15 octobre 2013
« Catastrophique, déplorable, pitoyable » : c'est ainsi que les ambulanciers décrivent la situation des routes autour et dans l'hôpital de Hautepierre. La conjonction des travaux du centre hospitalier universitaire (CHU) et du Plan de rénovation urbaine (PRU) provoque depuis six mois de lourdes perturbations.
(R.C. / Cuej).
Ca va encore changer ! Vendredi 18 octobre, le CHU de Hautepierre entamera une nouvelle phase de travaux en son sein, après les gros chantiers de cet été : ouverture d'un nouveau parking, fermeture d'un autre, nouvelle route vers les urgences. En attendant, voici les principaux points de blocage dans et et autour du site.
A) La démolition du pont Calmette
C'est le point d'accord entre tous les protagonistes : sa démolition, effective à la mi-juillet, est la source de nombreux tracas. Le pont Calmette, qui assurait à l'hôpital une desserte directe depuis l'autoroute, a été mis à bas dans le cadre du PRU, « pour désenclaver la maille Athéna du reste du quartier d'Hautepierre », comme l'explique Florence Graff-Vallat, chef de projet du plan de rénovation urbaine. Une maille Athéna dans laquelle des projets immobiliers sont en train de voir le jour.
La disparition de cette voie d'accès a rallongé d'une dizaine de minutes l'accès des ambulanciers aux portes des urgences et de l'hôpital. La faute à la fois à la démolition du pont lui-même, aux bouchons de l'avenue Molière, et aux travaux dans l'hôpital. Pour Tarik Ajjou, employé des ambulances de l'Orangerie, « ce n'était pas très judicieux de détruire le pont à ce moment-là, alors qu'il y a tous les travaux autour du CHU».
Il ne reste que des vestiges du Pont Calmette (Crédits G.N. / Cuej).
Une plainte entendue unanimement chez les ambulanciers privés, et partagée par le président du Syndicat départemental des ambulanciers privés. Franck Mader regrette « le manque de consultation autour de cette démolition », signalée « une quinzaine de jours auparavant » aux ambulanciers privés. Le CHU de Hautepierre devait être « le seul hôpital de France à disposer de sa propre bretelle d'autoroute », note dans un sourire sa directrice, Armelle Dion. Mais « maintenant, on revient dans le droit commun. Les services de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) disent que ca va marcher. On est tenté de penser qu'on aurait pu désenclaver la maille Athéna en gardant le pont. Il faudra faire un bilan une fois les travaux terminés. »
B) La chaussée d'accès aux urgences adultes
« Ca fait beaucoup de secousses. » La formule de Tarik Ajjou s'applique à de nombreuses routes de Hautepierre. Mais aussi à cette voie d'accès secondaire aux urgences adultes. Elle est devenue prioritaire du fait des travaux - mais cette voie était « faite pour desservir de petits bâtiments, pas pour être utilisée par de grosses ambulances », comme l'explique Armelle Dion.
Younsi Ilyes, ambulancier stagiaire, confirme, et pointe le problème spécifique : « Hautepierre est spécialisée en traumatologie, donc les secousses, c'est un risque d'accentuation des lésions, si on va trop vite. » Younsi met en garde les novices, peu au fait des nids-de-poules semés sur la chaussée.
Mais comme le rappelle Franck Mader, « la dégradation de cette chaussée, et les secousses que cela entraîne, ne crée pas de risque en soi pour les patients, car l'ambulancier va adapter sa vitesse, comme il le fait tout autour de l'hôpital. Mais cette attention est aussi une source de stress supplémentaire pour le conducteur. Mes employés me le font d'ailleurs remonter. »
Sur la route des urgences adultes, avec Natacha Hamm des ambulances Jussieu (R.C. / Cuej).
Cette route étroite ne sera bientôt plus qu'un souvenir pour les ambulanciers : le nouvel accès aux urgences, par l'avenue Dante, devrait être ouvert dès vendredi, en même temps qu'un nouveau parking de 450 places le jouxtant.
Tout est en place pour l'ouverture de la nouvelle route des urgences adultes (R.C / Cuej).
C) Le parking des ambulanciers
C'est l'un des sujets majeurs de la grogne des ambulanciers : la limitation des places disponibles durant la journée pousse certains particuliers et personnels de l'hôpital à garer leurs voitures dans la dépose-minute réservé aux ambulances. « J'ai vu la dernière fois une famille se garer sur une place réservée. Plus de places, je me gare en double-file, et après je me fais engueuler par la famille lorsque je reviens à l'ambulance », raconte Natacha Hamm.
Un sujet de discorde qui a fait l'objet d'une attention particulière de l'hôpital, et d'une réunion en juillet avec les compagnies d'ambulanciers. « Nos voix ont été entendues », indique Frank Mader. « On a tenu compte de la demande des ambulanciersde faciliter l'accès à la dépose-minute aux urgences », explique Armelle Dion, « mais la restriction du nombre de places fait que les gens se mettent où ils peuvent. Et en tant qu'hôpital, on ne peut pas verbaliser. » Et la directrice du CHU de rappeler qu'avec la construction d'un parking en silo lors de la dernière phase des travaux, en mars 2015, l'hôpital de Hautepierre sera doté de 2150 places en 2015. Contre 650 disponibles à l'heure actuelle.
Le nouveau parking est presque terminé (G.N / Cuej).
D) Sortie actuelle des urgences adultes
Une chaussée étroite, mais en relatif bon état. De la dépose-minute à la sortie par l'avenue Shakespeare, il ne faut que quelques minutes par la route secondaire, qui cèdera la place au nouvel axe prioritaire, pour sortir du CHU. Sortir, là est peut-être le problème : passer cette étape est difficile pour une grosse ambulance.
Depuis le parking des ambulanciers, jusqu'à l'avenue Racine (R.C. / Cuej).
E) L'avenue Racine, nouvelle chaussée... et nouvelles craintes
Le regard des ambulanciers et de la direction du CHU se tourne vers l'avenue Racine et sa voie de tram. Désormais, les ambulances, qui arrivent en urgence par l'avenue Molière croiseront non plus une mais deux lignes de tram, une fois effective, à la fin-novembre, l'extension de la ligne D. Idem avec l'entrée par l'avenue Dante « Il faut comprendre les besoins des co-utilisateurs », explique Armelle Dion. La direction du CHU « a organisé une réunion en septembre entre les ambulanciers du Samu et les conducteurs du tram, on va en organiser d'autres avec les pompiers et les ambulanciers privés. »
Au niveau de l'arrêt de tram "Hôpital de Hautepierre", avenue Racine (R.C. / Cuej).
Car « on doit trouver une solution pour l'ambulance en urgence qui doit attendre le tram, et éviter qu'un tram pile, avec 200 passagers qui se retrouvent aux urgences », explique Armelle Dion. Où l'on retrouve la question de la disparition du point d'accès aérien, le pont Calmette, qui assurait aux ambulances en service d'urgence un certain confort au moment de débouler, gyrophares allumés, sur le CHU de Hautepierre.
Raphaël Czarny