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Au marché du samedi, le tirage au sort fait la loi

04 octobre 2016

Marché du samedi à Hautepierre

Même quand il fait mauvais temps, le marché en plein air à Hautepierre attire beaucoup de monde. Photo: Peter Esser

Le marché du samedi à Hautepierre est un événement important pour la vie du quartier. Mais il n'y a pas de place pour tous les commerçants qui voudraient y mettre leurs stands. Un tirage au sort pour les emplacements restants est organisé chaque semaine, ce qui crée parfois des tensions.

A 7 heures, bien avant l'aube et sous une pluie légère, les vendeurs du marché du samedi sont en train d’installer leurs stands, place du Maillon à Hautepierre. Pourtant, tous les commerçants n’ont pas pu commencer à étaler leurs marchandises. Certains ne sont même pas sûrs de pouvoir le faire. Une quinzaine d’hommes vont participer à un tirage au sort pour l'attribution des places restantes.

Deux agents de la ville de Strasbourg appellent les participants. L'un après l’autre, ils s'avancent et plongent la main dans un sachet pour en tirer un numéro. Sur tous les marchés de Strasbourg, les places inoccupées s'accordent de cette façon. Le tirage se fait en deux tours avec deux listes différentes. La première liste, qui comporte les noms des marchands qui viennent régulièrement, donne droit à des emplacements plus favorables. Les commerçants dont le nom se trouve sur la deuxième liste ne sont pas sûrs d’avoir une place.

« Le marché à Hautepierre est très intéressant. Comme il y a peu de commerces dans le quartier, il est toujours très bien fréquenté », explique Driss Mdihi, président de l’Association des commerçants non-sédentaires de Strasbourg. Pourtant, il y a trois ans, la ville voulait supprimer ce marché du samedi. Suite à une pétition lancée par l'association et à plusieurs manifestations, la mairie s'est finalement décidée en faveur des commerçants. Et cet été, ils ont obtenu une augmentation du nombre de places fixes, de 90 à 120. « Il y a assez de demandes du côté des vendeurs et assez de clients. Il est donc dans l'intérêt général d'offrir un maximum d'emplacements », dit Driss Mdihi.

« On ne peut pas satisfaire tout le monde »

Ce samedi, lors du tirage au sort, plusieurs commerçants manquent à l'appel : à cause du mauvais temps, ils ont choisi de ne pas sortir leurs camionnettes. Mais il y a quand même plus de demandeurs que de places vacantes. Un jeune commerçant n’est visiblement pas content de son sort et demande avec fermeté à être mis sur la liste plus favorable. Il ne lâche pas et la tension monte. Quand l’un des agents de la ville en a assez de se faire insulter, il suspend le tirage au sort et appelle la police. Ce n’est que 20 minutes après, quand les policiers municipaux sont arrivés, que les opérations reprennent.

Le jeune commerçant doit rentrer chez lui ; il ne pourra pas vendre à Hautepierre aujourd’hui et c'est trop tard pour aller ailleurs. Les autres vendeurs sont surtout contents d’avoir eu plus de chance, mais il y a aussi ceux qui se montrent compréhensifs envers leur collègue : « Ça fait des mois qu’il vient ici et il est toujours sur la deuxième liste. Ce n’est pas juste », reconnaît un marchand qui préfère ne pas être identifié. « Ça semble dur, mais le tirage au sort est la meilleure solution. On ne peut pas satisfaire tout le monde », commente Driss Mdihi.

Peter Esser

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