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Une semaine et un jour après le 10 septembre, qui a vu près de 200 000 personnes dans la rue pour soutenir le mouvement « Bloquons-tout », une nouvelle mobilisation se dessine. Cette fois, ce n’est pas un mouvement autonome mais bien les organisations syndicales qui sont à la manœuvre. Quels seront les secteurs touchés ? Les écoles seront-elles fermées ? À quoi s’attendre pour cette journée ?
10% des TGV seront perturbés
Selon la SNCF, 90% des TGV (Inoui/Lyria/Ouigo) circuleront, 3 TER sur 5 en moyenne et la moitié des Intercités. « Tous les clients » de ces lignes « bénéficient d’une possibilité d’annuler ou d'échanger leur billet sans frais », précise la SNCF dans un communiqué. Mais ces chiffres restent à pondérer. Selon les régions, des différences de conditions seront présentes. « Une journée très difficile » pour le ministre des transports démissionnaire Philippe Tabarot.
Une hausse du nombre de manifestants attendue
Selon des informations de France Info par une source proche de Beauvau, ce serait plus de 800 000 manifestants attendus dans la rue. Un nombre en nette hausse par rapport à la mobilisation du 10 septembre qui a réuni 200 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur. Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur démissionnaire, a fait passer des consignes aux préfets via un télégramme. Selon les informations de France Info, il aurait appelé les préfets à contrer « toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la nation ». Le dispositif policier sera comparable à celui de mercredi dernier, avec près de 80 000 policiers et gendarmes qui seront mobilisés sur le terrain.
90% des enseignant·es en grève
Du côté du corps enseignants, le premier syndicat de la profession, le FSU-SNUipp, prévoit un tiers d’enseignant·es en grève jeudi. Ce sont six des sept syndicats qui rassemblent plus de 90% du personnel public qui ont appelé à la grève. Chose rare, la majorité des syndicats de l’enseignement privé sous contrat est également en grève. « L’école publique a urgemment besoin de moyens à la hauteur et d’un véritable budget », affirme le FSU-SNUipp dans un communiqué publié mardi.
Des pharmacies fermées
De nombreuses pharmacies prévoient de baisser le rideau, jeudi, contre la baisse annoncée de 40 à 30 % des remises commerciales sur les médicaments génériques. Cette décision du précédent gouvernement avait été mise en place par un arrêté publié en août. Une pharmacie de garde devrait rester ouverte pour les urgences dans chaque ville.
Mobilisations du côté de la fonction publique et des hôpitaux
Dans la fonction publique, huit syndicats représentatifs des 5,8 millions d’agents ont appelé à la grève. Ces organisations sont particulièrement en colère contre la suppression de 3 000 emplois publics et le gel des rémunérations annoncé par le gouvernement Bayrou. Dans les hôpitaux, le mouvement suit l’intersyndicale. Mais une partie des agents pourrait réquisitionner des agents pour maintenir la « continuité des soins ».
William Jean
Édité par Lucie Porquet
18 heures 45, mardi 16 septembre. Le coup d’envoi de la première journée de Ligue des Champions est donné, entre le club espagnol de l’Athletic Bilbao et les Anglais d’Arsenal. Au pub The Dubliners, véritable enclave irlandaise au cœur de Strasbourg, Ambroise, 23 ans, a le regard rivé vers l’écran de télévision, une tension perceptible dans les yeux. Maillot d’Arsenal sur les épaules, pinte de bière brune à la main, commentaires sur le match ponctués de « Come on ! » : il a tout du supporter britannique.
Sauf qu’il n’est en rien originaire d’outre-Manche : Ambroise est né au Chesnay, dans les Yvelines, en région parisienne. Plutôt que de supporter le Paris Saint-Germain, comme la plupart de ses amis et de sa famille, il est un fier supporteur du club des Gunners du nord de Londres. Pourquoi ? « J’avais un ami au collège qui était fan de Mesut Özil (milieu offensif allemand, ndlr). Quand il signe à Arsenal en 2013, pour être sympa, j’ai commencé à regarder les matchs, et je n’ai jamais arrêté depuis. »
Arsenal, le club chouchou des Français
Comme Ambroise, beaucoup de fans de foot français supportent avec ferveur des clubs étrangers avec qui ils n’ont de prime abord aucun lien. Mathias, 23 ans, un des serveurs du bar, essaye du mieux qu’il peut de servir des bières tout en gardant un œil sur le match. Alors qu’il est originaire de la région lyonnaise, lui aussi est fan d’Arsenal : « C’est un peu par hasard, avoue-t-il. Ma famille n’était pas du tout foot. Mes frères ont commencé à jouer sur des sites de paris en ligne, et pour faire comme eux, je cherchais une équipe à supporter. Il y a cinq ans à peu près, j’étais moniteur et je bossais avec des Anglais. Un soir, ils m’ont emmené voir un match d’Arsenal : j’ai tout de suite aimé l’intensité du jeu de la Premier League (le championnat anglais, ndlr), et il y avait des joueurs que je connaissais. » Il rêve de pouvoir aller voir un jour un match de son équipe à l’Emirates Stadium, à Londres.
Arsenal est l’un des clubs qui attire le plus de supporters de l’Hexagone : l’histoire du club est marquée par un héritage français, avec des joueurs comme Thierry Henry, Robert Pirès, Patrick Vieira ou Olivier Giroud, et le légendaire entraîneur Arsène Wenger. Sur Facebook, les communautés de fans français du club atteignent des dizaines de milliers de membres.
Les Français aiment les Anglais, pas l’inverse ?
Quand, à la 72e minute du match, l’ailier gauche Martinelli ouvre finalement le score pour les Anglais, le bar, pourtant rempli de Français, prend des airs de borough londonien. La jeunesse strasbourgeoise s’empreint d’un accent British, et, bilingue le temps de 90 minutes, laisse éclater sa joie au cri des « Let’s go ! »
Mais l’inverse est-il vrai ? Les étrangers se prennent-ils de passion pour les équipes françaises ? Pour Luke, 21 ans, originaire de Liverpool, pas vraiment. « Les clubs français ? On en entend rarement parler, à part le PSG, atteste-t-il. Pour être franc, je pense que le niveau est bien meilleur en Angleterre, et il y a une vraie culture du football. » Pas de chauvinisme mal placé pour autant : « Je pense que les Français devraient essayer de supporter leurs équipes locales, il y a du bon niveau. Mais s’ils veulent supporter nos clubs, ils sont les bienvenus ! »
Même les plus « petits » clubs arrivent à séduire
Ce phénomène ne se cantonne pas aux « gros » clubs. Antoine, 22 ans, est un mordu de West Ham. Une équipe du milieu de tableau, qui se bat davantage pour le maintien en première division que pour les titres. Pourtant, Antoine en parle avec des étoiles dans les yeux. « J’adorais la couleur du maillot quand j’étais petit, donc j’ai commencé à regarder. Il y avait notamment Dimitri Payet à l’époque, et j’ai pu aller le voir au stade. Un de mes meilleurs souvenirs. »
Fini le temps des matchs au stade du coin le dimanche ? Les championnats étrangers, réputés meilleurs, attirent forcément un nouveau public. Faut-il y voir un déclin de l’attractivité du foot français ? Quoi qu’il en soit, le match d’Arsenal terminé, place à l’affiche entre le Real Madrid et l’Olympique de Marseille. Arrivent au compte-goutte des étudiants portant...des maillots du club espagnol.
Axel Guillou
Édité par Maud Karst
Cela fait deux ans que l’intersyndicale ne s’était pas réunie dans la rue. Après des réunions fin août, elle a appelé, début septembre, tous les secteurs à une grande journée de grève à travers le pays, ce jeudi. Sébastien Lecornu est déjà face à l’épreuve de la rue alors que son gouvernement n’est pas encore formé.
Dans l’Hexagone, nombre de fans de football supportent non pas leurs équipes locales, mais des équipes étrangères, et notamment anglaises. Alors même qu’ils n’ont aucun lien avec ces clubs, ils nourrissent une passion parfois due à la simple sérendipité.