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Comme une petite famille

08 octobre 2013

LEGENDE

Plusieurs femmes du quartier, parfois accompagnées de leur mari, se retrouvent chaque premier mardi du mois pour partager un petit déjeuner qu'organise le centre socio-culturel de Hautepierre.

Mardi 8 octobre, il est 8h30 et Hautepierre s'éveille doucement. Avenue Tolstoï, en face du centre socio-culturel, « la Passerelle » accueille tous les mois des habitants du quartier pour un petit déjeuner convivial : « C'est avant tout pour créer du lien », explique Laura Bergeret, salariée responsable du pôle adulte/famille du centre. Une table aménagée pour l'occasion incite à la conversation un groupe encore restreint de mères de familles. « Ça commence à s'agiter à partir de 9h », ajoute Laura avec un sourire. Brioche, confiture, pain, beurre, café, lait, chocolat et autant d'odeurs mélangées suffisent pour attirer progressivement les retardataires dans la petite salle de l'association de quartier. Des femmes, retraitées pour la plupart, viennent compléter le groupe des mères de famille. Très vite les conversations s'entremêlent de rires conviviaux.   

« Le monde à une table »   

Ce petit-déjeuner est aussi celui de la diversité. Italie, Inde, France, Afrique, Maghreb, une quinzaine de femmes et presque autant d'origines différentes. « On a le monde à une table », s'amuse Jeanne Locci, bénévole au centre socio-culturel. Beaucoup trouvent dans ces petits moments un moyen de s'évader de la monotonie des tours de béton environnantes. « Je viens depuis un peu plus de six mois. Mes enfants sont partis et je vis seule à la maille Jacqueline, confie Tchandra, ancienne employée d'une usine de câblage. Je profite de ces moments de rencontre pour discuter avec mes copines. On est comme une petite famille. » Laura acquiesce en bout de table : « Le quartier d’Hautepierre est jeune, mais certaines personnes âgées se retrouvent vraiment seules. On collabore avec le centre médico-social, juste en face. Ils nous préviennent quand ils rencontrent une personne esseulée. On essaye alors de les faire se rencontrer au travers des activités qu’on organise. »

Une occasion de discuter certes, mais surtout de malmener les clichés. Ces dames profitent de la matinée pour comparer leurs scores dans divers jeux vidéo auxquels elles s’adonnent sur internet. « J’ai battu mon record à Candy Crush, j’ai arrêté de jouer à 6h du matin, lance fièrement Rebecca, qui se définit comme l’« africaine » de la tablée. Quand il m’arrive d’être bloquée, je demande de l’aide à des amis canadiens que j’ai rencontrés en jouant. » 

 « Il ne reste plus rien »

Et si elles viennent partager un petit déjeuner à la “Passerelle”, c’est parce qu’elles ne peuvent pas le faire ailleurs et qu’internet ne suffit pas. Les commerces de proximité ont progressivement disparu dans le quartier. « A l’époque on avait un supermarché, un fleuriste, un coiffeur, un tabac, une banque… Aujourd’hui il ne reste plus rien », se désole Jeanne. Et quand on leur demande où on peut trouver un restaurant ou un traiteur, elles nous répondent de concert : « Nous aussi on se le demande. Il ne reste que le Auchan et puis… Table et culture ». Table et Culture, le restaurant associatif lui aussi géré par le centre socio-culturel, investit les lieux trois jours par semaine. L’unique autre rendez-vous pour partager un repas dans ce quartier.


 

Maxime Le Nagard

Gabriel Nedelec

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