l'exploitation familiale d’Eckbolsheim. Le retraité a été amputé de plus d’une quarantaine d'hectares de maïs au cours de sa carrière, notamment au niveau de l’actuel Auchan à Hautepierre. Plus récemment, son fils a été délesté de 0,4 hectare avec la création du parking-relais du tram à Wolfisheim. Des pertes qu’il compense par le rachat de parcelles toujours plus en périphérie de Strasbourg. “On sera condamnés ici, mon fils ira s’étendre à Holtzheim, où nous avons récupéré des terres”, prophétise son père.
Ajouté à cela, la majorité des inscrits optent pour le paiement en trimestres proposé par l’école. Le directeur Thomas Ganzoinat regrette malgré tout les commentaires de certains élèves lors de leur réinscription : “C’est plus cher que l’année dernière !”
Lorsque l’on arrive au nord de Wolfisheim, l’odeur de fumier prend au nez. L’effluve persiste à travers le kilomètre de champs qui sépare la commune de sa voisine Eckbolsheim. Bientôt, la zone commerciale s’étendra le long de l’extension du tram F inauguré le 15 novembre. Un projet qui menace les surfaces agricoles encore cultivées : 360 hectares à Eckbolsheim, 220 à Wolfisheim. Ces terres sont en partie partagées par les cinq exploitants des deux communes. En 1960, ils étaient une cinquantaine.
Fondé en 1919, le club compte aujourd’hui plus de 300 licenciés évoluant dans 19 équipes. Chez les super vétérans (plus de 45 ans), de nombreux joueurs sont passés par les équipes de jeunes. Défenseur en équipe première, Tom Rohmer, 24 ans, a commencé le football à 5 ans : “J’allais voir mon père le dimanche et moi je jouais déjà sur le côté du terrain à ce moment-là.”
Les infrastructures du FCE ont toujours été reconnues comme un atout majeur. La qualité des pelouses fait sa réputation : en 2019, le Racing club de Strasbourg Alsace est venu disputer un match de pré-saison, “simplement parce qu’ils cherchaient un terrain de qualité”, précise Patrick Moebs, président depuis 2019. Tout le mérite revient au jardinier Richard Schultz, ancien joueur, décrit comme une “véritable pointure dans l’entretien des pelouses”.
Installé en 2004 au bord du canal, le complexe Pierre-Sammel s'est développé autour du terrain d’honneur du club.
La réduction des pesticides et des engrais fait partie intégrante de leur démarche, et pas uniquement parce que les prix ont flambé au fil des années. Les deux frères ne comptent pas pour autant se tourner pleinement vers une culture biologique. “On ne traite pas par plaisir. On met le moins de produits phytosanitaires possible, juste ce qu’il faut, reconnaît Mathias. Mais en ce moment, les prix de vente des productions bio sont les mêmes qu’en conventionnel, alors que ça demande bien plus de ressources.”