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Des parents qui disent non

14 octobre 2013

A l’école élémentaire Eléonore, des cafés-débats sont organisés à la rentrée entre parents et équipe éducative. L’occasion de se retrouver pour discuter éducation et plaisanter autour d’un café.

8h30, vendredi matin, dans la salle des maîtres de l’école Eléonore. Sept mères d’élèves écoutent Sophie Ehret, la responsable du lieu d’accueil parents enfants La P’tite Mosaïque. Autour de la table se trouvent également trois membres du Rased (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) et Suna Yildiz, médiatrice scolaire et interculturelle de l’Astu. Le thème de la matinée : « Dire non à mon enfant : oui, mais comment ? ».

C’est le troisième et dernier café-débat de la rentrée, après des discussions sur l’alimentation et le langage : « La période de la rentrée sert à tisser du lien, explique Sophie Ehret. On multiplie les interpellations aux familles pour qu’elles osent venir nous voir. Ce n’est pas facile de mettre au regard des autres sa relation avec son enfant et l’école passe souvent pour donneuse de leçon… »

La discussion s’engage assez vite entre les mères et le personnel éducatif. Il y a du café, du thé et un börek au fromage à partager. Suna Yildiz traduit du français au turc et du turc au français pour les non-francophones : « Parfois, mon fils me dit que je n’ai rien à lui dire parce que je ne comprends pas le français et que je ne sais pas comment ça marche… », expose une mère de famille. « Vos enfants trouveront toujours quelque chose à vous reprocher. Je connais une mère qui n’est pas crédible aux yeux de son fils parce qu’elle ne maîtrise pas les cartes Pokémon ! », lui répond Sophie Ehret.

La discussion est animée et les mères exposent tour à tour leurs problèmes d’autorité et racontent des anecdotes sur leurs enfants. Alors que le café-débat s’achève, une des participantes avoue qu’on lui a déconseillé de venir, car ne parlant pas le français, elle serait comme « une vache qui regarde passer les trains ». « Il y a toute une négativité à déconstruire, explique Sophie Ehret. Les parents se disent que les enseignants vont critiquer leurs propres valeurs. Mais la parentalité, mise à mal par l’augmentation des situations de fragilité et d’isolement, doit être stimulée. C’est pour cela que l’école s’ouvre de plus en plus aux familles. »

Emmanuelle François

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