11 octobre 2013
Deux fois par semaine, l’école élémentaire Eléonore accueille un cours de français destiné aux parents d’élèves. Une manière d’intégrer les parents d’origine étrangère à la vie de l’école, et de faciliter la réussite scolaire de leurs enfants.
Près de 8h30 ce jeudi à l’école élémentaire Eléonore. Dans le brouhaha, les écoliers trempés par la pluie battante rentrent en classe. Aujourd’hui, une dizaine de pères et de mères ne rentrent pas chez eux après avoir déposé leurs enfants. Ils restent à l’école pour assister à l’atelier « ouvrir l’école aux parents pour réussir leur intégration ». Derrière ce long intitulé se cache la volonté pour l’Education Nationale de mieux intégrer les parents étrangers à l’école par l’apprentissage du français.
Douze parents de tous les âges et de toutes les origines s’asseyent autour de la table. Parmi eux, seulement deux hommes. Dans la salle de classe habituellement réservée aux enfants, l’alphabet attaché au dessus du tableau menace de se décrocher pour de bon. « Bonjour à tous ! Avez-vous fait l’exercice que je vous ai donné au dernier cours ? », demande avec sourire et énergie Latica Lunka. C’est le premier poste de professeur de français de cette jeune femme rousse de 26 ans.
« Je m’appelle Adam »
Xhevdet, l’un des papas se lance: avec un accent d’Europe de l’Est, il donne le nom de ses enfants, leur classe et le nom de leurs professeurs. Pendant un bon quart d’heure, chacun décline ainsi son exercice, avec plus ou moins de facilités. Latica Lunka s’arrête sur des tournures de phrase ou des mots de vocabulaire : « En français, on utilise beaucoup d’abréviations, par exemple « fac » pour « faculté », « bac » pour « baccalauréat. » Tous notent le cours avec beaucoup d’attention dans leur cahier d’écolier. Une demi-douzaine de femmes d’origine turque se soufflent les réponses quand l’une d’elles est interrogée.
A la manière des écoliers, chaque parent a installé une petite affichette avec son prénom sur son bureau. « Il y a tellement d’origines différentes que j’ai du mal à retenir tous les prénoms ! », sourit la professeur, de nationalité croate et en France depuis seulement 7 ans.
« Les parents ont leur part de travail »
Pascale Kuntzmann, secrétaire du réseau de réussite scolaire Hautepierre-Erasme, l’organisme de l’Education nationale qui chapeaute les ateliers : « Dans cette école ainsi qu’à l’école Catherine, il y avait un vrai besoin : il y avait une forte population d’origine étrangère, et nous voulions favoriser les relations parents-enseignants. A l’école Eléonore, c’est la quatrième année que l’atelier a ouvert. Les mamans appréhendent moins la rencontre avec les professeurs, et participent plus souvent au sorties scolaires. D’une manière générale, elles comprennent mieux ce qu’on attend de leurs enfants à l’école. »
Martial Muller, directeur de l’établissement : « Ces cours permettent à la fois d’éviter des conflits avec les parents, dus à leur non compréhension du français, mais aussi de mieux les intégrer à la vie de l’école. Ce n’est plus comme dans le temps où les parents étaient mis en dehors de l’école. Aujourd’hui, l’école doit être un lieu où les parents sont acceptés et ont leur part de travail. C’est primordial. En dehors de la connaissance de la langue, les parents apprennent à s’asseoir à côté de leur enfant, à sortir leurs cahiers, les signer et regarder où ils en sont. »