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La faculté de théologie musulmane à l'arrêt

22 septembre 2014

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A l'intérieur du bâtiment de la faculté libre de théologie musulmane, les travaux sont en train de se terminer.

Faute de reconnaissance du diplôme, les étudiants de la faculté libre de théologie musulmane sont partis continuer leur cursus en Turquie. Les responsables espèrent régler le problème et rouvrir l'an prochain, mais le projet reste vague.

Tout avait si bien commencé. En 2011, l'Union turco-islamique des affaires culturelles, la Ditib, profite d'un contexte favorable pour annoncer la création à Hautepierre d'une faculté libre de théologie musulmane, indépendante de l'université de Strasbourg. Dès septembre, une trentaine d'étudiants font leurs premiers pas sur le site, accompagnés d'enseignants venus de Turquie dans le cadre d'une convention d'encadrement académique signée avec l'Université d'Istanbul. Une ouverture éclair pour un projet qui va vite dérailler.

Des salles de cours pas aux normes

Première année, et déjà premier problème : les responsables de la Ditib se rendent compte que le bâtiment qui héberge les cours ne respecte pas le plan d'occupation des sols. Accessibilité pour les personnes handicapées, désamiantage, ventilation... tout est à refaire. « C'était un ancien bâtiment de formation de La Poste, donc on pensait qu'il était adapté à l'enseignement », explique Murat Ercan, chef de mission dans l'association Ditib et chargé du projet. « Malheureusement les normes ont évolué et on a dû effectuer de lourds travaux. Les quatre murs sont restés, mais dedans tout a changé ».

A l'intérieur du bâtiment, le gros des travaux semble terminé. Certaines pièces sont même déjà équipées de tableaux blancs. En attendant la fin du chantier (prévue pour 2015), la direction décide de déplacer les salles de cours dans un autre bâtiment de la Ditib, à quelques mètres de là. Un déménagement à la rentrée 2012 qui n'empêche pas l'ouverture d'une seconde classe. Puis d'une troisième un an plus tard, portant à 85 le nombre d'étudiants en formation.

Un diplôme non reconnu

Pourtant, en ce début d'année universitaire, la faculté n'accueille plus d'étudiants. En cause : l'absence de reconnaissance de la formation. Indépendante de l'université, la faculté libre ne pouvait prétendre délivrer un diplôme d'état français, mais avance avoir reçu des garanties côté turque. « On nous avait dit qu'à la fin du cursus, il y aurait une reconnaissance. Mais finalement on a appris l'an dernier que ce ne serait pas possible. Le Conseil de l'enseignement supérieur turc a refusé de valider le diplôme car nous portons un projet privé », déplore Murat Ercan. Or, sans diplôme, pas d'équivalence en France.

Cette année, aucune classe n'a donc été créée et les étudiants en cours de formation ont dû s'exiler en Turquie. « Les facultés de théologie des universités d'Istanbul et de Marmara, d'où provenaient les enseignants strasbourgeois, ont accepté de les accueillir », reprend Murat Ercan. « Heureusement, ils ne vont pas devoir repartir de zéro : leurs années de formation à Strasbourg vont être reconnues. » Sur place, les facultés confirment que les étudiants sont bien arrivés et s'apprêtent à commencer leur année universitaire.

Des pistes encore embryonnaires

A Hautepierre, la Ditib espère toujours régulariser la situation. « Nous avons trois pistes », avance Murat Ercan. « Nous pourrions par exemple nous lier à l’université Amadolu, qui propose des cours par correspondance. Autre possibilité : s'appuyer sur les relations entre les deux pays pour devenir une sorte de campus délocalisé d'une université turque. Enfin nous allons aussi réfléchir à signer une convention avec une université française. »

Mais il le reconnaît lui-même, ce ne sont que des idées qu'ils vont creuser dans les prochaines semaines. Aucun contact n'a été pris avec une université turque pour l'instant. Malgré les difficultés, il se dit optimiste à l'idée de reprendre les cours en septembre prochain. Mais quoi qu'il arrive, les étudiants déplacés en Turquie devraient y finir leur cursus. Ils seront partis d'Hautepierre aussi rapidement qu'ils y étaient arrivés.

Samuel Bleynie

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