12 mars 2021
Jeudi 11 mars, le Parlement européen a proclamé l’Union européenne « zone de liberté LGBTIQ ». Cette prise de position symbolique est la première étape d’une série d’actions européennes visant à lutter contre l’homophobie et la transphobie.
L’Union européenne est désormais une « zone de liberté pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes et queer (LGBTIQ) ». Jeudi 11 mars, les eurodéputés ont adopté à une large majorité (492 pour, 141 contre, 46 abstentions) une déclaration qui inscrit dans les valeurs de l’Union la lutte contre les violences et les discriminations ciblant les personnes LGBTIQ.
« On ne s’arrêtera pas là. Ce vote symbolique ouvre une année législative qui sera importante sur ces questions », assure Pierre Karleskind, l’eurodéputé français (Renew - libéral) à l’origine du texte adopté. Celui-ci constitue en effet la première étape de la stratégie 2020-2025 en faveur de l’égalité des personnes LGBTIQ annoncée par la Commission européenne en novembre.
En Pologne, des positions partagées
La déclaration a bénéficié d’un large soutien politique. Les groupes ECR (conservateurs) et ID (extrême droite) ont été les seuls à s’y opposer car elle représente, selon eux, une menace pour l’équilibre de la famille telle qu’ils la conçoivent. Une position défendue par l’eurodéputé polonais Ryszard Legutko (ECR) : « En Pologne, la famille est une institution composée d’un homme et d’une femme. C’est dans notre Constitution et c’est un droit national. »
Membre du parti au pouvoir, il regrette que son pays soit régulièrement pris en exemple pour illustrer les discriminations vécues par les personnes LGBTIQ en Europe. Pourtant, ce sont bien les « zones libres de l’idéologie LGBT » polonaises qui sont implicitement visées par l’Union européenne. En mars 2019, la ville de Świdnik devenait la première commune à se déclarer comme telle - une manière de stigmatiser publiquement les membres de cette communauté. Depuis, une centaine d’autres collectivités locales ont suivi son exemple.
Robert Biedroń (S&D - socio-démocrate), militant LGBTQ et premier homme politique polonais à avoir fait son coming-out, est lui enthousiaste. « Je pense à tous ces jeunes garçons et filles dans mon pays qui découvrent leur orientation sexuelle. Cette déclaration qui les soutient et les protège, elle ne vient pas de leurs proches, de leurs ministres ou de leur président. Elle vient de l’Union européenne, et c’est ça qui est symbolique. »
Après le symbole, les actions
« Les proclamations bienveillantes nous réjouissent mais elles ne suffisent pas », tempère Terrence Catchadourian, secrétaire général de l’association française Stop Homophobie. « Il faut surtout adopter de nouvelles lois car il n’y a qu’elles qui peuvent réellement nous protéger et faire avancer nos droits. »
Un objectif que l’Europe entend mener. La commissaire chargée de l’égalité Helena Dalli a rappelé que les crimes de haine et les discours haineux, y compris ceux visant les personnes LGBTIQ, seraient inscrits dans les infractions pénales de l’Union européenne d’ici la fin de l’année.
Elia Ducoulombier